Eglises d'Asie

Mindanao : les combats entre les forces gouvernementales et les guérilleros du Front Moro de libération islamique mettent en péril les négociations en cours

Publié le 18/03/2010




Alors que des négociations entre le gouvernement et le Front moro de libération islamique (FMLI), étaient prévues pour le 29 juin, de féroces combats ont opposé les deux parties pendant plus d’une semaine, du 16 au 26 juin, autour d’un camp d’entraînement du FMLI. Les forces gouvernementales l’ont emporté mais les observateurs s’accordent à penser que les chances de paix ont diminué.

Voilà déjà quelque temps que de brèves rencontres destinées à préparer de futures négociations de paix réunissent le gouvernement philippin et les représentants du Front moro de libération islamique, branche dissidente du Front moro qui, au mois de juin 1996, a refusé de s’associer aux accords de paix signés entre le gouvernement et le Front moro de libération nationale, mettant fin à 24 années de rébellion et créant un Etat musulman autonome dans le sud du pays. Malheureusement des hostilités, elles aussi intermittentes, ne cessent de mettre en péril les maigres résultats acquis au cours de ces rencontres.

Au mois d’avril dernier, une première tentative de conciliation avait échoué, les deux parties n’ayant pu s’accorder sur le positionnement de leurs troupes sur le terrain (7). De nouveaux entretiens à but exploratoire ont eu lieu le 17 juin. Les autorités gouvernementales y ont proposé de négocier un cessez-le-feu général avec les 10 000 guérilleros du FMLI. Malheureusement, le jour-même, quelques heures avant l’ouverture des entretiens, les hostilités ont repris. La veille, quelque 200 guérilleros du FMLI avaient pris en otages 43 experts de la firme philippine “National Oil Co”, dans la région de Cotabato, où ceux-ci effectuaient des recherches sismiques. Dès le lendemain, avec de grands moyens, l’armée a lancé une opération pour les récupérer. Une bataille a opposé les militaires philippins aux forces rebelles, au sud de la ville de Sultan Sa Barongis. Les otages ont été relâchés, mais huit membres des forces rebelles et un soldat des forces gouvernementales ont trouvé la mort. Par la suite, bien que le FMLI ait démenti être l’auteur de cet enlèvement, l’opération des troupes philippines, dans laquelle l’infanterie, l’artillerie et les forces aériennes ont été engagées, s’est poursuivie autour du camp de Rajamuda, un des plus grands centres d’entraînement du FMLI dans le pays, situé dans le village de Kabasalan, près de la ville de Pikit. Finalement, le 26 juin, après près d’une semaine de combats, l’armée philippine s’est emparée du camp tandis que les forces rebelles, au nombre de 6 000 prenaient la fuite. Selon les déclarations d’un officier chargé de l’information, les hostilités commencées le lundi 16 et terminées le 26 juin par la chute du camp de Rajamuda auraient fait 146 morts chez les guérilleros du Front et douze chez les forces gouvernementales. Près de 30 000 civils fuyant la zone des combats se sont réfugiés dans des camps ouverts dans les environs par la Croix-Rouge et le gouvernement.

Alors même que l’offensive se poursuivait autour de Rajamuda, un autre accrochage avait lieu à un autre endroit de l’île de Mindanao. Le 26 juin, les rebelles ont bloqué une portion de la route nationale entre Davao et Cotabato, près de la ville de Kabacan. Les 70 passagers d’un bus étaient gardés en otage. Lors du combat engagé par les militaires philippins pour les libérer, trois rebelles ont été tués et neuf personnes blessés. Beaucoup craignent que ces derniers événements dramatiques ne mettent en péril le processus de paix. La nouvelle série d’entretiens préliminaires qui avait été prévue pour le 29 juin a déjà été remise à plus tard. Dans une lettre envoyée à son interlocuteur gouvernemental avant même la chute du camp, le négociateur du FMLI, Ghazzzali Jaafar proposait une autre date et demandait aux militaires de mettre un terme à leur offensive, laissant aussi entendre que dans le cas contraire, le FMLI pourrait boycotter les négociations. Dans une déclaration ultérieure, il a ajouté: “L’atmosphère de paix est aujourd’hui absente de Mindanao. La guerre est revenue … Nous déciderons dans les jours qui viennent s’il faut, ou non, continuer les pourparlers”.