Eglises d'Asie

La hiérarchie catholique est divisée sur une amnistie éventuelle des deux anciens présidents

Publié le 18/03/2010




Le comité « Justice et paix » de l’archidiocèse de Kwangju s’oppose au mouvement interreligieux qui s’est constitué en vue d’obtenir l’amnistie de Chun Doo-hwan et de Roh Tae-woo, les deux anciens présidents reconnus coupables de mutinerie et de trahison. Le comité a déclaré, le 12 août, que le pardon de Chun et Roh était motivé par des « intérêts politiciens  » et visait à attirer les votes aux élections présidentielles de décembre, dans les régions dont sont originaires les deux hommes.

Le 18 juillet, en effet, une pétition signée par 2,7 millions de bouddhistes demandant l’amnistie avait été envoyée à Chongwadae, le bureau de la présidence de la Corée du Sud. Parmi les signataires de cette pétition organisée par les bouddhistes, on trouve l’ancien évêque de Suwon, maintenant retiré, Mgr. Angelo Kim Nam-sou, le Père jésuite Luc Park Hong, président de l’université jésuite Sogan à Séoul, et deux autorités protestantes, les Révérends Kang Won-Yong et Cho Yong-ki.

Chun et Roh ont été jugés en 1996 pour leur rôle dans le coup d’état militaire de 1979, la répression brutale des manifestants pro-démocrates à Kwangju en mai 1980 et la concussion. Le premier a été condamné à la prison à vie et le second à 17 ans de détention. La Cour suprême de Corée du Sud a confirmé les deux sentences en avril 1997.

Les partisans de l’amnistie présentent celle-ci comme une tentative de réconciliation nationale mais l’Eglise catholique de Kwangju n’est pas d’accord. « L’amnistie doit provenir d’un accord national et ne peut être un but en soi. Le plus important est de rétablir la vérité historique et accomplir une vraie réconciliation du peupledit le communiqué du comité « Justice et paix ». La vérité sur le massacre de Kwangju en 1980 n’a pas encore été établie, dit encore le comité. D’après celui-ci, les deux prisonniers n’ont donné aucun signe de repentir pour « leurs péchésEn mai, l’archevêque de Kwangju, Mgr Victorinus Youn Konh-Hi, s’est prononcé publiquement contre cette amnistie, disant qu’elle était contraire à « l’esprit de justice » et ne favoriserait pas la réconciliation nationale. Peu après, l’Association des avocats de Corée publiait, le 18 août, une résolution s’opposant, elle aussi, à cette amnistie.

Kim Dae-jung, candidat aux prochaines élections présidentielles, président du plus grand parti d’opposition, le « Congrès national pour une nouvelle politique« , et catholique, a précisé plusieurs fois qu’il ne s’opposerait pas à cette amnistie si quelques conditions étaient remplies. Cette proposition de Kim a été considérée comme une manoeuvre destinée à gagner les électeurs du sud-est de Taegu et de la province de Kyongsangbuk, dont sont originaires les deux anciens présidents.

Traditionnellement, le 15 août, anniversaire de la libération de la colonisation japonaise de 1945, est l’occasion d’une grande amnistie ou de l’élargissement de prisonniers sur parole. Cela se fait aussi à Noël et à la naissance de Bouddha. Cette année, le 15 août, le gouvernement a relâché 360 prisonniers de droit commun, mais pas les deux anciens présidents.