Eglises d'Asie

Les dirigeants chrétiens se réjouissent de l’élection du premier président “dalit” de l’histoire de l’Inde

Publié le 18/03/2010




Les dirigeants chrétiens de l’Inde ont unanimement salué l’élection de Kocheril Raman Narayanan comme président de l’Union indienne. C’est le premier dalit (intouchable) à accéder à ce poste. Les 5 000 membres des deux chambres du parlement fédéral et des assemblées de chacun des Etats de l’Union ont participé à son élection le 14 juillet 1997. Les résultats ont été connus dès le lendemain, et Narayanan a officiellement pris ses fonctions le 25 juillet, comme dixième président de l’Union indienne. Il a obtenu près de 95% des voix.

Les quatorze partis du Front uni au pouvoir à New Delhi, le parti du Congrès et le principal parti d’opposition, le BJP (Bharatiya Janata Party), avaient appelé à voter pour lui. Seul le Shiv Sena (Armée de Shiva), parti fondamentaliste hindou, avait appelé à voter pour T.N. Sheshan, qui appartient à la haute caste des brahmanes.

Mgr Pritam Santram, évêque de New Delhi pour l’Eglise (protestante) du Nord de l’Inde, a déclaré que Narayanan méritait cette promotion, “en dehors de toute considération de casteIl a estimé que l’Inde ne pouvait que se réjouir de l’élection “d’un homme de sa réputationau moment même où le pays célèbre ses cinquante ans d’indépendance.

De son côté, Mgr Joseph Powathil, archevêque de Changanacherry et président de la Conférence épiscopale catholique de l’Inde, a envoyé un message au nouveau président pour l’assurer “du soutien sans faille de l’Eglise catholiqueMgr Alan de Lastic, vice-président de la conférence épiscopale et archevêque de New Delhi, a affirmé que cette élection était “une bonne nouvelle pour les minorités du pays, la minorité chrétienne en particulierDécrivant Narayanan comme “très sympathique à la cause des chrétiensil a exprimé l’espoir que son élection contribuerait à faire avancer la cause des dalits chrétiens.

Le quotidien “Times of India” a salué lui aussi l’élection de Narayanan : “(Cette élection) manifeste qu’il est possible aux opprimés de ce pays d’arriver au sommet de la société. Elle récompense le parcours exemplaire de Narayanan au service de l’Etat

Kocheril Raman Narayanan, né dans la misérable hutte d’une famille dalit de l’Etat du Kerala, au sud de l’Inde, a commencé sa carrière comme professeur d’université avant de devenir journaliste. Il est ensuite entré dans la carrière diplomatique avant de s’intéresser à la politique. Il fut ambassadeur de l’Inde en Chine en 1976 au moment où les deux pays étaient en train de rétablir les relations diplomatiques rompues à la suite de la guerre de 1962. En 1980, il avait été nommé ambassadeur aux Etats-Unis.

A l’annonce de la candidature de Narayanan à la présidence de l’Union indienne, des groupes fondamentalistes hindous, dont le VHP (Vishwa Hindu Parishad), avaient fait campagne contre lui en l’accusant de faire partie d’une conspiration chrétienne destinée à faire de la présidence “un bastion chrétien” (5). Ses contacts avec des missionnaires chrétiens et son mariage à une chrétienne d’origine birmane étaient supposés apporter la preuve d’un sinistre complot.