Eglises d'Asie

Quatre assassinats d’ecclésiastiques restent sans explication après de nombreux mois d’enquête

Publié le 18/03/2010




Depuis l’an dernier, quatre ecclésiastiques, dont deux appartiennent au clergé catholique, ont été tués en diverses provinces du pays. Jusqu’ici, aucun des crimes n’a été élucidé et les responsables religieux commencent à exprimer leur impatience et leur mécontentement devant la lenteur et l’inefficacité des recherches entreprises par les autorités sur ces meurtres.

Aucun progrès n’a été réalisé dans l’enquête concernant le meurtre de Mgr Benjamin de Jésus, évêque de Jolo, assassiné le 4 février dernier devant sa cathédrale, Notre-Dame du Mont Carmel (15). Interrogé à ce sujet, le P. Filadelfo Estrella, supérieur provincial des Oblats de Marie, congrégation à laquelle appartenait l’évêque défunt, s’est montré assez amer. Selon lui, le 18 juin dernier, le président Ramos avait ordonné à l’équipe policière s’occupant de l’affaire de lui faire parvenir un rapport sur l’avancement de l’enquête. Pourtant, le religieux oblat n’a encore rien reçu. A une question posée par des journalistes, le secrétaire d’Etat à la Justice a répondu qu’aucun rapport n’avait été envoyé au P. Estrella parce qu’aucun élément nouveau ne s’était fait jour dans cette affaire. Il est probable que quatre bandits armés sont impliqués dans le meurtre, mais il n’existe aucune preuve et aucun témoin pour appuyer cette hypothèse. Par ailleurs, le provincial des Oblats s’est opposé à l’exhumation du corps du défunt, demandée par le secrétaire d’Etat à la Justice, pour vérifier l’hypothèse des quatre assassins.

L’obscurité la plus complète règne aussi sur les circonstances de l’assassinat du P.Jesus Palileo, prêtre du diocèse de Imus, trouvé mort dans une rizière, à l’âge de 32 ans, atteint de trente blessures sur la poitrine, les bras et le dos. La mère du prêtre assassiné affirme que la police n’a rien fait pour parvenir à la vérité. Le vicaire général du diocèse a révélé que deux prêtres ont mené une enquête séparée sur l’affaire. Ils ne livreront pas les informations recueillies par peur de mettre en danger la vie de leurs sources et la leur. Cependant, selon les autorités religieuses du diocèse, il est probable que le P. Palileo, responsable de l’apostolat des jeunes dans le diocèse, a été tué pour avoir voulu protéger les jeunes dont il avait la charge d’un trafic de drogue mis en oeuvre ou, du moins, favorisé par les autorités locales.

Les dirigeants de l’Eglise épiscopalienne des Philippines attendent, eux aussi, des explications au sujet de l’assassinat d’un prêtre et d’un diacre appartenant à leur Eglise.

Le diacre, Marcos Dorgay, d’une province montagneuse au nord des Philippines, a été tué le 29 mai 1997, juste avant son installation comme responsable de village. Selon des rapports recueillis à Manille, il aurait été tué par un puissant clan politique de la région. Mais, selon l’avocat de l’Eglise épiscopalienne, personne dans la population n’ose s’avancer de peur d’être la prochaine victime. Le secrétaire d’Etat à la Justice a bien promis l’assistance du gouvernement pour la personne qui voudrait témoigner. Mais celle-ci devra accomplir un voyage de 7 jours avant de rencontrer le Secrétaire d’Etat à Manille, période au cours de laquelle sa sécurité ne sera pas assurée. Le prêtre épiscopalien, le P. Ernesto Gordo, avait disparu en septembre 1996. Son corps carbonisé a été retrouvé, enterré peu profond avec deux autres cadavres, dans la région de Upi à 880 km au sud-est de Manille.

Ni les militaires, ni la police locale, ni le Bureau national d’investigation ne sont encore capables de désigner un des suspects ou d’échafauder une quelconque hypothèse sur les motivations qui ont conduit à ces deux assassinats.