Eglises d'Asie

49 chefs hindous sont inculpés pour la destruction de la mosquée d’Ayodhya en 1992

Publié le 18/03/2010




Le 9 septembre 1997, un tribunal a officiellement inculpé 49 hommes politiques et dirigeants religieux hindous pour avoir participé à la destruction de la mosquée d’Ayodhya en décembre 1992 (2). Ils sont accusés de conspiration criminelle, trouble à l’ordre public, incitation à la haine religieuse, dégradation d’un lieu de culte et d’offense à l’encontre des sentiments religieux d’une partie de la population.

Parmi les inculpés, on trouve Lal Krishna Advani, président du Bharatiya Janata Party (BJP), principal parti d’opposition du pays, et Bal Thackeray, chef du parti Shiv Sena (Armée de Shiva) qui gouverne la ville de Bombay. Ces deux partis politiques sont connus pour leur hindouisme militant et leurs liens avec des organisations extrémistes comme le Vishwa Hindu Parishad (VHP) et le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) qui militent ouvertement pour l’hindouisation complète de l’Inde.

Plusieurs autres personnalités du BJP, comme Murli Manohar Joshi, Kalyan Singh, Vije Raje Scindia, et du VHP, comme Ashok Singhal et Acharya Giriraj Kishore, ont été inculpés aussi. Le juge, J.P. Shrivastava, leur a demandé de se présenter au tribunal de la ville de Lucknow, le 17 octobre 1997.

Le 6 décembre 1992, des milliers d’hindous fanatisés avaient répondu à l’appel du VHP et du BJP et s’étaient rassemblés à Ayodhya pour y détruire une mosquée du XVIè siècle, symbole à leurs yeux de la domination musulmane. L’empereur mogol de l’époque l’avait élevée, disent-ils, à la place d’un temple hindou dédié au dieu Rama. L’incident avait provoqué à travers tout le pays plusieurs journées de heurts violents entre hindous et musulmans qui avaient fait plus de deux mille morts.

Acharya Giriraj Kishore, du VHP, qui fait partie des inculpés, n’éprouve pourtant aucun remords : “Ce que nous avons fait en décembre 1992 n’était ni une erreur ni un crime“, a-t-il déclaré à l’AFP. “En fait, je suis fier d’avoir lavé une humiliation nationale

Dès le 10 septembre, les dirigeants du BJP ont eux aussi réagi contre la décision du tribunal. Leur porte-parole, Yashwant Sinha, a déclaré : “L’épisode d’Ayodhya fait partie d’un vaste mouvement social, politique et culturel. Le fait de choisir quelques personnes sur les milliers qui étaient présentes ce jour-là à Ayodhya manifeste que le gouvernement a des arrière-pensées politiques. Nous ne voulons pas jeter la suspicion sur les tribunaux parce que ceux-ci travaillent sur les preuves fournies par la police. Par contre, la police s’est certainement comportée de manière partisane. Le BJP a toujours pensé et pense encore que les événements d’Ayodhya se sont produits de manière spontanée dans l’excitation du moment… Le BJP n’a pas conspiré en vue de détruire la mosquée”.

Contrairement au BJP, presque tous les autres partis politiques indiens ont salué la décision du tribunal. C’est ainsi que le porte-parole du parti du Congrès, Vithal Gadgil, a déclaré : “Une action est enfin menée pour que justice soit faite en ce qui concerne le pire crime du siècleGadgil a ajouté que “certains des inculpés ont justifié la destruction du temple et d’autres en ont même fait un titre de gloire

L’Inde est très majoritairement de religion hindoue, mais les musulmans qui sont au nombre de 125 millions forment environ 12% de la population.

(2)EDA 145, 146, 148, 150