Eglises d'Asie

Dans le diocèse de Xuân Lôc, les autorités civiles prononcent la dissolution de la plupart des associations et mouvements chrétiens

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Dông Nai, depuis le mois d’avril 1997, un conflit grave oppose le gouvernement local aux dirigeants et aux fidèles du diocèse de Xuan Loc, qui forment la plus forte concentration de catholiques du Vietnam, une majorité d’entre eux étant venue du Nord après les accords de Genève de 1954. Au mois d’août, la tension et le mécontentement au sein de la population étaient tels que le bureau politique a envoyé dans le diocèse, un de ses membres, Pham The Duyêt, responsable du Bureau d’action populaire (agitprop), le même qui a été envoyé en médiateur à Thai Binh. Il y a rencontré les deux évêques du diocèse, Mgr Nguyên Minh Nhât et son coadjuteur, Mgr Nguyên Van Trâm, le vicaire général et quelques prêtres. Selon les témoignages reçus, le dialogue a été fort courtois et irénique.

Le conflit avait commencé avec la publication, par l’évêché du diocèse de Xuân Lôc, d’une brochure intitulée “Orientations pour les activités des conseils paroissiaux”. Un mois plus tard, le Comité populaire provincial du Dông Nai envoyait une circulaire contenant un certain nombre de remarques et de directives destinées aux comités de districts. Il y était indiqué que la brochure de l’évêché avait été publiée sans permission gouvernementale et qu’elle contenait des directives en contradiction avec la réglementation actuelle de l’Etat en matière d’associations en général et de groupements religieux en particulier. On reprochait à l’évêque de réorganiser son diocèse en opposition à la loi, aux directives de l’ancien évêque, Mgr Lang, à celles de la lettre commune des évêques en 1981, ainsi qu’aux engagements pris par Mgr Nhât en ce domaine devant les autorités de l’Etat.

Plus concrètement, la lettre accuse l’évêque de Xuân Lôc d’être à l’origine de la restauration, sous des formes différentes, de mouvements religieux qualifiés d’illégaux, tels que l’alliance du sacré coeur, la fraternité dominicaine, la légion de Marie, l’association des chefs de famille, des mères chrétiennes, la croisade eucharistique, etc. De plus, le diocèse, comme les paroisses, aurait été structuré par l’évêque en divers milieux : le milieu adulte, le milieu de l’enfance, garçons et filles, le milieu de l’adolescence. Chacun d’entre eux aurait été placé sous la responsabilité d’un comité directeur présidé par un prêtre ou un laïc. Dans l’organigramme de la paroisse et du diocèse, toute cette organisation comprenant les milieux et les mouvements serait directement rattachée au Conseil paroissial. La lettre conclut que cette nouvelle organisation n’a pas sa place dans la cadre de la pratique religieuse ordinaire.

Pour parer à ce qui est considéré comme une très grave déviation, la lettre du comité provincial annonçait un certain nombre de mesures. La plus importante d’entre elles prononçait la dissolution de tous les mouvements, de toutes les organisations de milieu, à l’exception de la chorale, de la fanfare et de l’association des personnes âgées chargées de prier pour les malades et les défunts. Les conseils paroissiaux ne pourront compter plus de 9 membres et devront se consacrer à aider les prêtres dans le domaine liturgique. L’archevêché du diocèse de Xuân Lôc qui est considéré comme directement responsable de cette nouvelle organisation, devra lui-même dissoudre les mouvements et les institutions illégales. Les autorités civiles devront contrôler que les mesures demandées par le Comité populaire provincial sont véritablement appliquées.

Ces mesures ont provoqué une très forte émotion aussi bien chez les prêtres que chez les laïcs qui, selon un témoin, ont fait connaître leur mécontentement en public. Lors de la récente rencontre du directeur du Bureau d’action populaire avec les dirigeants religieux du diocèse, celui-ci s’est efforcé d’apaiser les esprits et a fait savoir que l’Etat souhaitait un dialogue pacifique entre les deux parties. Il semble que, durant la réunion, des questions importantes aient été abordées. La partie catholique a demandé avec fermeté que les mesures adoptées par les autorités locales à l’encontre de la réorganisation du diocèse soient définitivement abandonnées et oubliées. On a aussi abordé le problème posé par les manifestations publiques destinées à préparer l’année sainte de l’an 2000. Enfin, il a été question du contrôle que le pouvoir civil voudrait exercer sur le financement du chantier de construction du centre marial de Bai Dâu (14), près de Vung Tau, dont les travaux ont été interrompus sur ordre du pouvoir central.