Eglises d'Asie

Hongkong: nouveau flux de boat-people vietnamiens à la recherche d’un emploi

Publié le 18/03/2010




C’est une nouvelle génération de boat-people vietnamiens qui, aujourd’hui, débarque clandestinement à Hongkong sur les plages désertes à la faveur de l’obscurité, depuis de vieux cargos rouillés ou de fragiles bateaux à moteur. Des villages abandonnés envahis par la végétation tropicale de l’île de Lantau leur servent habituellement de refuges. Mais leur séjour est généralement abrégé par des policiers habillés de kaki, qui, en permanence, contrôlent l’identité des passagers dans les ferry reliant Lantau aux autres parties du territoire ou dans les bus circulant sur cette île, la plus étendue du territoire. “Ils continueront à venir tant qu’ils penseront qu’il y a une quantité d’argent à gagner à Hongkongpensent les policiers chargés de les débusquer. Déjà, à Hongkong, on a cessé d’espérer que le problème des boat-people vietnamiens puisse être réglé par le seul rapatriement accéléré de ceux qui, au cours des années passées, se sont accumulés dans les camps de détention.

Plus de 1 400 vietnamiens ont été arrêtés depuis janvier 1997. Il n’y en avait eu que 1038 pour toute l’année précédente. Seuls, quelques-uns d’entre eux, ont officiellement demandé l’asile politique. Les autres cherchaient du travail. Il y a deux décennies, la victoire communiste au Vietnam avait déclenché un flot de réfugiés s’aventurant en mer sur des embarcations de fortune. Aujourd’hui, Hongkong est encore le lieu de destination d’un nouveau flux de migrants qui, cette fois-ci, ne fuient plus la persécution politique, mais sont à la recherche d’un emploi.

Lantau, une île encore peu développée, est le lieu de leur destination. Des dizaines de milliers de travailleurs sont en train d’y construire le nouvel aéroport de Hongkong, Chek Lap Kok, sur les terres asséchées du nord de l’île, un chantier qui constitue un puissant attrait pour les travailleurs migrants. Des centaines de chemins s’entrecroisent sur les montagnes et dans les forêts de l’île, un lieu idéal pour ceux qui veulent se camoufler. L’immense chantier de construction de Chek Lap Kok avec tout son ensemble de baraquements est un monde à part, difficile à contrôler par la police. Les chercheurs d’emploi clandestins s’y fondent facilement dans le paysage. Un porte-parole des autorités du futur aéroport a fait remarquer qu’il était impossible de contrôler absolument une superficie qui a 16 km de longueur. Il a cependant ajouté que la collaboration avec la police et les services d’immigration en matière de sécurité était intensifiée et que les responsables avaient averti les entreprises qu’elles seraient sérieusement punies si elles engageaient des travailleurs illégaux.

Les travailleurs migrants donnent beaucoup de souci aux autorités de Hongkong qui doivent régler le problème des 140 000 employées de maison originaires des Philippines et subir de fortes pressions visant à leur faire accepter de la main-d’oeuvre de la Chine continentale. Cette nervosité explique peut-être l’inutile chasse à l’homme lancée récemment dans l’île de Lantau à la recherche de 600 chercheurs d’emploi qui selon un renseignement qui s’est révélé faux, y avaient débarqué. Par contre, le 11 septembre 1997, ce sont 59 migrants illégaux qui ont été arrêtés le même jour, après s’être introduits clandestinement sur l’île.

C’est en réalité la pauvreté et le non-emploi (30 % à la campagne) qui lancent à nouveau ces Vietnamiens vers Hongkong. Eux qui viennent d’un pays où, en dépit de 10 ans de réformes économiques, le revenu moyen annuel par habitant ne dépasse pas 275 dollars US, pensent pouvoir gagner sur les chantiers de construction du territoire l’équivalent de 130 dollars US (1 000 dollars HK) par mois. La perspective de pouvoir revenir au Vietnam au bout de quelque temps avec quelques milliers de dollars est très tentante pour les Nord-Vietnamiens qui, depuis la côte de Quang Ninh, n’ont qu’un trajet court et facile pour parvenir jusqu’au large de Hongkong. Cette nouvelle catégorie de boat-people n’est pas la bienvenue sur le territoire. Le nouveau conseil législatif vient d’adopter une motion qui est loin d’être en leur faveur (19). Même l’inlassable défenseur des droits des réfugiés vietnamiens, l’avocat Pam Baker, laisse entendre que les nouveaux arrivés ne peuvent plus être considérés comme des réfugiés politiques. Elle propose qu’un accord soit passé entre la Chine et le Vietnam pour les renvoyer automatiquement chez eux comme c’est déjà le cas aujourd’hui pour les migrants venus du continent chinois.