Eglises d'Asie

La pauvreté régresse rapidement en Asie orientale, mais les inégalités subsistent entre les pays et à l’intérieur des pays

Publié le 18/03/2010




Un récent rapport de la Banque mondiale, paru le 28 août dernier, vient de porter un jugement contrasté sur la situation économique actuelle des pays d’Asie. Il y est, en effet, affirmé que la pauvreté a régressé en Asie plus rapidement qu’ailleurs dans le monde, grâce à une forte croissance économique. Cependant, près d’un milliard de personnes, de la Mongolie jusqu’à l’Inde, vivent encore avec moins d’un dollar par jour, ce qui signifie un difficile accès à l’eau potable et à l’hygiène élémentaire, un seul repas par jour, l’absence d’écoles, un taux élevé de mortalité enfantine et une espérance de vie très réduite.

Le rapport considère que la pauvreté a été pratiquement éliminée de toute une partie de l’Asie : c’est en particulier le cas pour les dragons d’Asie comme Hongkong, la Corée du sud, Singapour et Taïwan. Elle a aussi diminué significativement en Indonésie et en Thaïlande. Un des membres de l’équipe rédactionnelle de la Banque mondiale, Michaël Walton, a fait remarquer que ce déclin de la pauvreté est, sans doute, tout à fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Vers le milieu des années 1970, en Asie orientale, six ménages sur dix vivaient dans la pauvreté absolue. Au milieu des années 90, cette proportion est passée à deux sur dix.

Cette constatation généralement admise par les experts est cependant accompagnée de nombreuses réserves. On fait remarquer par exemple qu’il subsiste de sérieuses inégalités. Certains groupes humains, bien souvent des minorités ethniques, restent en marge du processus de croissance ou avancent à un rythme beaucoup plus lent que la classe moyenne. Même dans les économies de pointe, il existe un écart considérable de niveau de vie entre ouvriers qualifiés et non qualifiés. D’autres commentateurs, comme un sociologue de l’Oxfam, Veena Siddarth, considèrent que les succès dans la réduction de la pauvreté ont été obtenus par certains pays d’Asie en utilisant les pauvres comme producteurs de richesses mais sans que ceux-ci en profitent. Un expert américain des questions asiatiques recommande la prudence. L’actuelle diminution de la pauvreté est certes étonnante, dit-il, mais il n’est pas sûr que le phénomène soit destiné à durer. Certains pays ayant fait l’expérience d’une croissance rapide peuvent ensuite faire des erreurs. L’expert cite la croissance économique du Japon dans les années 60 et 70 suivie d’un ralentissement dans les années 80.

Déjà, en effet, certains voient dans l’actuelle turbulence des échanges et marchés financiers des pays de l’Asie du Sud-Est, le signe que les progrès effectués dans la réduction de la pauvreté sont en train de ralentir. Pour le directeur de la Banque mondiale, Guatam Kaji, qui a présenté ce rapport, il est encore bien trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur ce sujet. Mais il est possible de tirer des leçons des faits recueillis dans le rapport. “Les gouvernements doivent prendre conscience que la croissance économique et la réduction de la pauvreté ne sont obtenus qu’en associant une politique économique et monétaire rigoureuse à des investissements de capitaux humains importants“, a-t-il déclaré. Il a souligné l’importance de ces derniers et montré que le classement des pays pauvres en Asie peut être réalisé à partir de la place donnée par eux à l’éducation.

A côté des pays ayant largement dépassé le stade de la pauvreté, il existe en Asie du Sud-Est d’autres régions encore aux prises avec la pénurie et le dénuement, mais qui bénéficient d’une économie en pleine croissance comme le Cambodge, la Chine, le Vietnam, la Mongolie. La pauvreté règne encore dans certaines zones, comme l’intérieur de la Chine continentale, le nord-est de la Thaïlande, les îles orientales de l’Indonésie. Dans un rapport séparé consacré à l’Inde, la Banque mondiale prévoit que si ce pays conserve son taux annuel de croissance de 6 à 7 % et que la distribution des revenus reste au niveau actuel, la pauvreté qui touche aujourd’hui 35 % de la population pourrait n’en concerner que 6,3 % dans huit ans.