Eglises d'Asie

Après intervention du Vatican, trois théologiens coréens sont interdits de publication par la Conférence épiscopale

Publié le 18/03/2010




La conférence épiscopale coréenne a fait savoir que trois théologiens du pays seraient dorénavant empêchés de contribuer aux publications officielles de l’Eglise coréenne. Les trois hommes ont été cités dans une lettre du 16 mai 1997 envoyée aux évêques par le Vatican et dans laquelle le cardinal Tomko « invite » les évêques à « être vigilants afin que la doctrine soit fidèlement enseignée, en particulier dans les facultés de théologie des universités catholiques et dans les revues catholiques où elle est divulguée

C’est à la suite de cette lettre que la conférence épiscopale a décidé que les Pères Jean Sye Kong-seok, du diocèse de Pusan, Paul Cheong Yang-mo, du diocèse d’Andong, et Edouard Ri Je-min, du diocèse de Masan, ne pourraient plus écrire dans les publications officielles de l’Eglise. Les trois prêtres ont déclaré avoir reçu une copie de cette lettre du cardinal Tomko qui les cite comme défendant des vues « qui ne sont pas conformes à la doctrine catholique

Selon les trois prêtres, la conférence épiscopale ne les a pas invités à discuter les questions soulevées par le Vatican et ne les a pas officiellement informés qu’ils ne pouvaient plus collaborer aux revues « Samok » et « Kyonghyang-JabjiLe 29 août 1997, le P. Jean Kim Jong-su, secrétaire général de la conférence épiscopale, a cependant confirmé l’interdiction faite aux trois prêtres de contribuer aux publications mentionnées. Il a expliqué que la décision avait été prise à une réunion du conseil permanent de la conférence épiscopale, le 2 juillet, « parce que les opinions exprimées dans ces revues peuvent être considérées comme les opinions de la conférence épiscopale elle-même

Dans la lettre envoyée par le Vatican aux évêques coréens, les trois théologiens étaient mis en cause sur les questions concernant la relation entre l’Eglise universelle et les Eglises particulières, le sacerdoce et les femmes, le célibat des prêtres, l’évangélisation et l’inculturation : « Certains éléments des enseignements concernant ces questions révèlent une conception erronée du sacerdoce et de la démocratie dans l’Eglise ; ces erreurs sont d’autant plus graves qu’elles peuvent avoir des effets négatifs sur la formation en cours dans les séminaires

L’un des articles cités par la lettre du Vatican est signé du P. Jean Sye, dans la revue « Samok » de février 1997. Le théologien a cependant affirmé, le 25 août, que son article ne touche aucune des questions théologiques mentionnées par le Vatican : « De toute façon, le comportement moyenâgeux du Vatican pourrait bien n’avoir aucune conséquence concrète car il y aura beaucoup d’invitations à écrire dans d’autres revues catholiquesLe P. Jean Sye est ancien vicaire général du diocèse de Pusan.

Le P. Cheong note de son côté qu’aucune question concrète n’a été soulevée en ce qui concerne ses interventions et ses conférences dans « différents symposiumsIl ajoute que « il n’est pas concerné par ce qu’ils disent ou décident

Quant au P. Ri, dont le livre « Eglise, casta meretrix », est cité dans la lettre du Vatican, il affirme que ses opinions sont dans la ligne de celles des Pères de l’Eglise qui ont développé l’idée de« casta meretrix » (chaste prostituée).

Au nom de la Congrégation romaine pour le clergé, la lettre invite aussi les évêques coréens à publier une traduction fidèle du « Directoire sur la vie et le ministère des prêtres ». Le P. Kim, au nom de la conférence épiscopale coréenne, a précisé que ce directoire avait déjà été traduit et publié en 1994.