Eglises d'Asie

Dans la cathédrale de Tôkyô, une messe solennelle a été célébrée à la mémoire d’un moine bouddhiste musicien

Publié le 18/03/2010




C’est dans une cathédrale remplie de monde, que, le 7 septembre, une messe solennelle a été célébrée à Tôkyô à la mémoire d’un moine bouddhiste récemment décédé, le vénérable Akimaro Watanabe (65 ans), supérieur du temple de Seikyusan Hoju de la secte Shinshu, à 600 km au nord-est de la capitale.

Cette messe chantée avait été organisée par son ami, le célèbre compositeur de chants liturgiques, le catholique Saburo Takata, (83 ans), qui a dirigé pour l’occasion le choeur Arakawa de jeunes garçons et filles, fondé par ce moine en 1965. Participaient également les choristes du Choro Sophia de Tôkyô et du choeur Neuhoff de Kamaishi.

Il y a plus de trente ans, à la demande du Comité épiscopal de liturgie et dans la ligne de Vatican II, Saburo Takata avait entrepris de composer des chants liturgiques. A la même époque, le vénérable Watanabe, spécialiste du bouddhisme primitif et de la philosophie indienne enseignait l’anglais aux enfants de l’institut d’éducation surveillée Award à Tôkyô, et fondait pour eux le choeur Arakawa. Il avait demandé à Saburo Takata de lui composer quelques pièces. Takata répondit d’abord par une fin de non recevoir. “Par principe il ne composait pas pour les enfantsdisait-il. La ténacité du moine eut pourtant raison du compositeur. Commença alors une étroite collaboration. Akimaro Watanabe, passionné de musique religieuse et grand admirateur des chants liturgiques de Saburo Takata ne manquait jamais au cours des récitals donné par son choeur d’enfants de leur faire chanter, même dans son propre temple, les compositions de son ami catholique.

En interprétant des chants liturgiques de Saburo Takata, ces jeunes chanteurs, non chrétiens comme leur directeur, ont beaucoup contribué à la naissance d’une musique liturgique catholique authentiquement japonaise. Ils ont donné de nombreux récitals non seulement dans les communautés paroissiales du Japon mais aussi dans la cathédrale de Tôkyô, et même au Vatican devant le Pape Jean-Paul II en 1995.

Saburo Takata a confié que ce qui l’avait le plus ému chez son ami moine bouddhiste était la passion qui l’animait pour former le coeur et l’esprit de ses jeunes élèves par la musique. Dans son homélie, le Père Hisashi Kanaï a rappelé ce que disait le vénérable Watanabe lui-même : “J’aime beaucoup Shinran parce que je suis moine de la secte Shinshu fondée par lui. Mais j’aime aussi Jésus-Christ. Shinran et le Christ se mêlent dans la même prière

Saburo Tahata est l’initiateur d’une tradition de musique liturgique catholique, spécifiquement japonaise, fait rare en Asie où les adaptations de cantiques occidentaux sont nombreuses. Les compositions sur des versets bibliques de Saburo Tanaka mêlent savamment musique traditionnelle et musique occidentale. D’une très haute qualité musicale, elles sont chantées de façon habituelle le dimanche dans toutes les paroisses du Japon.