Eglises d'Asie

La mobilisation a été générale dans tout le pays pour les manifestations du 21 septembre

Publié le 18/03/2010




Partout aux Philippines, le dimanche 21 septembre, jour anniversaire de la proclamation de la loi martiale par le président Marcos, les foules se sont pressées nombreuses aux manifestations organisées sous la houlette de l’Eglise catholique et avec le soutien du parti de Corazon Aquino pour s’opposer à la reconduction du mandat du président Fidel Ramos et à toute modification de la constitution avant les prochaines élections.

A Manille où avait lieu la manifestation principale, 600 000 personnes, selon les estimations de la police, se sont rassemblées l’après-midi du dimanche, dans le vieux Manille où le cardinal Sin a célébré une messe, entouré de 800 prêtres et d’une dizaine d’évêques. L’ancienne présidente, Cory Aquino, a prononcé un discours. La couleur jaune, couleur de la protestation aux Philippines, était dominante non seulement dans la décoration des lieux, mais aussi dans l’habillement des manifestants. Malgré la découverte et le désamorçage d’une bombe artisanale, rien n’est venu troubler le bon ordre de la manifestation, contrôlée de près par des forces policières omniprésentes, ce qui a permis au président Ramos de déclarer, en bon perdant, que “la tenue de cette manifestation est la preuve que la démocratie est très vivante en notre pays”.

Un peu partout dans le pays, des rassemblements ont eu lieu à l’appel des dirigeants de l’Eglise catholique. En beaucoup d’endroits, on en a profité pour mettre en lumière des revendications et des problèmes régionaux, sans lien direct avec l’objectif principal des manifestations. Dans le Mindanao ouest, à Ozamiz, se sont rassemblés plus de 2 000 manifestants venant des divers diocèse de la région, Dipolog, Pagadian, Iligan, ainsi que de Marawi. Au cours du rassemblement, l’évêque de Dipolog a déclaré que la solution d’un certain nombre de problèmes de la région avait un caractère beaucoup plus urgent que le changement de constitution réclamé par le président pour se maintenir au pouvoir. Il a cité le trafic de drogues, les dommages causés à l’environnement par l’exploitation minière et certaines lignes politiques gouvernementales. Dans le Mindanao Sud, à General Santos, ce sont 10 000 personnes qui ont participé à la manifestation animée par l’évêque de Marbel et deux membres du Congrès. Les orateurs ont mis en cause non seulement l’éventuel second mandat du président Ramos, mais aussi la récente création, par ce dernier, du Conseil des Philippines du sud pour la paix et le développement (5), qui, selon le membre du Congrès, Napatalia Salia, a ouvert les ressources des provinces du Mindanao à la convoitise des capitalistes étrangers au détriment de la population locale. Dans le pays, la mobilisation a été générale. A l’appel des évêques de la région, 100 000 personnes, chrétiennes et musulmanes, ont répondu à Davao, dans le Mindanao oriental, 150 000 à Cebu, etc.

Devant cette mobilisation générale, le président Fidel Ramos s’est efforcé de faire bonne figure et a réagi sans amertume. Dans la soirée du dimanche, il déclarait: “La maison Philippines ne brûle pas … et le message donné à tous est que la nation n’est pas en crise” (6La veille de la manifestation, de retour d’une tournée en Europe, il avait affirmé qu’il ne briguerait pas un second mandat au prochain scrutin présidentiel et qu’un éventuel amendement à la constitution ne pourrait avoir lieu qu’après les élections de 1998. Le lendemain matin, dans un discours public, il avait confirmé les mêmes intentions.