Eglises d'Asie

Après les émeutes de Ujung Pandang, les dirigeants des Eglises chrétiennes se sont faits représentants de leurs communautés auprès des autorités civiles

Publié le 18/03/2010




Selon un rapport rédigé par un ecclésiastique vivant sur place, les trois jours d’émeute qui, du 15 au 17 septembre, ont agité Ujung Pandang, la capitale du Sulawesi-Sud (Célèbes) ont été particulièrement meurtriers et dévastateurs. Les statistiques établies par les autorités locales font état de cinq morts, treize blessés, 1 471 magasins endommagés dont 15 incendiés, 40 institutions scolaires partiellement détruites, 13 incendiées, etc. Trois lieux de cultes ont aussi souffert de la violence des émeutiers : une pagode bouddhiste a été incendiée ; une église catholique et un temple protestant ont subi de sérieux dégâts.

Les troubles ont été déclenchés par un incident survenu dans les rues de la ville. En fin d’après-midi, le 15 septembre, une jeune musulmane de 9 ans, sortant de l’école coranique, a été agressée et poignardée par un déséquilibré de 23 ans en traitement à l’hôpital psychiatrique de la ville. Alertée par les cris de la petite fille, la foule s’est précipité sur l’agresseur, l’a désarmé et rossé de coups. La police étant intervenu pour défendre le jeune homme, la foule s’est alors retournée contre la maison de ce dernier et a commencé à saccager des boutiques chinoises, nombreuses à cet endroit. Le lendemain, les troubles ont continué, plus brutaux encore, avec la participation des étudiants. La foule a parcouru les principales artères de la ville. Laissant de côté les bâtiments portant un signe faisant reconnaître un propriétaire musulman, les émeutiers s’en sont surtout pris à tout ce qui appartenait à des chinois.

En certains endroits, la colère des émeutiers s’est tournée contre les chrétiens et, à côté des cris « A bas les Chinois on a aussi pu entendre : « A bas les chrétiens ! » et « A bas l’Eglise catholique Au lendemain des émeutes, les milieux catholiques déploraient une église et huit écoles sérieusement endommagées ainsi qu’un hôpital légèrement touché.

Au deuxième jour de l’émeute, la présence dissuasive de soldats et de policiers, les appels au calme des autorités civiles et militaires sont restés impuissants à arrêter la fureur dévastatrice de la foule. Ce n’est que dans l’après midi du 17 septembre que les troubles ont pris fin.

Les Eglises chrétiennes ont réagi immédiatement aux événements qui ont endeuillé Ujung Pandang. Dès le 17 septembre, les dirigeants de toutes les Eglises chrétiennes de la ville écrivaient ensemble une lettre pastorale oecuménique, qui fut lu le dimanche suivant dans toutes les églises. Elle incitait au calme et à la solidarité. Le 19 septembre, l’archevêque catholique, Mgr Liku-Ada, s’adressait personnellement à ses fidèles et demandait à ses prêtres de se tenir proches de tous ceux qui avaient souffert au cours des émeutes. En compagnie des autres dirigeants chrétiens, il a aussi rencontré le chef de la région militaire à qui il a fait part des graves questions que lui inspiraient les récents événements. Au nom des tous les dirigeants chrétiens, l’archevêque a aussi rencontré le gouverneur de la province Sulawesi-Sud à qui il a exprimé le désarroi des chrétiens.