Eglises d'Asie – Indonésie
De jeunes javanais veulent devenir des pionniers du dialogue interreligieux
Publié le 18/03/2010
Le groupe comprenait 23 musulmans et des chrétiens, catholiques et protestants, la plupart étudiants, membres d’organisations de jeunes nationalistes. Pendant toute la durée du camp, ils ont logé chez l’habitant et participé à divers travaux à l’intérieur du village : ils ont apporté leur collaboration à la rénovation de la mosquée et du temple protestant, construit des bains publics, dispensé des soins de santé gratuits. Enfin, ils ont apporté leur contribution financière à la construction d’un temple bouddhiste.
Interrogés sur leurs intentions, les deux étudiants responsables du camp, Sri Bayu Sari Adji, protestant, et Nurhuda, musulman, ont fait part de sentiments très proches. Le premier a déclaré que l’organisation de ces journées avaient été motivée par la volonté de faire baisser la tension qui régnait après les émeutes ayant opposé les communautés religieuses, il y a deux ans, dans plusieurs villes de Java (6). Le second considérait cette rencontre interreligieuse comme susceptible de “promouvoir solidarité et tolérance entre les religions et les races
Le village de Kali Putih du district de Wonosobo, à 90 km au sud-ouest de Semarang, avait été choisi parce qu’il est connu comme un modèle de tolérance interreligieuse. 200 familles, dont 100 sont musulmanes, 80 chrétiennes et 20 bouddhistes, y vivent dans la solidarité et le respect. Les dirigeants religieux locaux ont expliqué aux jeunes gens les raisons et les formes de cette coexistence. Darmapanya Isrodin, le responsable bouddhiste, a expliqué que les bouddhistes du village faisaient partie autrefois d’une secte mystique javanaise appelée “Tungal sabdo Jati” (la vraie et unique parole), ne faisant pas partie des cinq religions officiellement reconnues par le Pancasila. En butte, à cause de cela, à de nombreuses difficultés administratives, ils avaient quitté la secte pour adhérer au bouddhisme “très proche de l’ancienne religionLeur conversion n’a provoqué aucune espèce de discrimination envers eux de la part des musulmans du village. “Ils sont ouverts et n’ont pas rejeté notre aide pour la construction de leur mosquée” a-t-il souligné. Les responsables musulmans, eux, ont révélé qu’ils avaient rejeté un appel de musulmans extérieurs à leur communauté, les incitant à incendier les deux églises chrétiennes et ainsi à “supprimer tout germe de christianisme”. Ils ont aussi résolu de ne pas brancher leurs haut-parleurs extérieurs, les dimanches et le jour de Noël, pour ne pas gêner les services religieux des deux églises chrétiennes du village. Quant aux chrétiens, ils sont décidés à aider les musulmans à bâtir leur mosquée, a annoncé le pasteur de l’Eglise pentecôtiste, le Révérend Joko Purwanto, propriétaire de l’unique automobile du village qui, de ce fait, sert d’ambulance pour emmener les malades à l’hôpital du district ou de la ville de Semarang.
Le camp s’est terminé, le 31 août, par un appel aux dirigeants du pays. Il demandait le respect du pluralisme religieux, partie intégrale de l’identité nationale indonésienne et dénonçait l’utilisation de la religion à des fins politiques. Avant que ne commence le camp, le P. Johanes Baptista Banawiratma, professeur de théologie à l’Université catholique Sanata Dharma à Yogyakarta, avait exposé aux participants la position de l’Eglise catholique en matière de pluralisme religieux.