Eglises d'Asie – Divers Horizons
L’EGLISE DOIT SE LAISSER INSTRUIRE PAR LES VALEURS DE LA RELIGION PRIMITIVE
Publié le 18/03/2010
Longtemps avant que les premiers missionnaires chrétiens aient posé le pied sur le sol asiatique, l’Esprit avait déjà soufflé au milieu des populations de l’Asie – non seulement parce que Jésus-Christ, lui-même, a été conçu du Saint Esprit en Asie, non seulement parce que ce continent est le berceau du peuple de Dieu et d’un ensemble de religions le plus vaste de l’humanité, mais surtout et avant tout, parce que, à l’aurore de l’histoire de l’humanité, l’Asie a été habitée par des populations dont l’esprit s’est ouvert au grand Esprit et qui ont accueilli celui-ci dans leur vie.
L’Esprit en Asie est du genre féminin, contrairement au latin qui le range parmi les noms masculins, “spirituset au grec qui en a fait un neutre “pneumaL’hébreu “ru’ah, comme la plupart des vocables asiatiques désignant l’Esprit, est du féminin. Bien que Dieu soit en dehors de la catégorie des genres, dans la Trinité chrétienne, le Père est indubitablement du genre masculin. L’Esprit pourrait être considéré comme un parent féminin du Logos qui est le fils du Père et de l’Esprit.
Beaucoup de populations autochtones en Asie, comme les Negritos qui vivent aux Philippines (les “Aetas” ou “Agtas”), aux îles Andaman et Nicobar ainsi que dans la péninsule malaise (Semang) se sont maintenus dans le spiritualisme de la religion primitive. Ce n’est que tout récemment que beaucoup d’entre eux ont été évangélisés par des missionnaires chrétiens.
Maintenant que l’Eglise catholique reconnaît que le Père céleste a pris soin de tous ses enfants tout au long de l’histoire humaine, que les semences de sa parole peuvent être trouvées dans toutes les religions et que l’Esprit est en acte dans toutes les valeurs et les éléments de la culture, il faut prendre soin de préserver ce que le Père, le Verbe et l’Esprit ont accompli à travers d’innombrables générations au sein des peuples autochtones d’Asie.
Un grand effort doit être effectué pour intégrer toutes ces valeurs et ces pratiques culturelles significatives à l’intérieur du style de vie chrétienne nouvellement adopté.
On peut penser que la société moderne aussi bien que l’Eglise d’aujourd’hui se renouvelleront grandement si elles se mettent à l’école des peuples aborigènes et apprennent d’eux la valeur des liens familiaux qui peuvent aller au-delà de la mort, le respect de l’autorité des anciens, la propriété commune des terres, la communion avec la nature, le soin de l’équilibre écologique, pour ne citer que quelques-unes des questions qui nous inquiètent.
Pour des chrétiens modernes, les valeurs et les pratiques culturelles provenant du spiritualisme de la religion primitive sont particulièrement significatives, parce qu’elles nourrissent la religiosité populaire. Celle-ci doit être comprise comme l’ensemble des expressions religieuses, pratiques et attitudes qui constituent d’importants secteurs de la vie des chrétiens catholiques. Ceux-ci, pour tous leurs objectifs pratiques, ont opéré en dehors du contrôle de l’Eglise, une profonde symbiose entre leur religion et leurs comportements culturels. Pour eux, la religion est devenue une réalité qui ne peut être séparée des nécessités temporelles et matérielles.
Le terme “populaire” fait allusion au fait que la plupart de ceux chez qui l’on observe ce type de religiosité appartiennent à la foule des pauvres et n’ont reçu qu’une éducation religieuse minimale. Mais, en réalité, la religiosité populaire est aussi agissante chez des hommes d’affaire, des intellectuels, des artistes, des politiciens, et même des ecclésiastiques.
Les asiatiques d’aujourd’hui, désorientés par la complexité des religions institutionnelles, ou désillusionnés par le peu de rapport des rites et pratiques religieuses officielles avec leur vie personnelles, vont rejoindre les “nouveaux” cultes et mouvements qui leur apportent les valeurs de la religion primitive dans un habit moderne.
En Inde, des catholiques qui ont voulu “renaître” protestants ont fait l’objet d’une enquête pour savoir ce qui les avait attirés dans le mouvement pentecôtiste. La première de leurs raisons était le désir d’une véritable et effective expérience de Dieu, expérience qui leur avait fait défaut dans leur pratique religieuse précédente.
La guérison par la foi est vieille comme l’humanité et elle est aussi pratiquée par les dirigeants charismatiques. La civilisation occidentale, cependant, l’a imprudemment reléguée au rang de superstition.
Que signifie le fait qu’en Asie, aujourd’hui, la plupart des cultes et mouvements populaires, y compris dans l’Eglise catholique, pratiquent peu ou prou, la guérison par la foi ? Cela signifie, selon un groupe renommé de théologiens asiatiques, que l’Esprit souffle où il veut. Ces théologiens ont proposé que soit encouragée la création d’organisme au service de la réconciliation et de la guérison collective dans chaque paroisse et chaque sanctuaire. Ils ont ajouté que “la religiosité populaire est une part du riche héritage de l’Asie ; c’est pourquoi, elle doit être encouragée et promue avec le discernement qui convient
Les missionnaires chrétiens du 16e au 20e siècle ont à juste titre purifié la source de la religion primitive des superstitions, des rites idolâtres et démoniaques, des aberrations de caractère inhumain, qui, au cours des siècles, s’étaient ajoutés à la religion primitive.
Ce faisant, ils continuaient le travail des premiers missionnaires chrétiens dans les civilisations sémitiques et gréco-romaines qui tenaient leurs nouveaux convertis à l’écart des pratiques païennes incompatibles avec leur nouvelle foi. La tâche des évangélisateurs d’aujourd’hui est de maintenir la continuité avec le travail missionnaire d’autrefois. Cependant ils devront témoigner de plus d’optimisme.
Alors que l’Asie entre dans le deuxième millénaire chrétien, les chrétiens doivent encore exercer leur discernement pour savoir si ce qui influence leur vie vient de l’esprit mauvais ou du Saint Esprit. Cependant, l’attitude qui doit prévaloir devrait être inspirée par la conviction que, en leur fondement, les traditions de nos ancêtres, pendant tous les millénaires qui ont précédé celui qui vient, ont été des dons du Saint Esprit.