Eglises d'Asie

Les évêques des Philippines publient un document concernant la morale politique

Publié le 18/03/2010




“La politique a été des plus nuisible pour nous, … peut-être le plus grand fléau que puisse subir une nation et l’obstacle le plus pernicieux à la réalisation d’un développement pleinement humain “vient de constater un document publié le 16 septembre par la Conférence épiscopale des Philippines. C’est pourquoi, le peuple philippin se voit fixer, comme objectif impérieux, la tâche de “transformer le déplorable environnement politique du paystâche qui “exigera de la part des citoyens une action longue et fastidieuse

Le document de 22 pages est consacré, tout entier, à la situation politique aux Philippines, décrite sans complaisance par les évêques qui dénoncent la dégradation dans laquelle est tombée la vie politique dans leur pays. Considérée comme un instrument à leur service par quelques Philippins influents, riches et bien en place, la politique est regardée avec cynisme par la population. Selon les évêques, ce cynisme accompagné de l’acceptation résignée du “statu quo” est un mal encore bien pire que la corruption, la tromperie et la fraude qui accompagnent “le cirque insensé” des élections. “Les valeurs fondamentales de notre foi, à savoir la charité, la justice, l’honnêteté et la vérité, n’ont que peu d’impact sur notre pratique de la politique”.

Les évêques, citant les documents de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie de 1986 et 1990, ont préconisé pour les candidats une formation à l’enseignement moral et la doctrine sociale de l’Eglise. “C’est le devoir des chrétiens de travailler à élaborer des lois qui puissent apporter une vraie prospérité, une plus équitable distribution des revenus et des richesses, la promotion des droits des plus pauvres et des aborigènes…et faire une réforme électorale afin que ne puisse être dupée la volonté du peuple”.

En conséquence, ils appellent les diverses institutions – familles, écoles, communautés ecclésiales de base – à dispenser à leurs membres, laïcs ou religieux, une formation sérieuse en matière de morale politique. Tous devraient pouvoir juger à la lumière de l’évangile les options politiques qui leurs sont proposées. La politique dans sa dimension morale et religieuse est une des constituantes du champ missionnaire de l’Eglise. Se référant au Synode des évêque de 1971 sur la justice dans le monde, la conférence épiscopale philippine souligne : “L’action politique au nom de la justice nous apparaît comme une dimension constitutive de la prédication évangélique”.

Dans son analyse de la vie publique actuelle du pays, le document découvre aussi des raisons d’espérer. En particulier, il se félicite de l’augmentation du nombre de groupes de citoyens qui se portent volontaires pour le contrôle des élections, allant ainsi à l’encontre de vieilles habitudes qui datent du temps de l’ancien président Marcos. Dans le passé, l’électorat philippin a su renvoyer chez eux certains candidats et ses décisions ont été respectées même par les perdants. Les évêques souhaitent aussi que l’on choisisse des dirigeants à l’esprit neuf plutôt que des politiciens traditionnels. Selon eux, les candidats les plus performants ne sont pas nécessairement issus des familles riches ou bien en vue.

Cette exhortation pastorale a été présentée à Manille par l’archevêque Oscar Cruz de Lingayen-Docupan. D’ici l’an 2 000, elle sera suivie de deux autres documents sur le même sujet, un, chaque année.