Eglises d'Asie

Maharashtra : l’actuelle progression sociale des dalits provoque de violents conflits de castes

Publié le 18/03/2010




Le 11 septembre dernier, à Mumbai, capitale de la province Maharashtra, à l’ouest de l’Inde, la police a tiré sur une foule de manifestants alors qu’ils protestaient contre la profanation de la statue de Bhim Rao Ambedkar, qui fut, durant sa vie, le défenseur des droits des basses castes et est, aujourd’hui, vénéré comme leur sauveur par les 150 millions de dalits de l’Inde. Dix manifestants sont tombés sous les balles. Cette répression féroce a provoqué les protestations des dalits en d’autres endroits de la région. Dix autres personnes ont trouvé la mort dans l’Etat voisin de Gujarat, au cours de heurts violents entre hautes et basses castes. Les dirigeants du Parti républicain dalit et de l’opposition politique au parti du Congrès ont alors appelé la population de l’Etat de Maharashtra à une grève de deux jours. Par la suite, des représailles, provenant des militants de l’armée de Shiva, se sont exercées contre les hommes politiques ayant lancé cet appel.

Toutes ces violences inquiètent les observateurs qui y voient le reflet du ressentiment grandissant éprouvé par les membres des hautes castes face à l’influence politique et sociale des basses castes, tous les jours plus grande. Interrogé à ce sujet, le P. Michael, professeur de sociologie et directeur de l’institut de culture indienne à l’université de Mumbai, a souligné la progression constante des basses castes aussi bien dans le domaine du savoir que dans ceux de l’emploi et de l’économie. Leurs revendications en faveur de l’égalité sociale se heurtent à la volonté des hautes castes de ne rien changer du système social actuel. Depuis l’indépendance de 1947, celles-ci ont monopolisé la vie politique et sociale de l’Inde. La plus haute caste des brahmines qui ne représente que 3 % de la population détenait jusqu’ici la majorité des postes de l’administration.

Au cours de l’actuelle décennie, les plus basses castes, qui regroupent la majorité des 930 millions d’Indiens, ont exercé sur la société une pression croissante. Aux élections générales de 1996, bien que dispersés dans divers partis, ce sont les représentants de ces castes qui ont accaparé la plus grande partie des sièges. Le Front uni de 13 partis actuellement au gouvernement comporte un nombre considérable de dalits et de membres de basses castes. Certaines femmes, dalit ou de basse caste, occupent des fonctions importantes dans les gouvernements des Etats de Uttar Pradesh et de Bihar.

Bhim Rao Ambedkar, cause indirecte des actuelles violences entre castes, était lui-même issu d’une basse caste. Il a encouragé les dalits à étudier, à s’organiser et à lutter pour la justice sociale. Deux mois avant sa mort, avec 200 000 de ses partisans, il se fit bouddhiste pour protester contre le système de castes hindou. Les campagnes de dénigrement entreprises aujourd’hui contre lui ne sont pas rares et provoquent la colère des dalits. Récemment, un livre, intitulé “Le culte des faux dieuxécrit par un journaliste de haute caste, l’a accusé de s’être opposé à l’indépendance et d’avoir soutenu la Grande-Bretagne.