Eglises d'Asie

A l’occasion de sa réunion annuelle, la Conférence épiscopale publie deux importants documents

Publié le 18/03/2010




La réunion annuelle de la Conférence épiscopale s’est déroulée à Hanoi, comme prévu, du 6 au 11 octobre 1997. Sous le titre de “Lettre commune envoyée au peuple de Dieu au Vietnamun large compte-rendu de la rencontre a été diffusé dans le pays (14). En 1998, l’Eglise du Vietnam fêtera le deuxième centenaire de l’apparition de Notre Dame de La Vang. Elle enverra aussi une délégation d’évêques au synode des évêques d’Asie en avril. Durant la réunion, on a désigné les 7 évêques qui, avec le cardinal et deux délégués supplémentaires, en feront partie. Selon des sources autorisées, le gouvernement a suggéré à deux évêques figurant sur la liste, Mgr Huynh Van Nghi, actuel administrateur apostolique de Saigon, et Mgr Pham Minh Mân, coadjuteur de My Tho et ancien candidat du Saint Siège à Hô Chi Minh-Ville, de se retirer de la délégation : ce qu’ils ont fait.

Renouant avec une tradition qu’ils avaient abandonnée l’année dernière, les évêques vietnamiens ont à nouveau dressé une liste des difficultés et contraintes rencontrées par l’Eglise et le personnel d’Eglise. Cette liste qui a été envoyée au nouveau premier ministre constitue une assez bonne description des limites de l’action de l’Eglise au Vietnam (15)

Une première série de doléances concerne les prêtres et les évêques. Ceux-ci, dit la lettre, surtout les évêques, rencontrent de nombreux empêchements dans les déplacements exigés par leur ministère. Des autorisations écrites bardées de cachets de toutes sortes apposés par diverses instances, leur sont nécessaires. La nomination et le changement de poste des prêtres par les évêques sont l’objet du même type de contrôles qui paralysent l’administration du diocèse. La lettre cite des paroisses qui attendent depuis des années un curé nommé par l’évêque, mais qui n’a pas encore reçu l’aval des autorités civiles. Ailleurs, disent les évêques, ce sont les autorisations de réparation d’églises qui ne sont pas accordées. Les autorités locales, en cette matière, se montrent souvent mesquines, refusant d’accorder la permission des travaux pour des vétilles.

Les évêques rappellent ensuite que, dans une lettre datée du 2 mars 1996, le premier ministre avait accordé à la Conférence épiscopale la permission de publier une revue trimestrielle à contenu religieux. La revue n’a jusqu’à présent pu sortir son premier numéro et l’opinion publique catholique se pose des problèmes à ce sujet. Le gouvernement est aussi prié de faciliter à l’Eglise la publication de livres et périodiques religieux.

Dans une seconde partie, la lettre rappelle au premier ministre un certain nombre de requêtes présentées dans le passé mais qui n’ont encore reçu aucune réponse.

En premier lieu, les évêques font le point sur la question des séminaires. Actuellement, les grands séminaires de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville se trouvent dans l’obligation d’accueillir des séminaristes de nombreux diocèses, plus nombreux que les autres séminaires. Pour pallier les difficultés dues à cet état de choses, l’ouverture de deux séminaires supplémentaires est demandée : l’un serait créé à Thai Binh, l’autre à Xuân Lôc. Si cela ne pouvait se faire, dit la lettre, les deux séminaires devraient envisager d’ouvrir des “facultés” à l’extérieur des locaux existants. Les évêques demandent, une fois de plus, que le recrutement dans les séminaires ait lieu tous les ans, comme les autres écoles supérieures, et non tous les deux ans comme aujourd’hui. La lettre rappelle que dans son principe, la création de cours de préparation à l’entrée au grand séminaire a été déjà acceptée par le gouvernement. Mais jusqu’à présent aucun évêque n’a été autorisé à mettre ce principe en pratique.

La lettre met encore l’accent sur deux catégories de jeunes gens. Les uns, nombreux au nord et au sud, sont candidats à la vie religieuse, mais, n’ayant jamais reçu d’autorisation officielle, ils en sont réduits à mener une vie de moine clandestin. Les autres, surtout nombreux au nord, ont achevé, quelquefois depuis des dizaines d’années, leur formation sacerdotale. Les évêques sollicitent de rassembler ces derniers dans les diocèses pour un recyclage de deux ans à l’issue duquel ils pourraient devenir prêtres.

La lettre se termine enfin par deux requêtes déjà formulées dans les lettres précédentes, mais qui montre combien l’Eglise vietnamienne est impatiente de remplir un rôle à l’intérieur de la société civile. L’Eglise est désireuse de participer au mouvement actuel de création d’écoles privées, florissantes cette année, surtout dans les régions les plus déshéritées. Elle voudrait aussi continuer son rôle traditionnel dans le domaine de la santé et des oeuvres sociales.

Enfin, les évêques demandent que soient rendus à l’Eglise les établissements qui lui ont été confisqués au moment de l’instauration du nouveau régime, du moins ceux dont elle a le plus besoin aujourd’hui, ou qui ont été détournés de leur vocation première. Est cité notamment le séminaire universitaire de Dalat, qui, de plus, est propriété du Saint-Siège, souligne la lettre.