Le témoignage du député aïnou, Shigeru Kayano, avait paru, en septembre sur le magazine “Katorikku seikatsu” (la Vie catholique) sous le titre : “Je veux dire ma peine en langue aïnouKayano est l’auteur du projet de loi sur la protection de l’ethnie aïnou (11) destiné à remplacer une ordonnance gouvernementale de 1899 sur la colonisation du Hokkaïdo, loi qui a mis fin à un siècle d’indifférence officielle à l’égard du peuple aborigène du Japon.
Dans son interview, Kayano, né et élevé au Hokkaïdo, parle de la discrimination subie dans le passé, discrimination illustrée par la présence, sur l’île, des seules écoles japonaises. Il y raconte sa longue lutte pour préserver la langue aïnou et sa culture, lutte couronnée par son élection à la chambre des députés, il y a trois ans. Les aïnous ne partagent pas les richesses naturelles de leur propre patrie, explique-t-il. Elles sont exploitées par les colonisateurs arrivés un siècle plus tôt. La politique officielle ayant été l’assimilation, les aïnous ne sont plus qu’une petite minorité. La plupart d’entre eux ne sont connus que grâce aux souvenirs qu’ils vendent aux touristes japonais. Kayano conclut en écrivant qu’il n’y a plus que les musées et les érudits pour garder vivante la mémoire de ce que fut la vie aïnou.
Le Conseil régional du Hokkaïdo, en 1993, estimait à 24 000 le nombre des aïnous; mais “l’Association des aïnous du Hokkaïdo” pense qu’ils sont bien plus nombreux, beaucoup n’osant pas se déclarer comme tels.