Eglises d'Asie

Ouverture du procès d’un prêtre ayant donné asile à des militants politiques recherchés par la police

Publié le 18/03/2010




Le 6 octobre 1997, s’est ouvert, au tribunal de Bekasi, le procès intenté au P. Sandyawan Sumardi et à son frère Benedictus Sumardi, accusés d’avoir donné asile à des militants politiques recherchés par la police après les violentes émeutes qui avaient éclaté à Jakarta, le 27 juillet 1996. L’assignation à comparaître avait été primitivement fixée pour le 29 septembre, mais à la demande de la défense, le procès avait été reporté à la date actuelle.

Le P. Sumardi, qui est directeur de l’Institut social de Jakarta, a commenté lui-même son procès et l’accusation qui lui est faite, au cours d’un séminaire organisé, le 11 octobre 1997, par les organisations étudiantes bouddhistes et chrétiennes de Jakarta, sur le thème de “l’action non-violente”. Il a en particulier déclaré : “L’acte qui a consisté à accorder une protection d’urgence à des victimes menacées d’être tirées à vue (par les policiers) se justifie sur le principe du droit d’asile universelIl a expliqué que “cette action était l’actualisation de la prise de position morale d’un citoyen, en même temps que l’actualisation de sa foiIl a conclu que, grâce à ce procès, il porterait témoignage publiquement pour des valeurs humaines qui ont leur source dans la miséricorde de Dieu.

L’acte qui est aujourd’hui reproché au directeur de l’Institut social de Jakarta au tribunal de Bekasi a eu lieu peu après les violentes émeutes du 27 juillet 1996 (9), provoquées par les manoeuvres gouvernementales visant à diviser le parti d’opposition PDI (Partai Demokratik Indonesia), dirigé jusque là par Megawati Sukarno. Notamment, la police avait appuyé un coup de force de la tendance pro-gouvernementale du parti, qui s’était emparée des locaux du parti et avait imposé un président illégalement élu. Au lendemain des événements, au mois d’août 1997, le P. Sumardi devint secrétaire d’un groupe de volontaires, chargé d’aider les victimes des émeutes et d’enquêter sur les personnes disparues au cours des troubles. C’est durant cette période qu’il fut contacté par un dirigeant du parti d’opposition pour aider des militants accusés d’être les instigateurs des émeutes, recherchés par la police et menacés d’être tirés à vue. Le prêtre avait alors accueilli les trois militants dans la maison de son frère. Celui-ci fut arrêté avec les militants et emprisonné 17 jours. Le P. Sumardi, qui avait reconnu publiquement son acte, fut laissé en liberté mais convoqué par le procureur général pour interrogatoire. Au mois d’avril dernier, alors qu’il devait se rendre en Australie pour un traitement médical, il reçut l’interdiction de quitter le territoire de son pays (10).

La défense du P. Sumardi se fonde sur l’article 304 du code pénal indonésien qui affirme que “quiconque laisse une autre personne souffrir alors qu’il est obligé par la loi ou par contrat de protéger sa vie est passible d’une peine d’au moins 32 mois de prison”. Selon lui, cette disposition de la loi indonésienne lui faisait une obligation de porter secours aux militants menacés dans leur vie. Plus encore, il aurait été criminel de ne pas leur accorder une protection.