Eglises d'Asie

Selon un document de l’épiscopat indonésien, le nombre des attaques contre les édifices religieux chrétiens ne cesse de croître

Publié le 18/03/2010




La moyenne annuelle des attaques perpétrées contre les églises catholiques et protestantes en Indonésie est en constante augmentation depuis les années 1950. Ce constat est contenu dans un rapport de la Conférence épiscopale d’Indonésie, rendu public le 24 octobre par l’organe officiel de l’Eglise catholique, “Hak Kerukunan”. Dès la sortie de ce texte, les observateurs ont fait remarquer qu’il est très rare que la hiérarchie catholique en Indonésie publie des rapports mettant en cause les autorités, même de façon indirecte.

Au cours des dix années qui ont suivi l’indépendance de 1945, aucune détérioration d’édifices religieux chrétiens n’avait été signalée. Durant les trois dernières années, la moyenne annuelle des agressions dirigées contre des lieux de culte catholiques ou protestants a atteint le chiffre de 52. La moyenne avait été de 13 entre 1965 et 1974 et de 24 entre 1975 et 1984. Au total, depuis l’année de l’indépendance, 374 églises ont été attaquées. 105 d’entre elles l’ont été au cours des trois années écoulées. Depuis 1945, une vingtaine de prêtres et dirigeants religieux ont été tués.

L’étude a aussi circonscrit les régions du pays où ce type d’incidents est le plus fréquent. 233 des attaques recensées ont eu lieu dans l’île de Java dont la population s’élève à 120 millions d’habitants. Dans la seule partie orientale de l’île, plus de 103 églises ont été incendiées ou détruites.

S’interrogeant sur les raisons de ces débordements anti-chrétiens, l’auteur du rapport, Paul Tahalele, président du Forum de communication chrétienne, a d’abord exposé la cause qui selon la presse du pays est à l’origine des diverses émeutes, à savoir le sentiment d’hostilité éprouvé par la population contre la communauté chinoise économiquement très puissante, dont beaucoup de membres sont catholiques, hostilité tournée également contre les chrétiens en général. Après avoir ajouté qu’il existait encore d’autres motivations socio-économiques et politiques, il a fait remarquer que les raisons invoquées paraissaient artificielles et abstraites et loin de la réalité. A ce propos il a évoqué la déclaration du chef des forces armées indonésiennes, le général Faysal Tanjung suggérant que derrière tous ces événements, il y avait un même responsable. Il a aussi rappelé l’opinion d’un dirigeant musulman, Abdurahman Wahid, qui avait déclaré que les émeutes de juin dernier avaient été financées par 50 millions de dollars (7). Tahalele a ajouté que jusqu’à présent, aucun tribunal n’avait prouvé ces assertions.

Du côté de l’Eglise catholique, il n’y a pas encore eu de commentaires supplémentaires. Une source ecclésiastique qui a voulu rester anonyme a déclaré que l’augmentation du nombre de destructions d’églises est d’autant plus dramatique qu’elles semblent ne pas troubler l’indifférence des autorités civiles.

Le ministre des affaires religieuses, Tarmizi Taher, n’a livré, lui non plus, aucun commentaire immédiat. La semaine précédente, il avait annoncé que, l’année prochaine, ses services allaient mener une étude sur les émeutes raciales qui depuis trois ans se répètent régulièrement dans le pays.

Les dernières émeutes sont toutes récentes. Elles ont duré trois jours, du 15 au 17 septembre, et ont eu lieu à Ujung Padang, la capitale du Sulawesi-Sud (Célèbes). Principalement dirigées contre la communauté chinoise, elles ont aussi provoqué des dégâts en trois lieux de culte : une pagode bouddhiste a été incendiée ; une église catholique et un temple protestant ont subi de sérieux dégâts (8).