Eglises d'Asie

La Conférence épiscopale catholique de l’Inde exige que les autorités fassent la lumière sur le meurtre du P. A. T. Thomas

Publié le 18/03/2010




La police de l’Etat du Bihar, Etat frontalier du Népal et du Bangladesh, n’a encore recueilli aucun indice concernant l’identité des assassins du religieux jésuite, le P. A. T. Thomas, dont le corps décapité a été retrouvé, le 27 octobre, dans une forêt du district de Hazaribagh. On était sans nouvelles de lui depuis le 24 octobre, jour de sa disparition.

Le P. Thomas avait travaillé pendant six années dans cette région de l’Inde avant de la quitter pour aller poursuivre des études de sociologie à Manille. Il venait de revenir en vacances dans son ancienne paroisse pour y passer ses vacances et recueillir de la documentation pour ses propres recherches.

La Première réaction de l’administration locale a été J’attribue, le meurtre au Centre communiste maoïste, une organisation horslaloi qui a une forte implantation dans la région. Mais, par la suite, la police a été incapable de trouver un motif ou simplement

une explication plausible à un tel acte de la part de ce groupuscule politique. En réalité, le Centre communiste maoïste est actif à Hazaribagh mais, jusque là, il ne s’en est jamais pris aux agents de la mission chrétienne. Le P. Thomas était respecté pour son travail dans la région. Comme l’ont rappelé les évoques de l’Inde, il avait longtemps travaillé au milieu des déshérités, parmi les dalits de l’Etat. Il avait en particulier fondé un certain nombre d’écoles dans des régions isolées. Par ailleurs, on ne voit pas pourquoi le groupe marxiste aurait pris pour cible un prêtre de passage dans la région alors qu’un grand nombre de missionnaires est en activité dans ce district où sont installées un nombre important d’institutions chrétiennes. Les confrères du prêtre assassiné insistent sur le fait qu’il n’avait pas d’ennemis.

Le mystère qui plane sur les causes de cet horrible meurtre intensifie encore le trouble que la mort du religieux a jeté dans les esprits de la population de l’Etat, en particulier dans les diverses communautés chrétiennes, trouble d’autant plus grand que ce meurtre s’est produit après l’affreux épisode du prêtre montré nu dans les rues de Dumka, accusé d’abus sexuels sur la personne d’un garçon de son école (4). La Conférence épiscopale de l’Inde a réagi immédiatement avec une grande vigueur contre l’assassinat du P. Thomas. Elle a accusé les autorités locales de complicité avec les éléments antisociaux et avec la violence qui a entraîné la mort du prêtre. Elle a fait appel au Président de l’Inde pour qu’il diligente les recherches et assure plus de sécurité à la communauté chrétienne de l’Etat.

Répondant favorablement, le 7 novembre, à l’appel de la Conférence épiscopale, la Commission nationale des droits de l’homme a ordonné une enquête pour élucider les circonstances de la mort du religieux. Selon des commentaires de source autorisé, cette enquête pourrait déboucher sur un procès.

Sur une initiative de la Commission “Justice et Paix”, le 3 novembre dernier, un groupe de militants catholiques a décidé de porter à la connaissance des membres du Parlement un mémorandum où sont énumérées les différentes agressions antichrétiennes survenues ces temps derniers en différents Etats: le 2 septembre, les mauvais traitements et l’humiliation infligée au prêtre, montré nu dans les rues de Dumka; le 8 août, une attaque par des militants hindous d’une école religieuse de Kathgodam à 300 km de Delhi, suivie de l’arrestation de prêtres et religieuses; le 26 août, l’attaque par des musulmans d’une école salésienne à Hyderabad; en octobre dernier, l’arrestation de membres du personnel d’une école située près de Rajasthan’s Udaipur.