Eglises d'Asie

L’Eglise de l’Inde se mobilise pour la libération d’un prêtre, humilié et emprisonné injustement

Publié le 18/03/2010




Voilà près de deux mois et demi que les faits se sont passés. Le 2 septembre dernier, à Dumka, dans l’Etat du Bihar, le vicedirecteur de l’Ecole Saint Joseph, le P. Swaminathan Christudas, accusé de sévices sexuels sur la personne d’un élève de l’école, a été assailli par une foule déchaînée qui l’a frappé, déshabillé et promené nu dans les rues de la ville, sur cinq kilomètres. La police s’est contentée de regarder sans réagir.

Depuis, une expertise médicale sur l’élève en question a innocenté le prêtre mais celuici continue de languir en détention préventive, tandis que ses agresseurs, qui l’ont humilié et frappé sur la tête avec une canne de hockey, restent impunis. La police a retenu contre eux des charges insignifiantes dont ils ont été rapidement relevés grâce au versement d’une caution. Ils parcourent aujourd’hui la région de Jhaikhand excitant la

population contre l’Eglise.

Selon les commentateurs locaux, c’est le contexte local et des manoeuvres politiques qui expliquent cette humiliation infligée à un prêtre d’une région du Bihar, habitée par des minorités ethniques. Il y a déjà longtemps que le clergé du pays est accusé de pratiquer des conversions forcées ou d’inciter à la rébellion, sans doute, à cause des excellents résultats obtenus par lui aussi bien dans le domaine social que politique. Bien qu’il n’y ait que 2 000 catholiques dans cette région placée aujourd’hui sous la gestion du Conseil autonome du Jharkhand, ils sont en position d’exercer une influence considérable, grâce à un niveau de culture plus élevé et un statut économique supérieur. Les campagnes d’alphabétisation et de sensibilisation aux problèmes de santé, les programmes de développement lancés par l’Eglise catholique apparaissent comme une menace pour les fondamentalistes hindous qui, aidés en cela par les politiciens de la région, essaient grâce à l’actuelle affaire d’unir les partis politiques contre le catholicisme.

Après des années de silence, l’Eglise locale a décidé de refuser de céder et demande que justice soit rendue au P.Christudas. “Nous sommes arrivés au terme de notre patience”, a déclaré Mgr Julius Marandi, l’évêque du diocèse de Dumka, qui a refusé toutes les propositions de conciliation des hommes politiques du lieu. Le 22 octobre, les prêtres de paroisse et les chefs d’institutions ont organisé une manifestation de solidarité à Delhi et dans le Bihar. Durant une journée, 300 hôpitaux et 450 écoles tenues par l’Eglise ont fermé leurs portes. Des marches de protestation ont été organisées en plusieurs villes. Celle de Delhi était menée par Mgr de Lastic. Des mémorandum ont été envoyées aux autorités demandant la libération du prêtre emprisonné, l’ouverture d’une enquête officielle sur les faits.

Le lendemain de la journée de protestation organisée par l’Eglise, le gouvernement fédéral ordonnait de mener une enquête sur les faits.