Eglises d'Asie

REPONSE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU JAPON AUX “LINEAMENTA”

Publié le 18/03/2010




Le 23 juillet 1997

Introduction : méthode suivie pour préparer cette réponse

Trois mois ont été nécessaires à la traduction du document des “lineamenta”. Après avoir reçu les lineamenta publiés à Rome en septembre 1996 en anglais et en français, nous les avons traduits en japonais. Cela a pris trois mois. Les copies de cette traduction ont été envoyées à chaque diocèse, le 17 décembre 1996. Dans chaque diocèse, c’est l’évêque qui a organisé les sessions d’étude et en a fait l’objet des prières de tous.

Discussion en deux assemblées plénières

Après avoir reçu la traduction japonaise des lineamenta, les évêques, dans chaque diocèse, les ont étudiés avec leurs prêtres pendant environ deux mois et ont essayé de formuler une réponse aux questions. Cependant, bien qu’ils aient demandé à leurs prêtres de donner des réponses, la réaction générale a été qu’il n’était pas possible de répondre à ces questions. Ensuite, au cours des débats en assemblée plénière extraordinaire des évêques (18-21 février 1997), tenue en vue de préparer une réponse officielle, comme nous le verrons plus loin, bien des points de vue se sont exprimés tant sur les questions elles-mêmes que sur les demandes à présenter au synode.

L’opinion des évêques au sujet des questions contenues dans les lineamenta

Parce que les questions ont été pensées dans un contexte de chrétienté occidentale, elles ne sont pas appropriées. Un certain nombre d’entre elles portent sur le travail d’évangélisation et demandent d’en faire un bilan. Mais quel est le critère d’évaluation ? S’il s’agit du nombre de baptêmes, etc., ceci est très dangereux. D’après la manière dont les questions sont posées, on peut se demander si la tenue de ce synode ne serait pas, comme pour le siège social d’une société commerciale, un prétexte d’évaluation des performances de ses succursales. Ce genre de synode n’a pas d’intérêt pour l’Eglise en Asie. L’évaluation ne peut se faire à partir d’un cadre occidental, mais à partir du niveau spirituel des peuples qui vivent en Asie.

Les espoirs des évêques

Si le synode doit se tenir pour l’Eglise d’Asie, sa préparation ne peut pas être la même que pour les autres continents. Une préparation similiare à celle de l’Occident ne saurait conduire au succès. La chose la plus importante est “l’inculturation” de notre pensée. Comme dit le Saint-Père, notre objectif doit être une “nouvelle évangélisation”. Autrement dit, un zèle nouveau différent de celui que nous avons eu jusqu’à présent, un nouveau langage (et une toute autre méthode de communication), de nouvelles méthodes (une approche différente de celle qui nous est habituelle). Si nous devons avoir un synode pour l’Asie, afin que méthodede travail et déroulement soient différents d’un synode pour l’Europe ou pour l’Afrique, les priorités de l’Eglise en Asie doivent être clairement présentées, avant de composer “l’Instrumentum laboris” (document de travail).

En conséquence, la Conférence épiscopale de l’Eglise japonaise avait décidé qu’elle préparerait ses propres questions en demandant l’avis des supérieurs des séminaires, des facultés de théologie et des différentes congrégations religieuses. Quatre mois plus tard, au cours de l’Assemblée plénière ordinaire de l’épiscopat (16-21 juin 1997), les évêques ont étudié les 325 réponses venant des évêques eux-mêmes, des supérieurs de séminaire, des facultés de théologie, des congrégations religieuses, de prêtres à titre individuel, des conseils de laïcs, et ont rédigé cette réponse officielle de l’Eglise du Japon que nous vous soumettons ici.

Requêtes de l’Eglise du Japon au secrétariat du synode

Propositions concernant la méthodologie

(1) prendre en compte le fait que les pays asiatiques n’ont pas de langue commune

En Asie, aucun pays ne possède, comme langue maternelle, une des langues utilisées habituellement par le Vatican (italien, anglais, français, allemand, espagnol). L’Inde et les Philippines qui utilisent plusieurs langues différentes se servent de l’anglais comme langue commune. Parmi les 40 pays qui participeront à l’Assemblée spéciale pour l’Asie du synode des évêques, ces deux pays sont une véritable exception. Ne pas prendre en compte cette particularité et vouloir tenir l’Assemblée spéciale avec le même emploi du temps et la même méthodologie que ceux d’Europe ou d’Amérique serait une erreur. Il est nécessaire de prévoir une période de six mois au moins à partir de la publication de l’Instrumentum laboris jusqu’au synode lui-même. Nous voudrions souligner ici que trois mois ont été nécessaires entre la publication des lineamenta et la remise de la traduction japonaise aux évêques. Les évêques du Japon considèrent qu’il est très important de traduire l’Instrumentum laboris, de l’étudier avec soin et de se préparer eux-mêmes dans la prière.

Pour la même raison, nous demandons que, l’anglais et le français étant les langues officielles du synode, soit prévu également un système de traduction simultanée de l’anglais et du français vers le japonais et les autres langues d’Asie, comme l’ont demandé déjà d’autres conférences épiscopales.

(2) Utiliser une méthodologie adaptée à la spiritualité asiatique

Au contraire de l’Europe et de l’Afrique, les différences entre les nations de l’Asie sont fondamentalement telles qu’elles demandent une méthodologie différente de celle employée jusqu’à maintenant dans les synodes. Utiliser la méthodologie occidentale pour ce synode asiatique ne saurait conduire au succès. Un certain nombre de rencontres et d’activités devraient être prévues pour tendre vers une image unifiée et un nouveau paradigme qui inclurait les réalités et les cultures si diverses de l’Asie, ses différentes mentalités et traditions spirituelles.

Les questions à débattre durant le synode sont à décider non pas par le secrétariat du synode mais par les évêques d’Asie. Ceci assurera un plus long laps de temps pour des débats exemplaires en vue des recommandations finales. Quant à la direction globale du synode, les décisions ne doivent pas être prises par le secrétariat romain, mais laissées aux évêques d’Asie. Le choix des présidents des commissions et des responsables de groupes qui ont à diriger le travail du synode doit également être confié aux évêques. Ceux qui seront choisis devront conduire les débats suivant leur propre méthode et les nécessités spécifiques de l’assemblée. Les évêques qui participeront au synode doivent pouvoir consulter ou demander l’avis des experts sur les différentes matières à traiter pendant la session. Ces experts seront des personnalités recommandées par les évêques eux-mêmes selon les connaissances qu’ils ont de l’Eglise et du monde et spécialement des réalités de l’Asie.

(3) Utiliser les travaux de la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie) et limiter le nombre de points à traiter

Depuis plus de 25 ans, la FABC s’est impliquée dans les réalités de chacune des Eglises de nos pays et a fait d’importantes déclarations. Nous proposons que soit fait bon usage de tout ce travail. Par exemple, nous proposons que la coutume d’écouter, généralement pendant deux semaines, les rapports des représentants de chacune de nos Eglises soit abandonnée et qu’un représentant de chacun des deux blocs de la FABC et du Moyen-Orient fasse un exposé de leur histoire et de leurs problèmes et qu’ainsi soient délimités les points principaux que devra traiter l’Assemblée spéciale pour le synode d’Asie. Les mille facettes et la grande diversité de la vie de l’Eglise en Asie étant présentées, les points importants mis en évidence, il sera temps, en finale, de mettre sur pied un plan concret.

(4) Formation des groupes

Jusqu’à présent, les groupes étaient formés par appartenance linguistique occidentale (italien, anglais, français, allemande, espagnol, etc.) Nous demandons que les groupes de l’Assemblée spéciale pour l’Asie, soient formés, non par appartenance linguistique, mais par thèmes ou cultures religieuses (culture islamique, culture hindoue, culture bouddhiste hinayana, culture bouddhiste mahayana, culture confucéenne, etc.)

Participation des observateurs

Un problème anti-évangélique commun à tous les pays asiatiques est la discrimination et l’oppression des femmes. Pour que nous puissions bien saisir cette réalité, nous demandons la participation d’observatrices connaissant bien ce problème. L’Association des supérieures majeures des communautés féminines du Japon se prépare à envoyer une religieuse pour cette tâche.

Sauf quelques exceptions, l’Eglise catholique est minoritaire dans presque tous les pays d’Asie. Pour mieux saisir la situation, nous demandons que des représentants des religions traditionnelles et des spécialistes du dialogue interreligieux soient appelés comme observateurs.

Pour revivifier l’Eglise catholique d’Asie

L’Eglise catholique d’Asie, à l’entrée du troisième millénaire, doit continuer le travail d’évangélisation, immergée au milieu de bien d’autres religions et en utilisant au mieux cette réalité. Nous espérons que le synode sera pour nous un encouragement à continuer ce travail d’évangélisation. L’Eglise en Asie est affrontée à de mutiples tâches et problèmes, mais plutôt que d’insister sur les côtés négatifs, nous espérons que le synode saura nous stimuler, au milieu de nos difficultés, à continuer nos efforts pour lutter contre ces obstacles. Nous ne nous attendons pas à ce que le synode nous montre comment l’Eglise qui est en Asie peut être soutenue par l’Eglise d’Occident. Nous voudrions que le synode soit un lieu où les évêques d’Asie échangent et se soutiennent mutuellement. Autrement dit, nous désirons participer avec ceux qui se sentent réciproquement concernés, non à la recherche du comment “ils”, comme si nous parlions à la troisième personne, mais du comment “nous”, tous ensemble, pourrions avoir la Vie en abondance.

Les relations avec les autre religions d’Asie

En Asie, nous n’avons pas seulement le christianisme et le judaïsme, nous avons aussi l’hindouisme, l’islam, le bouddhisme et bien d’autres religions. Nous avons aussi les religions animistes qui croient en l’existence des esprits (sans compter les religions populaires, les religions cosmiques, etc.) qui ont une large influence. Une culture qui s’est développée dans ce contexte et qui n’a pas pu ne pas subir l’influence de ces diverses religions est donc une culture fondamentalement différente. Pourquoi ne pas regarder, pendant cette assemblée générale spéciale pour l’Asie, non pas les relations du christianisme dans sa globalité face à tous les problèmes de l’Asie, mais les rapports du christianisme avec chaque religion et chaque culture ? Si nous ne le faisons pas, tout risque de se terminer en discussions abstraites, sans rien de concret ni d’utile que l’Eglise puisse réaliser au service du Royaume de Dieu.

Réflexions pour l’élaboration d’un Instrumentum laboris

Christologie

Nous trouvons dans les lineamenta une certaine attitude défensive et apologétique. Elle s’exprime par certaines positions théologiques indues et inadéquates. Ceci est évident dans la section consacrée à la christologie et n’aidera pas la foi des chrétiens d’Asie. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une christologie ouverte, enracinée dans la vie réelle et à l’écoute des problèmes des hommes d’aujourd’hui. Nous voudrions découvrir quel Jésus sera “lumière” pour les peuples d’Asie. C’est-à-dire, comme les Pères de l’Eglise dans la culture gréco-romaine, il nous faut davantage étudier en profondeur la religiosité de nos peuples et, à partir de là, tenter de découvrir comment Jésus-Christ peut répondre à leurs besoins. Jésus-Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie, mais en Asie, avant d’insister sur Jésus est “Vérité”, il nous faut chercher plus profondément dans le “comment” : comment peut-il être le Chemin et la Vie. Si nous insistons trop sur “Jésus est le seul et l’unique Sauveur”, nous ne pourrons pas dialoguer, vivre ensemble en solidarité avec les autres religions. L’Eglise, à l’écoute de la “kenosis” de Jésus-Christ, doit être humble et ouvrir son coeur aux autres religions pour approfondir son intelligence du Mystère du Christ.

Ecclesiologie

L’image de l’Eglise présentée dans les lineamenta n’est pas aussi riche et profonde que celle de Vartican II. En particulier, ne ressortent pas les deux images de l’Eglise peuple de Dieu, et celle de l’Eglise servante. Ces deux images sont très signifiantes pour l’Eglise en Asie qui, pour servir le Royaume de Dieu, doit vivre en position minoritaire avec les hommes des autres religions. Ces absences sont malencontreuses pour le synode.

Deux thèmes, celui de “service” et de “dialogue”, développés par la FABC sont très importants pour l’Eglise en Asie mais ne sont pas assez soulignés dans les lineamenta.

Sotériologie

Le thème de la “mission d’amour et de service” proposé par l’Eglise catholique en Asie doit être quelque chose qui réponde à la soif réelle des Asiatiques. C’est-à-dire que le salut apporté par le Christ doit signifier quelque chose de concret et de facilement compréhensible pour eux. De même, pour leur transmettre le message du salut universel, il faudra examiner de prés comment le leur présenter.

Missiologie

Dans le contexte de la mission en Asie, “la compassion avec ceux qui souffrent” a été reconnue comme un thème d’une extrême importance et très souvent exprimée par la FABC. Dans la mission auprès des croyants d’autres religions, plus que les mots pour convaincre, c’est d’abord le fait d’être à côté des plus faibles et de leur montrer notre compassion qui est le plus important.

Dans les lineamenta, une grande importance est donnée, selon la théologie scholastique traditionnelle, aux notions de “distinction” et de “séparation”. Dans la tradition asiatique, plutôt que “distinguer”, c’est “entourer avec bienveillance” qui est premier. Dans les documents publiés par la FABC depuis 25 ans, nous avons maints exemples de cette “asianité”. Alors, ne serait-il pas plus important pour le synode de débattre comment pouvoir appréhender et évaluer les vérités qui se trouvent dans l’hindouisme, l’islam, le bouddhisme ou toute autre religion et collaborer avec eux ?

Les questions posées à la fin des lineamenta portent sur l’évaluation de notre activité missionnaire. Quand on oublie la situation en Asie, où il est très difficile d’augmenter le nombre des baptêmes, la demande d’accélération des résultats – “Faites des efforts afin d’augmenter les fruits de l’action missionnaire” – ne fait pas retrouver leur entrain aux missionnaires. Nous avons besoin d’une vision missionnaire qui donne de la joie et un sens à la vie des chrétiens qui vivent, minoritaires, au milieu des religions traditionnelles. Nous avons besoin d’une évaluation fondée non sur le nombre des baptêmes mais sur l’interrogation : “Ai-je été fidèle à ma mission d’évangélisation ?” 

Autres points

La théologie qui sous-tend les lineamenta est la théologie d’un christianisme occidental qui apparaît aux yeux des non-chrétiens comme trop égocentrique et introverti. Il y manque une compréhension de la culture asiatique, spécialement de celle d’aujourd’hui, mélange de culture asiatique traditionnelle et de culture moderne américanisée. De plus, il est clair que nous ne pouvons pas non plus nous contenter d’une théologie occidentale moderne. Même du point de vue de la théologie occidentale d’aujourd’hui, il est difficile d’être satisfait. En particulier, même s’il s’agit, en Asie, de cultures non chrétiennes, nous ne pourrons jamais dire que la rédemption du Christ et le travail de l’Esprit Saint en soient absents.

L’analyse historique de l’Eglise dans les lineamenta donne l’impression d’être toute centrée sur l’Inde.

Les problèmes des Eglises dans la Sibérie de l’ancienne Union Soviétique et des Eglises du Moyen et proche Orient, le problème auquel est affronté l’Eglise en Chine, la difficile situation des nations socialistes dans la péninsule indochinoise, les souffrances occasionnées par la séparation des deux Corées, etc., manquent terriblement.

Les thèmes que nous proposons pour l’Eglise d’Asie

En nous appuyant sur le thème proposé pour le synode, “Jésus-Christ sauveur et sa mission d’amour et de service en Asie : qu’ils aient la Vie et qu’ils l’aient en abondance”, nous proposons les huit thèmes suivants.

1) Une théologie asiatique

Développer une missiologie, une pratique pastorale et une spiritualité qui s’appuient non seulement sur un Christ qui parle à l’intelligence, mais sur un Christ qui parle au coeur par sa présence vivante et son action. L’épanouissement de l’Evangile dans une culture (inculturation).

a) Une christologie élaborée à partir de la culture ambiante de l’Asie. Comment présenter Jésus à l’Asie. Dans quel sens le Christ est-il “le Chemin”  et “la Vie” pour les peuples d’Asie ?

b) Abandon du style occidental et création d’un nouveau visage d’Eglise. Que signifie, dans le concret, le salut apporté par Jésus Christ ? Comment exprimer le message du salut universel pour qu’il puisse être compris des peuples d’Asie ?

(2) Adopter un nouveau style d’évangélisation et nourrir la foi pour stimuler une foi asiatique

a) Partager la foi et les expériences évangéliques et apprendre des autres. Plutôt que des explications théologiques, des théories et des articles de foi, mettre l’accent sur la rencontre de Dieu dans l’esprit et le coeur tout au long de la journée. De même, échanger sur les limites ressenties de l’activité missionnaire de type occidental utilisée jusqu’à maintenant.

b) Etudier un plan concret pour la formation des prêtre et des fidèles et l’échange des responsabilités entre eux.

c) Etudier et mettre sur pied un programme d’éducation de la foi pour les jeunes qui corresponde à leur nouvelle culture.

d) La formation des migrants chrétiens à l’évangélisation.

e) Déterminer de manière positive le rôle des femmes dans l’évangélisation.

(3) Adopter un nouveau style de célébrations et de liturgie en Asie (utilisons-nous tout ce qu’il y a de positif dans chaque culture ?)

(4) Faire la lumière sur les différents problèmes de l’Asie, en utilisant les documents de la FABC

a) La pauvreté et les différents problèmes posés par la modernisation; spécialement l’éclatement de la famille, la prostitution, l’explosion démographique et l’éducation des jeunes, le statut de la femme, la discrimination, la destruction de l’environnement.

b) La corruption politique, la malhonnêteté, la corruption économique, l’oppression.

c) La sécularisation qui accompagne la modernisation et l’urbanisation, l’ambiance matérialiste et hédoniste, le déclin de la moralité.

d) Les contradictions de la vie quotidienne dans des sociétés orientées vers le capitalisme et la technologie.

e) L’influence des médias.

f) Le problème du fondamentalisme religieux, de la culture coloniale (comment prendre en compte la situation après le retour à la Chine continentale de Hongkong et de Macao?)

5) Renouvellement de notre solidarité avec les pauvres. S’attaquer au problème de la pauvreté de toutes nos forces et travailler avec charité et esprit de service

a) La pauvreté matérielle et culturelle apportée par l’injustice sociale.

b) La pauvreté spirituelle et morale apportée par l’inflation de l’égoïsme au service de l’idéologie matérialiste et consumériste.

6) Comment, sans répit, construire une échelle de valeurs basée sur la conception chrétienne de la personne et ainsi incarner “la mission de charité et de service”?

Comment faire pour que l’amour concret du Christ grandisse dans le coeur des hommes : avec l’ONU et les autres ONG, former l’opinion publique au respect de la vie humaine, au respect des droits de l’homme, de la justice sociale, de la paix, de la liberté, de la solidarité, etc.

7) La spiritualité de l’Asie et l’inculturation de l’Evangile

a) Par l’évangélisation, comment pouvons-nous porter à son épanouissement la spiritualité si éminente de l’Asie orientale, qui recherche par un certain nombre de méthodes à ouvrir son coeur, son esprit et sa vie à l’absolu ?

b) Comment l’originalité du christianisme peut-elle être introduite dans le dialogue et la bonne entente avec les autres religions ?

c) Comment l’esprit du christianisme peut-il prendre part à la “culture des jeunes” en Asie ?

8) Dialogue avec les autres religions

a) Tenter des approches concrètes et variées de dialogue.

b) S’efforcer d’exister et de vivre ensemble avec les gens d’autres religions.

c) Elaborer une identité plus riche de l’Eglise.

Demandes pour l’Eglise du Japon

Problèmes actuels et futurs dans lesquels est impliquée l’Eglise du Japon :

1) La Conférence des évêques du Japon a publié en 1984 “Orientations et priorités de

l’Eglise catholique du Japon”.

a) Chacun d’entre nous se doit d’être missionnaire et de transmettre sa joie de croire à ses frères et soeurs qui ne sont pas encore assis à la table du Christ. Nous devons conduire le plus grand nombre au baptême et, avec eux tous, être des collaborateurs de l’oeuvre du salut.

b) Dans la société japonaise actuelle et dans sa culture existent des germes évangéliques, mais c’est un fait que beaucoup de Japonais sont acculés à des situations oppressives et discriminatoires.

“Nous tous catholiques, avec la force du Christ, nous avons à cultiver ensemble cette semence avec nos humbles frères et soeurs et proclamer que l’Evangile peut changer société et culture en une société de respect de tout un chacun”.

Ainsi, la Conférence des évêques ne faisait qu’un avec tous les croyants, religieux, prêtres et évêques et, non seulement montrait sa détermination à travailler avec tous à l’évangélisation du Japon, mais avait tenu déjà deux conventions nationales (NICE I et II) pour promouvoir l’Evangélisation. (…).

Actuellement, pour briser les barrières qui existent encore, nous nous efforçons de bâtir une communauté ecclésiale, tous ensemble et spécialement avec les plus défavorisés de la société japonaise, de faire de l’Eglise un lieu où tous peuvent vivre dans la joie avec Dieu et les autres. (Concrétement : a) considérer les problèmes de société à la lumière de l’Evangile, travailler à des suggestions en vue de solutions à trouver; b) mettre sur pied un système de suivi de l’éducation de la foi; c) revitaliser la liturgie; d) revoir les structures diocésaines et paroissiales, etc.)

(2) Dans la société japonaise, l’Eglise catholique est très minoritaire et fragile. Dans ces conditions, il nous faut nous efforcer de découvrir ce que signifie pour nous : “L’Eglise est le sacrement du Royaume de Dieu”.

(3) Avec la forte augmentation des immigrants étrangers, nous devenons peu à peu une église multinationale. Nous essayons de développer une pastorale qui prenne en compte cette réalité. (…)

(4) Prenant en compte le fait que l’Eglise au Japon devient une Eglise sans jeunes, nous recherchons comment mettre sur pied des mouvement et des communautés qui accueillent des chrétiens de tout âge.

(5) Se souvenant des injustices que le Japon a commises en Asie (colonisation et participation à l’invasion économique, etc.) l’Eglise du Japon demande pardon et a commencé un nouveau mouvement pour la paix. (…)

(6) Comme Eglise victime survivante de l’arme atomique, nous continuons de plaider pour l’interdiction des armes nucléaires et exprimons notre opposition aux essais atomiques. (…)

(7) Nous nous préoccupons de la situation de la société japonaise qui peut se caractériser à la fois par une carence spirituelle et une abondance économique.

(8) Nous continuons d’interpeller le gouvernement pour qu’il réduise au minimum le mal fait à l’environnement par l’industrialisation de toute l’Asie et de coopérer pour un vrai développement de l’Asie.

(9) En réponse à un appel du Saint-Siège, nous demandons aussi au gouvernement japonais une réduction de la dette des pays étrangers à son égard.

Une proposition spéciale faite au Saint-Siège

Pour donner un nouveau visage aux relations entre le Saint-Siège et les Eglises qui sont en Asie, il faut envisager non plus un système de relations basé sur la “centralisation” mais sur la “collégialité”. Nous demandons que le Saint-Siège reconnaisse davantage une juste autonomie des Eglises locales. Par exemple, il est étrange qu’une approbation doive être obtenue du Saint-Siège même pour une traduction en japonais de textes liturgiques ou de catéchèse déjà approuvés par la Conférence des évêques. Pour l’évangélisation de nos pays, pour encourager l’inculturation, pour mettre sur pied une réelle “collégialité” entre les Eglises d’Asie, il faut montrer sa confiance envers les Eglises locales et leur indépendance doit être respectée en ce qui concerne l’administration et autres matières.