Eglises d'Asie

REPONSE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE INDIENNE AUX “LINEAMENTA”

Publié le 18/03/2010




juillet 1997

“…Qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance” (Jean : 10/10)

Renouveau dans le Christ pour l’Asie

Préambule : Notre principal objectif

1.0 Pour nous évêques de l’Inde, disciples du Christ et intendants de sa famille, la préparation du synode d’Asie signifie qu’il nous faut répondre à la nouvelle invitation de l’Esprit de Dieu à nous renouveler : une nouvelle rencontre avec le Christ, une nouvelle conversion pour une nouvelle communion, l’annonce d’un nouvel engagement dans la mission du Seigneur Jésus.

Nous prions pour que ce prochain synode contribue à une spiritualité mondiale nouvelle pour un renouveau de toute l’humanité. Que l’esprit du Seigneur nous donne la grâce de comprendre plus profondément ce que sont la justice, la paix et l’harmonie entre les peuples. Pour ce synode, nous nous souvenons des paroles du Pape Jean XXIII décrivant la première session du deuxième concile de Vatican. Que ces paroles soient prophétiques pour ce synode asiatique, qu’une fois achevé, il soit clair, rétrospectivement, que cette perspicacité s’est encore une fois vérifiée: “Des frères venus de loin prennent le temps de se connaître ; ils ont besoin de se regarder dans les yeux pour comprendre le coeur de l’autre ; ils ont besoin de temps pour dire leurs expériences ; elles reflètent leurs différences dans leur apostolat en des situations différentes…” Nos prières ferventes seront donc que ce synode soit une célébration de la communion que le Seigneur accorde au milieu de cette merveilleuse diversité qu’apporte son Esprit dans l’Eglise.

Comment nous envisageons la mission

1.1 Tout d’abord, nous voulons souligner ce que signifie la mission pour nous: essentiellement, nourrir la vie en plénitude et proclamer cette vie nouvelle dans le Christ par la parole, la charité et le service. Au moment où nous préparons le Jubilé nous comprenons davantage en profondeur que l’Esprit du Seigneur nous pousse à proclamer le don de Dieu en témoignant de façon significative la compassion du Maître pour son peuple, particulièrement pour les multitudes asiatiques des “plus petits”. La manière concrète d’accomplir cette mission ne peut être définie ou déterminée à l’avance. C’est plutôt dans la lumière du Christ que les communautés croyantes locales discernent leur mission aujourd’hui selon leurs propres conditions de vie.

Evangélisation et proclamation en Asie

1.2 Ici, il nous faut insister sur notre conception de l’évangélisation et sur une des ses composantes essentielles. Pour nous, être un évangélisateur signifie que nous sommes porteurs de la mémoire vivante de Jésus. Pour le célébrer et le partager, nous avons besoin, nous comme toute communauté, d’une continuelle conversion non seulement pour dire fidèlement le Verbe de Dieu mais aussi pour être la Bonne Nouvelle personnellement et en communauté comme Jésus lui-même nous l’a montré par son exemple. Il traduisait l’amour divin en réalités humaines quotidiennes pour réjouir le coeur des hommes et s’adresser à la personne dans son entier, dans ses besoins les plus profonds, le sens, la liberté, la vérité et l’amour. Pour nous, la proclamation commence par une présence évangélisatrice. Cela consiste essentiellement à être ce que nous sommes en Christ, individuellement et comme communauté qui existe non pour elle-même mais pour les autres. Nous sommes une communauté minoritaire qui ne cherche pas à conquérir mais à servir.

1.3 Suivant l’exemple de notre Seigneur dans son approche personnelle des peuples de l’Asie de son temps, nous croyons que la première chose nécessaire est de partager la vie des gens et de ne faire qu’un avec eux. Nous croyons que l’Esprit nous rappelle cette très grande vérité de l’évangélisation et de la proclamation : la mission commence et continue selon le modèle même du Christ incarné. Elle n’a de signification que quand elle s’adresse aux réalités concrètes de la vie dans un esprit de foi. Elle atteint sa plénitude dans le processus de renoncement à soi-même (Lc 9/23.26). L’évangélisation comportera toujours, comme fondement, centre et sommet de dynamisme, une proclamation claire que le salut en Jésus-Christ est offert à tous comme un don de la grâce et de la miséricorde de Dieu, ainsi que le Pape Paul VI nous le rappelle (Evangelii nuntiandi, une exhortation pastorale pour annoncer la Bonne nouvelle, no. 27). Nous croyons que c’est seulement par un témoignage crédible que l’annonce du message évangélique sera efficace.

1.4 Dans nos réponses aux lineamenta, cela sera donc notre visée première. Pour nous, la mission n’est pas une stratégie dictée par la seule prudence humaine. C’est une question de fidélité à Jésus qui se décrit lui-même comme le bon Pasteur et nous appelle, nous ses serviteurs et ses amis, à l’imiter. Notre principal souci ne sera donc rien d’autre que de l’écouter et obéir à l’Esprit qui appelle ses disciples à répondre mieux et de tout coeur aux besoins le plus profonds et les plus urgents des peuples de l’Inde. Nous ne pourrons faire cela que par l’écoute respectueuse de nos voisins et le dialogue avec eux. Le dialogue n’est pas simplement une activité d’Eglise parmi d’autres. Il est une dimension constitutive de toute Eglise locale authentique. Depuis Vatican II, être Eglise signifie être une communauté de foi en dialogue.

1.5 Ceci signifie que dans les réponses aux questions des lineamenta, nous avons à concevoir les réalités asiatiques non comme périphériques mais comme quelque chose d’importance centrale pour notre mission dans chaque aspect de notre mission, spécialement quand il s’agit de la proclamation. Nous ne sommes pas des observateurs mais des participants, avec nos autres frères et soeurs, aux différentes cultures, traditions religieuses et pauvretés économiques. Nous estimons de notre devoir privilègié d’écouter l’Esprit et de découvrir la volonté de Dieu, non à côté mais précisément à l’intérieur des combats actuels de l’Asie, de ses besoins, de ses aspirations à plus de justice, plus d’humanité, une vie plus pleine.

1.6 Donc, notre principal souci n’est pas le retour sur nous-mêmes comme si notre seul intérêt était de défendre nos droits de groupe minoritaire et d’assurer la sécurité de nos institutions. Nos réponses soulignent que nous voulons avant tout devenir véritablement asiatiques comme Eglises enracinées en profondeur dans les peuples d’Asie, afin de mieux remplir notre mission d’évangélisation aussi bien auprès de nos communautés chrétiennes que dans le reste de la communauté humaine au milieu de laquelle nous vivons.

1.7 Les défis actuels de la vie en Asie nous plongent dans de graves soucis pastoraux. Nous y faisons face avec courage et confiance, non en nous même mais en la présence du Seigneur et en sa force. Nous ne sommes pas seuls. Depuis que le Concile nous a rappelé que l’Eglise est essentiellement une communauté de vie, d’amour et de vérité (Lumen gentium, Constitution dogmatique de l’Eglise, no.9), nous avons retenu des leçons précieuses sur la communion. Grâce aux assemblées régulières de la Conférence des évêques de l’Inde (CBCI), de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde de rite latin (CCBI-LR), de l’Eglise Syro-Malabar, de l’Eglise Syro-Malankara et de la Fédération des Conférences des évêques d’Asie (FABC), nous apprenons que la communion implique une interdépendance entre chaque Eglise et toutes les Eglises en Asie. Ceci signifie qu’avec tous les peuples et dans leurs propres cultures et religions, nous sommes envoyés pour dialoguer en tant qu’amis et collaborateurs. Nous avons aussi pris conscience de notre besoin de communion avec les chrétiens d’autres Eglises et d’autres communautés ecclésiales. Nous avons compris que bien des réalités porteuses de mort – que nous énumérerons plus loin – sont si complexes et fortes que, pour les affronter et les transformer, nous devons tendre la main et coopérer avec tous les peuples de bonne volonté.

Notre histoire missionnaire (Question ;2)

2.0 L’histoire de la mission en Inde est celle d’un héritage où se mêlent bienfaits et handicaps. Nous avons à rendre grâce à Dieu pour le précieux héritage des commencements apostoliques de notre foi, pour les chrétiens de St Thomas du sud de l’Inde dont les origines remontent à l’apôtre qui, d’après la tradition, aborda notre sous-continent indien vers 52 Apr.J.C. Dans les siècles suivants, les chrétiens syriens montrèrent leur zèle généreux et persévérant et apportèrent leur foi à l’Asie du sud, et même jusqu’en Chine et en Mongolie.

2.1 Parmi les handicaps hérités du passé, se trouvent les liens entre le christianisme et l’oppresseur colonial. Bien des évangélisateurs du passé, c’est certain, donnèrent des témoignages d’une grande charité envers les pauvres et sacrifièrent leurs vies de manière héroïque. Pourtant, en même temps que l’expansion du christianisme grâce à tant de missionnaires, clercs, religieux et laïcs, inévitablement il y eut aussi des comportement contraires aux droits fondamentaux et aux sensibilités religieuses. Le résultat en est que même encore aujourd’hui, l’image projetées par quelques chrétiens semble définitivement étrangère et à l’enseignement de l’Evangile et à la culture indienne.

2.2 Dans le même temps et dans le contexte du Jubilé de l’an 2000, un nombre croissant de voix, comme celle du Pape Jean-Paul II (Tertio millennio adveniente TMA, lettre apostolique pour l’arrivée du troisième millénaire, nos 27 ,35, 36) expriment la nécessité de reconnaître les échecs du passé comme ceux du présent. Le Saint-Père parle de l’obligation pour certaines nations de faire un sérieux examen de conscience, pour reconnaître leurs fautes et leurs erreurs tant dans le domaine économique que politique, suite aux politiques impérialistes des siècles passés et présents menées contre d’autres peuples dont les droits ont été systématiquement violés (TMA 27). Nous, chrétiens en Inde, nous nous souvenons spécialement de la période coloniale, quand un certain nombre de ceux qui se disaient disciples de Jésus étaient injustes et intolérants envers les croyants d’autres religions. Leur apologétique était intransigeante et leur propagande choquante, accompagnée de mépris envers les valeurs culturelles et les croyances des adeptes d’autres religions.

2.3 Avec du recul, nous comprenons qu’à l’arrière-plan de ces erreurs et de ces offenses, il y avait des attitudes et des présuppositions souvent inspirées de préjugés culturels et d’une théologie inadéquate des religions du monde. Cette théologie était couramment acceptée à l’époque, depuis plusieurs siècles. Depuis lors, la connaissance de l’Eglise et son regard sur les autres religions ont beaucoup progressé et sont clairement exprimés aujourd’hui, dans l’enseignement du Concile oecuménique de Vatican II.

2.4 Malheureusement, on retrouve aujourd’hui une dimension très moderne de ces tristes réalités historiques. Dans pratiquement toutes les religions d’aujourd’hui, se trouvent des forces réactionnaires, petites certes, mais bien articulées, qui poussent leurs communautés respectives vers un fondamentalisme et un communalisme durs. Ces mouvements sont un vrai défi à la majorité des chrétiens qui poursuivent leur vie et leur mission dans l’amitié, l’harmonie et la non-violence.

2.5 Rencontrer les autres religions approfondit notre communion de vie avec Dieu. L’Eglise a reçu la tâche particulière de continuer la mission divine révélée en Jésus-Christ. Elle ne peut le faire qu’avec des hommes de bonne foi. L’Eglise a besoin de coopérer avec les autres, croyants et non-croyants à la construction du Royaume : établir le règne de Dieu par la promotion de la liberté, de la fraternité et de la justice dans le monde. La contribution spécifiquement chrétienne est le témoignage prophétique, à travers Jésus crucifié et son Esprit, d’une expérience dynamique de Dieu dans les luttes, les agonies, les conflits et les aspirations de tous les peuples. Toutefois, nous reconnaissons qu’il y a des éléments libérateurs et des éléments déshumanisants dans toute religion, y compris le christianisme.

2.6 La position officielle de l’Eglise catholique envers les autres religions n’est pas ambiguë : elle ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle tient en haute estime leur modes de vie, leurs comportements, leurs préceptes et leurs doctrines… Que les chrétiens, tout en témoignant de leur propre foi et de leur propre façon de vivre, reconnaissent, préservent et encouragent les vérités qu’ils discernent dans les autres traditions religieuses, leur vie sociale et leur culture (voir Nostra aetate, NA, Déclaration de Vatican II sur la relation de l’Eglise et les religions non chrétiennes, paragraphe 2).

Les réalités de l’Asie redéfinissent notre mission asiatique (Q;1&3)

Aidée par les réflexions collectives dans les rencontres au sein de notre propre Conférence épiscopale (CBCI), des assemblées de la FABC et des instituts pour l’Asie, notre expérience pastorale nous fait comprendre que, analyses et réflexions théologiques sur les réalités asiatiques sont très importantes. En fait, ces réalités redéfinissent notre mission. Elles nous aident à voir notre mission sous un angle neuf et plus acéré. Elles nous indiquent aussi des priorités pastorales. Car, la situation présente dans cette partie du monde appelle une compréhension renouvelée de la mission de nos Eglises locales.

3.1 Il est extrêmement difficile, si ce n’est impossible, de résumer de façon adéquate la situation globale et les conditions d’évangélisation en Asie et en Inde. Ce que nous voulons présenter ici n’est qu’une classification générale des réalités les plus communes de notre sous-continent et les plus importantes de conséquences pour la mission. Ce sont trois très larges chapitres de défis : (1) nos Eglises d’Asie elles-mêmes, (2) les mass-média, (3) la culture nationale.

Les défis issus de nos Eglises d’Asie elles-mêmes

Devenir vraiment Indien et Asiatique

3.2 Les Eglises de l’Inde ont une hiérarchie complètement indienne. Bien plus, 90% du clergé et des religieux sont indiens. Les langues locales sont utilisées dans la liturgie et la presse catholique. Les traditions religieuses indiennes sont étudiées dans des maisons de formation (bien que quelquefois ce soit assez superficiel, parce que la réflexion ne comporte pas de rencontres vivantes avec ceux qui pratiquent ces traditions étudiées de façon théorique). Des centres de dialogue interreligieux et des ashram se sont développés. Un début d’expression ecclésiale indienne de notre foi chrétienne a été réalisé. Il existe aujourd’hui des associations nationales, professionnelles et distinctes, pour la théologie, les études bibliques, liturgiques, catéchétiques, canoniques, de théologie morale et d’histoire de l’Eglise.

3.3 Il y a cependant des zones d’ombre que nous devons garder à l’esprit quand il s’agit de nos observations sur la nécessité d’une réelle inculturation des Eglises locales. Qu’il soit suffisant de dire ici que nous, Indiens, nous percevons le monde en tant qu’Asiatiques. Cette perception n’est pas un obstacle à l’évangélisation. Elle nous aide plutôt à enrichir notre compréhension et notre pratique de la mission ; potentiellement, c’est une aide importante pour la collaboration entre les église locales et l’Eglise universelle. Pour donner un exemple, regardons ce qui motive la mission. Pour les Indiens, quelqu’un qui annonce l’Evangile est avant tout motivé par sa propre et profonde expérience de la foi. Ce qui rappelle les mots de l’apôtre : “Nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu” (Actes 4,20). La foi en la mission de l’Eglise est pour les chrétiens d’Orient fortement trinitaire : c’est le dessein du Père qui est à l’origine; il ne peut être mis en oeuvre que par la participation à la mission du Fils et de l’Esprit (Ad gentes, AG, Vatican II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise, n°2).

3.4 L’histoire de l’évangélisation en Inde et en Asie témoigne du fait qu’en matière de religion, l’expérience transformante du divin est d’une importance cruciale. Parce qu’elle est une institution trop cléricale, la façon de penser, de parler et d’agir de l’Eglise, souvent, gêne la communication et heurte les sensibilités. Par exemple, elle parle, à juste titre, de liberté de conscience, mais les doléances qui s’expriment au sein même de l’Eglise font que son image publique apparaît quelque fois dure et donc vue comme un contre-témoignage.

3.5 La déclaration ci-dessous du Concile au sujet du développement de la réflexion théologique dans les nouveaux contextes culturels n’a pas été, selon nous, suffisamment prise en considération : “Il est nécessaire que dans chaque grand territoire socio-culturel, comme on dit, une réflexion théologique soit encouragée, par laquelle, à la lumière de la tradition de l’Eglise universelle, les faits et les paroles révélées par Dieu, consignées dans les Saintes Ecritures, expliquées par les Pères de l’Eglise et le magistère soient soumis à un nouvel examen. Ainsi, on saisira plus nettement par quelles voies la foi, compte tenu de la philosophie et de la sagesse des peuples, peut chercher l’intelligence et de quelles manières les coutumes, le sens de la vie, l’ordre social peuvent s’accorder avec les moeurs que fait connaître la révélation divine” (AG, no.22).

3.6 Nous voyons là le motif fondamental de l’échec des efforts de la mission chrétienne en Orient : La spiritualité et la mystique des religions d’Asie ont pratiquement été ignorées. A la place d’une compréhension, d’une gratitude et de la promotion des ces différentes et pourtant complémentaires visions du monde, nous nous désolons de voir aujourd’hui dans l’Eglise un climat de crainte et de doute. Ce qui est, pour la mission, destructeur de communion et de participation.

L’esprit de caste

3.7 Paradoxalement, un très grand nombre de chrétiens indiens appartiennent à deux communautés les plus pauvres et les plus opprimées de notre pays, les dalits et les aborigènes (des peuples issus des castes et peuples répertoriés). Il y a pourtant encore bien des communautés dans lesquelles les préjugés de caste sont toujours vivaces. Quoique par le baptême tous et chacun d’entre eux soient unis à la Très Sainte Trinité et entre eux, néanmoins, il y a des divisions parmi les chrétiens eux-mêmes à ce niveau socio-religieux à cause de l’esprit de caste.

Oppression sexiste

3.8 La contribution des femmes à la vie de l’Eglise et à la mission, particulièrement des mères de familles et des religieuses est fondamentale et profonde. Depuis Vatican II, (1962-65) bien des changements ont eu lieu dans le sens d’une meilleure reconnaissance de cette réalité par l’élément masculin de l’Eglise. Cependant, les structures des traditions patriarcales de la société indienne, même à l’intérieur de l’Eglise, continuent d’offenser et d’opprimer les femmes. Elles sont à juste titre admirées et même exaltées par les médias dans leurs fonctions de mères et d’épouses ; en tant que personnes, par contre, nos journaux quotidiens témoignent d’attitudes inhumaines envers elles. Le nombre toujours croissant de harcélements sexuels, de viols, d’enlèvements, d’infanticides des filles et de meurtres pour des querelles de dot le prouve.

3.9 Pour apporter guérison et réconciliation à cette honte nationale, les hommes catholiques sont appelés à être des modèles de respect pour les femmes en tant que leurs véritables collaboratrices. Dans la pratique, les hommes doivent manifester leur conversion par une habitude d’écoute respectueuse des femmes en tant que partenaires égaux et précieux dans la construction du Royaume.

Vers une Eglise de pauvres

3.10 Il est clair que la communauté chrétienne indienne est appelée pour l’heure à une conversion ecclésiale : être une Eglise de pauvres. Sans doute des efforts ont-ils été faits pour être avec les pauvres et les dénués de tout dans leur lutte pour une vie digne d’êtres humains. En ce temps de grâces jubilaires, l’Eglise est poussée par l’Esprit de son Seigneur à prendre une attitude plus vigoureuse et plus prophétique au nom de centaines de millions de pauvres, quelles ques soient leurs religions. Dans le même temps, de plus en plus de fidèles expriment leur mécontentement devant un certain nombre d’institutions d’Eglise au service des riches, des puissants et des nantis de notre pays.

Vers une Eglise du peuple

3.11 Une Eglise de communion devrait être une Eglise de participation dans laquelle tous les baptisés sont engagés activement et efficacement dans tous les domaines de sa vie et de sa mission. Généralement, une large proportion des laïcs d’Asie s’est contentée d’être assistée. Ils n’ont pas encore pleinement saisi leur rôle en tant que communauté en état de mission.

3.12 Nous arrivons, ici, à la formation nécessaire de tous les chrétiens comme première exigence d’une Eglise participative. Jean-Paul II a affirmé qu’une formation n’était pas les privilège de quelques laïcs mais un droit et un devoir pour tous (Christi fideles laici, exhortation apostolique aux fidèles chrétiens laïques, no.63). En théorie et dans les discours publics l’accord est quasi général, mais les Eglises sont loin d’en avoir fait une priorité dans leurs plans annuels et leurs budgets. Un autre point d’accord est celui des familles chrétiennes en tant qu’Eglises domestiques. Elles ont besoin d’un plus grand appui pastoral pour les aider à être, elles aussi, des formatrices pour la mission. Beaucoup de vocations sacerdotales et religieuses sont les témoins du potentiel missionnaire de nos familles.

Le défi des mass-média

L’immense potentiel des médias, bon et mauvais, en vue du changement

3.13 Déjà dans les années 1950, le gouvernement indien avait estimé comme énorme le potentiel des moyens de communication pour un changement constructif. Aussi, avec l’aide internationale, avait-t-il investi dans la télévision éducative en direction des écoles et des paysans illettrés. Depuis, l’industrie de l’audiovisuel a pris un essor qui dépasse de loin les calculs des experts. Les jeunes Asiatiques et Indiens, qui forment la majorité de nos populations, sont les usagers les plus facilement influençables des médias électroniques, télévision et cinéma spécialement.

3.14 Pasteurs et éducateurs sont gravement concernés par les valeurs étrangères dégénérées prenant la place des valeurs traditionnelles. Un certain nombre de ces influences sont la nouvelle culture des médias : a) promotion du consumérisme, du matérialisme et implicitement, dénigrement des réalités transcendantes, b) violence et sexisme romancés, c) propagation subtile de l’hédonisme et de l’individualisme.

3.15 La communication dans l’audiovisuel représente une nouvelle culture. Ceci donne aux chrétiens véritablement d’immenses possibilités d’évangéliser un nouveau milieu en le transformant par l’intégration des valeurs évangéliques.

Le génie national

3.16 Dans le cadre de cette vue d’ensemble de notre paysage national, une des réalités les plus frappantes est le pluralisme indien. Pour un étranger, ce déploiement de cultures, de langues et de religions est déroutant de complexité. Les chrétiens indiens, pourtant et avec réalisme, sont optimistes et reconnaissants pour cette abondance des dons de Dieu. Cette optimiste gratitude s’inscrit en finale de deux documents, celui du séminaire qui s’est tenu à Bangalore en 1979 sur l’Eglise indienne aujourd’hui, et celui de Bombay en 1989 de la Conférence des laïcs catholique de l’Inde.

3.17 Au niveau de notre société prise dans son ensemble, l’influence la plus récente et la plus dramatique est venue de la nouvelle économie globale du gouvernement, laquelle est issue elle-même des pressions des organisations monétaires internationales et de certains intérêts propres à l’Inde qui contrôlent les médias. Il n’est donc pas étonnant qu’ils acclament l’entrée de l’Inde dans le marché global comme la panacée pour les nombreuses maladies socio-économiques de notre pays. Cette position est prise malgré une inflation galopante et les contradictions aveuglantes entre le passé et les échecs de la politique actuelle en bien des domaines du développement comme de l’éducation, les soins de santé, la réforme agraire, la prise en charge des communautés largement minoritaires et la marginalisation des groupes sans pouvoir.

Le réseau omniprésent de la corruption

3.18 Déjà en 1983, un rapport de la CBCI au synode romain notait que la corruption en Inde était douloureuse et effrayante : “Elle apparaît omniprésente. Dans le monde des affaires, profit (immoral), thésaurisation, marché noir et évasion fiscale sont partout… L’impuissance augmente encore quand on la découvre aux plus hauts échelons de la société et du gouvernement… Des accusations de corruption dans l’Eglise n’ont pas manquéLes quatorze ans qui se sont écoulés depuis que ces mots ont été écrits n’ont fait que confirmer leur vérité. La conclusion de notre rapport n’en est pas moins pertinente aujourd’hui : “Nous avons à nous souvenir que capituler dans une telle situation, c’est renoncer à notre mission de sel de la terre et de lumière du monde

Une population trop importante pour les ressources du pays

3.19 De quelque façon que soit envisagée la situation nationale, nous reconnaissons que notre pays approche les limites de ses ressources nationales dont il abuse systématiquement. L’Inde a plus que doublé sa population au cours des cinquante ans depuis l’indépendance. La doublera-t-elle encore d’ici l’an 2.047 ? Dans les prochaines décennies de ce tout proche 21ème siècle, l’Inde, déjà, aura la population la plus nombreuse de la planète. Bien que ce continent soit plus petit que la Chine, le nombre des citoyens indiens franchira la barre du milliard, grâce à l’allongement de l’espérance de vie, et l’incapacité du gouvernement à motiver la population à limiter les familles comme il convient. (En contraste avec les autres communautés, c’est un fait confirmé par des statistiques fiables, que la communauté chrétienne de l’Inde dans son ensemble exerce sa responsabilité parentale de façon exemplaire). Le problème de la population n’est pas seulement un défi auquel s’affronte le sous-continent indien. C’est un problème pour toute l’Asie et même pour le monde.

Sauvegarde de l’environnement de l’Inde

3.20 La dégradation de l’environnement par la circulation automobile, la pollution industrielle et d’autres facteurs, est un autre difficile problème mondial. Pire encore, certaines parties concernées nient le fait que notre communauté humaine est en train de détruire des ressources non renouvelables, alors que d’autres autorités essaient d’en rejeter la responsabilité majeure sur les pays en voie de développement. La couverture forestière de l’Inde, l’air et les réserves souterraines d’eau sont détruites jour après jour et/ou polluées de façon alarmante. Cette situation provient d’une négligence éhontée, d’une soif de profit et de la connivence des autorités officielles.

Une Eglise de dialogue (Q;4)

4.0 Plutôt que de parler comme le font les lineamenta de “l’utilisation” des bons côtés des religions asiatiques, nous demandons : dans quelle mesure l’Eglise peut-elle apprendre de et collaborer avec les autres religions pour faire advenir le Royaume de Dieu et la libération intégrale des peuples ?  C’est le langage du dialogue, et il est compris par les autre religions.

4.1 Quelques autres importantes remarques préliminaires sont nécessaires :

– Dans un pays et sur un contiment où cohabitent plusieurs religions, être religieux signifie être interreligieux – c’est-à-dire vivre amicalement le dialogue.

– Nous ressentons la nécessité de dire que ce dialogue authentique ne semble pas être bien compris par beaucoup de chrétiens. Après tout, il ne concerne pas seulement les théologiens. Il s’agit du devoir et devrait être le souci de toute l’Eglise.

– L’esprit et la pratique du dialogue ne se limitent pas au dialogue oecuménique chrétiens-musulmans, chrétiens-hindous, chrétiens-bouddhistes ou chrétiens et religions traditionnelles. Il englobe le dialogue entre les églises locales et l’Eglise universelle comme communion des communions. Nous croyons que bien des embarras et des soucis pourraient être évités grâce à un dialogue adéquat à ce niveau. Par exemple, il y a une dizaine d’années, une instance du Vatican avait diffusé un document traitant des méthodes de prière et de méditation utilisées par des chrétiens et qui provenaient d’autres religions asiatiques. Sans mettre en doute la bonne intention, disons que ce document aurait été plus efficace si une nécessaire consultation préliminaire avait été effectuée parmi les Eglises concernées.

4.2 Le principe est admis qu’un mystère ne peut être compris. Devant le mystère, notre attitude doit être toute d’acceptation respectueuse et d’humble ouverture. Le dialogue de Dieu avec les peuples asiatiques à travers leurs expériences religieuses est un grand mystère. En tant qu’Eglise, nous prenons part à ce mystère par le dialogue, le partage et l’écoute. Le dialogue, alors, devient une expérience du Royaume de Dieu.

4.3 Ce type de dialogue est la nouvelle manière asiatique d’être Eglise, développant compréhension mutuelle, harmonie et collaboration. Ce chemin d’être avec et de servir les autres religions, c’est la lecture des signes de notre temps qui nous l’indique : il se révèle à nous comme volonté de Dieu pour les communautés chrétiennes de l’Asie d’aujourd’hui. Il est une réponse adéquate aux vastes et variés problèmes de l’Asie qui sont une menace pour sa vie même. Parmi eux, le fondamentalisme religieux et le communalisme à qui des politiciens peu scrupuleux ont souvent recours.

4.4 Dans un dialogue sincère avec d’autres cultures et religions, les Eglises d’Asie ont à apporter une contribution sans prix à la vie de communion des Eglises et à la culture universelle du monde. Rappelons-nous seulement combien la communauté de nations pourrait apprendre des religions tribales et de leurs valeurs, à commencer par leur vénération pour la nature et l’environnement. Nous avons aussi beaucoup à apprendre de nos frères et soeurs d’autres traditions pour développer la vie de prière, l’ascétisme et la spiritualité.

4.5 De même que L’Esprit de Dieu appelle l’Eglise d’Asie à la conversion et au témoignage de la mission (voir Révélation 2,3), nous entendons aussi le même Esprit nous ordonner d’être vraiment catholiques, ouverts, et de collaborer avec le Verbe présent de façon active dans les grandes religions traditionnelles de l’Asie d’aujourd’hui. Confiance et discernement, plutôt que peur et excès de prudence, doivent nous accompagner dans nos rapports avec ces nombreux frères et soeurs. Ensemble avec eux, nous formons en effet une communauté appartenant à l’unique famille de Dieu créée pour peupler la terre entière. Nous partageons avec eux une même destinée et une même providence. Marchant ensemble, nous sommes appelés à parcourir le même chemin pascal avec le Christ jusqu’à l’unique Père de tous (voir Luc 24/13 f. et NA, n°1; voir aussi Vatican II, Gaudium et spes, GS, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, n°22).

Jésus Christ, notre horizon et notre chemin (Q;5)

5.0 Dans notre mission de collaboration au Royaume de Dieu, Jésus-Christ est à la fois notre horizon et notre chemin. Nous sommes soutenus par le souvenir vivant de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Il est un don de Dieu à l’Eglise pour partager avec tous les peuples en étant respectueux de leur histoire. Le langage de l’Eglise dans la proclamation doit être clair et en même temps ne pas paraître nier l’authentique action de Dieu dans les autres cultures et religions.

5.1 Une des déficiences de notre christologie présente est que, parfois, elle use d’un langage exclusif qui ne montre qu’un côté du grand mystère du Christ, comme s’il était valable pour tous les temps et partout. Par exemple, cette phrase des lineamenta : “Jésus-Christ…le seul et unique Sauveur“. En union avec le Père et l’Esprit, le Christ est en effet la source et la cause du salut pour tous les peuples ; mais cela n’exclue pas la possibilité pour Dieu d’employer mystérieusement d’autres moyens, ainsi que Jean-Paul II le dit de façon claire. Parlant de l’unique médiation universelle du Christ, il dit que “le concours de médiations de types et d’ordres divers n’est pas exclu, tant que celles-ci sont entendues comme acquérant leur sens et leur valeur de la médiation du Christ et non comme son parallèle ou son complément(Redemptoris missio, Encyclique sur la Mission du Rédempteur, n°5 ; voir aussi LG, no 62). Cette expression des lineamenta que Jésus-Christ est le seul et unique Sauveur de la totalité de l’humanité est donc entendue dans le contexte indien, comme prenant sérieusement en compte la situation multi-culturelle et multi-religieuse de notre pays. A la lumière de la volonté salvifique universelle et du dessein de Dieu, si vigoureusement affirmés dans le Nouveau Testament, la christologie indienne dans son approche, cherche à éviter les expressions négatives et exclusives. Le Christ est un sacrement, un symbole décisif, le salut de Dieu pour l’humanité entière. C’est ce que l’universalité unique et salvifique du Christ signifie dans le contexte indien. Cela, cependant, ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’autres symboles valables pour eux mêmes et que les chrétiens perçoivent comme liés au symbole décisif, Jésus-Christ. Tout ceci implique que pour des centaines de millions de nos compagnons d’humanité, le salut est vu comme voulu pour eux, non en dépit, mais à travers et dans leur traditions socio-culturelles et religieuses variées. Ainsi donc, nous ne pouvons pas dénier à priori un rôle salvifique à ces religions non chrétiennes. En résumé, notre langage s’efforce d’être inclusif et holistique autant que possible ; il nécessite, alors, d’être en accord avec notre vie. Quand il s’agit de proclamation chrétienne, la leçon pratique et fondamentale reste que les mots sans l’action sont vides et l’action sans les mots, ambiguë. Le langage de Jésus n’a toujours fait qu’un avec son témoignage de vie, une proclamation de mots-actes. Nous, ses disciples, pourtant, non seulement nous séparons les deux, mais notre pratique parfois même, contredit notre prêche.

5.2 Il n’y a pas qu’une théologie dans le Nouveau Testament. Cette pluriformité de la théologie s’adressait à différentes Eglises dans des cultures et des situations de vie variées. La christologie n’est pas un produit fini mais toujours en développement, même si l’on admet le caractére normatif des christologies liturgiques, bibliques, patristiques et conciliaires. L’expérience vécue de la communauté chrétienne, les règles indispensables qui s’en suivent, les diversités de temps, d’espace et de conditions culturelles jouent un rôle important dans ce développement. Dans ce contexte, il faut prêter attention aussi aux revendications à portée universelle et exclusive d’un salut unique présentées par les autres religions avec lesquelles nous vivons et sommes en contact de dialogue. En méthodologie théologique, le rôle normatif des formulations scripturaires, les affirmations de la tradition, l’expérience des communautés de foi et les contextes de vie des chercheurs de Dieu nécessitent de plus amples et approfondies recherches dans le processus de développement des concepts christologiques et des expressions nées au cours des temps.

5.3 Ainsi, les églises dans le monde et ici en Asie se trouvent dans la nécessité de créer des théologies contextualisées de notre foi unique incarnée dans plusieurs cultures. Une méthodologie commune et une commune expression de la foi pour prêcher l’Evangile aux peuples d’Asie ne peuvent être énoncées. Plutôt, chaque pays d’Asie doit développer avec grand discernement sa propre méthodologie en accord avec ses besoins pastoraux. Les artisans des ces expressions de foi bien situées dans leur contexte sont les Eglises locales guidées par “un magistère à caractère surtout pastoral” (Jean XXIII dans son discours d’ouverture de Vatican II, 11 oct. 1962 ; voir aussi Liturgie romaine et inculturation dans L’Osservatore Romano, du 14 avril 1994).

5.4 En affirmant le caractère unique du Christ comme fils unique du Père, envoyé par lui dans la puissance de l’Esprit, Source du salut pour tous les peuples, nous devons aussi noter attentivement que cette déclaration est avant tout une profession de foi. Profession d’une foi mature, qui n’advient pas quand commence le voyage de la foi mais au cours du pèlerinage, comme le sommet et la conclusion pour celui qui a été évangélisé, conduit par la grâce, dans l’Esprit.

5.5 Dans le même temps, l’Eglise se doit de donner un témoignage enraciné dans la mémoire qu’elle a du Christ. Dans la résurrection et l’exaltation de Jésus le Christ se trouve le fondement d’une vision vraie et complète de la réalité. Car, par lui est révélée la vision unitaire que Dieu porte sur l’histoire. En lui les multiples sont réunis dans l’Unique, sans perdre leur identité.

5.6 Les chrétiens indiens, individuellement comme en famille ou en communauté, doivent témoigner du Christ par des vies à la fois enracinées sans ambiguïté dans le sol indien et modelées sur le don pascal de soi. Nous croyons précisément, que c’est la contemplation qui nous aide à évangéliser. Pas de mission sans contemplation. L’expérience de la mort et de la résurrection du Christ dans la contemplation conduit à la mission, et le mystère pascal est un défi pour nous d’être assez absolus pour transformer radicalement la société actuelle et ses structures en tous domaines.

5.7 L’évangélisation de l’Eglise indienne jaillit d’un double ardent amour : amour de son Epoux et amour du prochain. Ces deux amours lui font découvrir le Christ dans les religions indiennes, les cultures et la multitudes des pauvres. Elle cherche à dévoiler son visage et à courageusement témoigner de lui dans l’espoir qu’ils pourront eux aussi le reconnaître et l’accepter.

Formation de l’Eglise locale en vue de la mission (Q;6)

6.0 L’Eglise en Inde est porteuse de la mémoire du Christ ressuscité. Elle est aussi instrument d’instauration du Royaume de Dieu. Les communautés chrétiennes locales, chacune avec son évêque qui incarne la communion avec toutes les autres Eglises, doivent rester fermement enracinées dans leur terre et être chez elles au milieu des mille cultures de l’Inde. Pour y parvenir, chaque Eglise doit pratiquer la co-responsabilité et l’écoute dans la foi. Chacune doit jouir d’une légitime autonomie et atteindre une indépendance mature.

6.1 En tant que pasteurs nous souffrons de certaines tendances conflictuelles dans l’Eglise. Même parmi les laïcs existe la tendance à jouer le jeu des menaces en vue d’exercer un contrôle. Nous savons qu’une communion fondée sur un pouvoir coercitif ne fait pas une communauté. Elle n’est pas non plus inspirée par Dieu. Tous, nous avons à être libérés par le Conseiller de ces influences étouffantes.

6.2 La préparation du Jubilé de l’an 2000 nous aide à devenir plus fortement convaincus que l’Esprit-Saint veut de toute évidence faire quelque chose de neuf pour la gloire de Dieu sur notre sous-continent, préparant la naissance d’une Eglise locale authentiquement indienne, qui ne soit pas étrangère aux richesses culturelles et aux aspirations de son pays. Une Eglise qui exprime sa vie, célèbre et témoigne dans un riche déploiement de langages et de symboles.

6.3 Pour l’instant, peut-être le plus grand obstacle au renouvellement intérieur de nos communautés vient de la résistance à devenir une Eglise authentiquement participative. Ceci explique les résultats généralement pauvres des conseils paroissiaux et des communautés de base. L’image de l’Eglise, vue par Vatican II comme mystère, communion et messagère, demande à la hiérarchie et au clergé d’abandonner le contrôle monarchique de la vie des communautés, de la liturgie et du service. Du côté du laïcat, également, demeure une répugnance à assumer des responsabilités jusqu’ici réservées aux évêques, aux prêtres et aux religieuses. La formation des laïcs en vue de la mission, élémentaire ou supérieure, n’est pas encore une priorité dans nos diocèses.

6.4 Au niveau de la paroisse, c’est comme une léthargie causée par une piété qui n’a pas été évangélisée et le manque du sens d’appartenance. Nous sommes ici dans un cercle vicieux. Il n’y a pas de renouvellement parce qu’il n’y a pas de formation, et pas de formation parce que la vision pastorale, la pensée et les projets ne se sont pas renouvelés. D’où l’urgente nécessité d’une nouvelle évangélisation de tous les fidèles croyants, évêques, clergé, religieux, religieuses y compris.

La vocation oecuménique de l’Eglise locale (Q ; 7 et 8)

7.0 La plupart des Indiens d’autres religions ne comprennent pas ce qui semble être pour eux des divisions entre chrétiens. Depuis la découverte par Vatican II de la vocation oecuménique de l’Eglise catholique, bien des fruits sont apparus. Beaucoup ont été réalisés particulièrement dans le domaine du travail fait en commun des secours d’urgence humanitaire, de la justice et de la défense des droits de l’homme. L’actuelle participation et engagement pour le soutien des pauvres parlent plus éloquemment que les belles déclarations et recommandations.

7.1 Saint Augustin a dit qu’il ne pouvait pas croire l’Evangile comme une Bonne Nouvelle s’il ne le voyait pas vécu en communauté. Une telle communauté qui témoigne, sera, comme son maître, un serviteur du Royaume, tendu vers les petits et les derniers, sans considération de caste, de croyance ou des conditions de vie.

7.2 Au niveau national et régional, l’Eglise en Inde est vouée à promouvoir la collaboration et l’unité des chrétiens. Au niveau paroissial, cependant, la communauté catholique n’apparaît pas engagée oecuméniquement parlant, même si quelques laïcs sont engagés personnellement dans l’oecuménisme, l’amitié et l’hospitalité. Il est important de noter que ces pratiques réussies ne sont pas issues d’une doctrine mais de la vie. La célébration du grand Jubilé dans l’élaboration de ses projets et leur exécution nous offre de bonnes occasion d’élargir et d’approfondir nos liens avec nos frères et soeurs des autres Eglises chrétiennes et communautés ecclésiales.

8.0 Les religieux en Inde, avec une grandes majorité de femmes, sont la plus large ressource en personnel dévoué et bien formé de l’Eglise. Quelquefois cependant, les priorités de la Congrégation semblent prendre le pas sur le service de l’Eglise locale. La Conférence des religieux de l’Inde (CRI), au plan national et local, propose aux religieuses une formation continue pour élargir leur réflexion et leur vision de foi. Les rencontres régulières des CBCI-CRI à l’échelon régional ont été bénéfiques pour promouvoir une plus grande compréhension et collaboration dans les paroisses.

Le dialogue comme oecuménisme élargi (Q;9)

9.0 Partout en Asie et en Inde, depuis des siècles, existe un important “dialogue de vie”. Ceci fait référence aux expériences populaires d’un dialogue vécu entre des personnes de différentes croyances parmi les peuples d’Asie. Ce ne sont pas tant des discussions sur des sujets religieux ou des doctrines, que des aperçus religieux, moraux et spirituels pris dans la sagesse et l’expérience de toutes les religions et appliqués ensuite aux problèmes humains urgents qui affectent des centaines de millions d’Asiatiques.

9.1 Encore que la mention de dialogue dans certains endroits soulève des doutes et des ambiguïtés. Le synode qui se prépare pourra dissiper cette atmosphère négative par des mesures encourageantes et prophétiques – comme le geste de Jean-Paul II à Assise en 1986 quand, à son invitation, d’éminents responsables d’autres religions se sont réunis et ont prié. Les catholiques peuvent être encouragés à participer, à leur niveau, aux fêtes de leurs voisins et les inviter en retour à partager les fêtes chrétiennes.

9.2 Les écoles catholiques et les collèges instruisent des dizaine de milliers d’étudiants appartenant à d’autres traditions religieuses. Ces institutions offrent de précieuses chances pour faire connaître les valeurs du Royaume, et le dialogue interreligieux se tient non seulement entre leurs étudiants mais également entre leurs parents/tuteurs et leurs professeurs.

9.3 Depuis le bain de sang au moment de la partition du pays, l’Inde a été témoin d’émeutes pratiquement chaque année depuis un demi-siècle. Souvent, des intérêts criminels et politiques incitent à ce genre d’émeutes pour leur profit personnel. Le dialogue en Inde est donc, à la fois une condition préalable à l’existence de l’Eglise et une question de vie et de mort.

Inculturation : à la découverte de notre noyau intérieur (Q;10)

10.0 Nous, pasteurs en Inde entendons bien des critiques à propos de nos efforts en faveur de l’inculturation. Par exemple, certaines critiques s’interrogent: “Pourquoi insister sur l’inculturation alors que le monde entier se transforme en un vaste village ?”  Il est certain que les cultures changent très vite sous bien des aspects ; mais le noyau originel de ces cultures demeure. En fait, c’est lui qui aide à définir la véritable identité d’un peuple. Quand nous disons de l’Eglise locale qu’elle a besoin d’inculturation, nous parlons de ce centre intérieur qui est au coeur d’un peuple.

10.1 Les définitions de culture et d’inculturation sont innombrables. On ne peut les comprendre “vues d’en haut”, mais seulement “vues d’en bas”, non comme un observateur mais comme un participant, avec le peuple et l’aimant comme soi-même. Quand on parvient à éclairer et à purifier une culture par la foi évangélique et à exprimer cette foi et à la célébrer, il est important de se souvenir que la foi est une relation. Les relations ne s’expriment pas par des formules mais dans des signes et des symboles attirants et compréhensibles au peuple. Ceci suppose de profondes implications pour une véritable et efficace inculturation de la liturgie et d’une proclamation féconde.

10.2 En cette période critique de notre histoire, l’Eglise est appelée à l’expérience renouvelée de l’immolation pascale de son Seigneur et à se transformer. Au milieu des réalités socio-économiques, religieuses et culturelles difficiles, elle doit donc utiliser les signes et les symboles appropriés qui l’aideront à la fois à s’approprier une foi renouvelée et à partager avec ses frères et soeurs des autres traditions.

10.3 Guidés par l’Esprit, les chrétiens indiens ont reçu de l’héritage religieux du sous-continent de précieux éclairages. Pendant sa visite en 1986, Jean-Paul II observait dans une de ses homélies, que la plus grande contribution de l’Inde était de pouvoir offrir au monde un vision spirituelle du genre humain (voir “Le pape parle à l’Inde” St Paul Publications, 1986, p. 47). Aussi, les Eglises indiennes peuvent-elles partager largement leurs richesses avec l’Eglise universelle. Un contexte d’ouverture respectueuse, une amitié évangélique et la liberté sont exigées et attendues dans ce mouvement. Ceci sera créé et maintenu par une libre communication entre les partenaires du dialogue.

10.4 A cause des effets écrasants du colonialisme, l’Eglise indienne a besoin d’une

inculturation corrective, d’un côté pour se déculturer des valeurs occidentales néfastes, et de l’autre pour s’inculturer dans les richesses des vrais dons de l’Esprit. L’inculturation en Inde a été dans bien des lieux, marginale et peu importante, limitée surtout à des changements superficiels. L’inculturation ecclésiale par laquelle les richesses de notre héritage indien et nos traditions religieuses sont incorporées à la vie de foi, est lui-même une contribution à l’enrichissement de toutes les Eglises dans le monde.

10.5 Bien des représentants des Eglises sont venus évangéliser l’Asie avec un complexe de religion majoritaire, comme une force conquérante et puissante ayant le sens de sa supériorité religieuse et culturelle. L’évangélisation à l’époque était comprise comme une “conquête”. Aujourd’hui, notre Eglise asiatique est appelée par l’Esprit à évangéliser en tant que très petite communauté. Ici, un complexe de supériorité conquérante n’aurait aucun impact. Par conséquent, les chrétiens d’Asie ont à apprendre à être une Eglise minoritaire sans complexe. Le synode servira beaucoup la cause de l’évangélisation en insistant sur ce fait et en indiquant clairement une méthode pour une réalisation en Asie de la mission du Christ par l’Eglise en tant que minorité, vraiment minuscule petit troupeau.

Une église qui vit la justice sociale (Q;11)

11.0 Nous sommes heureux de reconnaître que bien des religieux et des laïcs sont impliqués à tous les niveaux du développement des secteurs en retard de notre société. Ils expriment leur total engagement à l’égard de l’enseignement chrétien en matière sociale en rejoignant les plus pauvres des pauvres dans leurs luttes pour leur libération. Ils le font avec courage ne cessant pas de donner leur vie même dans l’exercice de leur devoir. Nous sommes aussi heureux de souligner que des milliers de militants se donnent eux-mêmes sans compter. Ils n’ont souvent aucun lien connu avec la religion chrétienne. Ils viennent de traditions religieuses diverses et un certain nombre d’entre eux sont de tradition humaniste. De plus en plus de gens éclairés en Inde commencent à comprendre combien il est nécessaire de travailler ensemble quelle que soit l’appartenance religieuse ou l’idéologie à une transformation socio-économique. Par exemple, le Dalai Lama a créé une fondation pour promouvoir une telle coopération en matière de responsabilité mondiale.

11.1 Dans notre travail pastoral, nous découvrons que souvent la doctrine sociale de l’Eglise est répercutée dans les statuts internationaux des droits de l’homme et vient les appuyer.

11.2 L’Institut pour l’action sociale (BISA) de la FABC a pris l’initiative de programmes d’éducation par “immersion” pour les évêques. Ils nous aident à acquérir une méthodologie : 1) un exposé, 2) une analyse interdisciplinaire, 3) une réflexion de foi, 4) l’élaboration d’un plan d’action. De telles expériences personnelles nous ont davantage fait découvrir le travail de l’Esprit du Christ parmi les pauvres. Nous avons perçu combien les anawim d’Asie vivaient le mystère pascal du Seigneur avec dignité, espérance et une stupéfiante générosité.

11.3 Dans nos pays d’Asie, le colonialisme date de plusieurs siècles. Pour le service national de la dette, ces peuples anciennement colonisés, versent aujourd’hui un large pourcentage de leur budget pour en payer seulement les intérêts. En accord avec la doctrine sociale catholique, le synode pour l’Asie devrait, de façon vigoureuse et prophétique, lancer un appel pour la suppression de ces très injustes et beaucoup trop élevées dettes nationales. Cette démarche serait bienvenue à l’occasion de la célébration de l’année du Grand Jubilé.

11.4 Toutes les Eglises d’Asie et en particulier les Eglises indiennes ont à faire face à des pratiques déshumanisantes, les intouchables, l’asservissement des femmes et des enfants, l’oppression systématiques des peuples autochtones, le travail des enfants, les conditions inhumaines de travail pour les manoeuvres indiens, etc. A la lumière de la doctrine sociale chrétienne, ce qui nous semble une nécessité de l’heure, c’est notre propre enseignement social bien adapté à nos peuples qui aura le plus de prise sur ces péchés commis à l’encontre de dizaine de millions de nos frères et soeurs.

La nouvelle culture médiatique: où se situe l’Eglise ? (Q;12)

12.0 C’est un amer paradoxe que de constater que l’Eglise, quoique missionnaire et par conséquent destinée à être une totale professionnelle de la communication, ait été si lente à lire les signes des temps quant à la nécessité d’un engagement dans la compréhension et l’utilisation des médias.

12.1 Dans toute l’Asie et en Inde, la télévision par satellite s’est transformée en une véritable invasion venue du ciel qui affecte profondément la vie familiale et spécialement les enfants et les jeunes. Quoiqu’un certain nombre de programmes soient de valeur, beaucoup sont choquants et participent à un fléchissement de la morale. Beaucoup de ces programmes dit de distraction projettent une image dégradée de la femme. La globalisation des moyens audiovisuels de communication est certainement un défi grandissant posé aux Eglises. A la longue, cela peut conduire à un nivellement et à la destruction des cultures. Les valeurs propagées par les médias de façon si forte relèvent, au fond, du consumérisme et des l’individualisme.

12.2 L’impérialisme colonial des médias a d’autres dimensions. Un nouvel ordre international de l’information que les Nations Unies ont essayé de lancer a rencontré une opposition déterminée de la part de certains milieux occidentaux. Avec comme résultat une sérieuse désinformation quant à l’Asie et au reste du monde. Par exemple, au lieu d’émettre des programmes équilibrés sur l’Inde, les nouvelles sont souvent unilatérales, se cantonnant aux rapports sensationnels de désastres et de misère noire. L’Eglise se doit de collaborer avec l’UNESCO et les autres organismes pour élaborer une politique plus juste et plus représentative des moyens de communication, qui assurera aux nations petites et démunies leur juste place sur la scène mondiale.

12.3 Si nous en venons aux informations technologiques, la plupart des prêtres sont pratiquement totalement ignorants. Une formation sur les nouveaux moyens d’informations pour eux et pour toutes les institutions chrétiennes signifierait un premier pas en avant. Une collaboration active, intelligente avec les médias doit avoir une place dans l’ordre du jour de notre pastorale. Les réseaux Internet offrent la plus récente opportunité à l’Eglise d’entrer dans le monde de l’électronique comme participante. L’Eglise sera-t-elle ouverte et active ou restera-t-elle spectatrice passive ? Savoir utiliser les médias n’est pas seulement apprendre un nouveau langage, mais acquérir une nouvelle culture. C’est un élément essentiel pour que l’Eglise soit du monde d’aujourd’hui.

Spiritualité mariale en Inde (Q;13)

13.0 La sagesse traditionnelle catholiques dit : “de Maria numquam satis !” Ceci se vérifie amplement par la dévotion mariale en Inde. Les lieux de pèlerinage, les jours de fête et les rassemblements en son honneur – telles que les neuvaines – témoignent d’une véritable piété populaire partagée non seulement par les catholiques en général mais par les hindous, les musulmans et les sikhs.

13.1 Ici, un discernement pastoral est cependant nécessaire. L’enseignement de Vatican II sur la Sainte Vierge (L.G, n° 52-69) ne semble pas toujours être pratiqué dans tous les lieux de pèlerinage. Aujourd’hui, de fortes critiques à l’égard de cette dévotion viennent des chrétiens fondamentalistes. Ces attaques peuvent être l’occasion bénéfique d’une purification et d’un renouveau de la dévotion envers Marie, notre mère, pourvu que l’Eglise se mette à l’écoute de ce que lui dit l’Esprit.

13.2 Dieu nous a donné Marie non pas seulement pour notre consolation et comme une pourvoyeuse de grâces. Elle est le modèle unique d’une foi de pèlerin allant en progressant jusqu’à sa plénitude et le modèle d’un solide et sain féminisme, pour ne nommer que deux de ses qualités. Depuis les parents catholiques et les prêtres de paroisse, tous les ministres de la parole sont appelés par l’Eglise à donner une catéchèse occasionnelle et méthodique sur la Vierge Marie. Notre foi ne connaît pas seulement l’Ave Maria mais aussi le Magnificat. En Asie, où les femmes luttent pour la reconnaissance de leur dignité et d’une élémentaire justice, Marie de Nazareth leur offre, à elles et à leurs familles, une solide espérance en l’amour de Dieu et de sa grâce salvifique (L.G, n° 69).

Etre nouveau dans le Christ, pour lui et pour l’Asie : d’autres problèmes (Q;14).

L’attention de l’Eglise envers les catéchistes appelle à un renouveau

14.1 C’est une amère contradiction que de voir les catéchistes laïcs au premier rang parmi les missionnaires et, en même temps, dans encore beaucoup de diocèses, les savoir sous-payés et sous-estimés. Pour un nécessaire renouveau, les évêques et les prêtres sont appelés à affronter cette nécessaire conversion en matière d’injustice et de fausses priorités économiques.

Un soin éclairé de notre environnement

14.2 Le souci de la création doit avoir une place dans notre pastorale, notre catéchèse et nos programmes d’éducation. Intégrer à notre foi, la culture, la science et la technologie est nécessaire. La définition de l’être chrétien inclut maintenant d’être aussi un responsable soucieux de notre environnement.

La mise en place d’un réseau de travail entre les Eglises d’Asie

Pour les Eglises d’Asie, un réseau de travail pour promouvoir une nouvelle collaboration et une indépendance à tous les niveaux est une obligation si nous voulons nous adapter correctement à l’héritage asiatique chrétien.

La promotion toujours plus grande des laïcs

Il y a une grande convergence quant à la conviction que nos Eglises en Inde sont

sur-cléricalisées et sous-laïcisées. Des priorités pastorales énoncées convenablement et des budgets annuels consacrés à la formation des laïcs aideraient à restaurer la crédibilité de l’Eglise comme étant bien l’Eglise du Peuple.

Vers une espérance et une harmonie pour une Asie nouvelle et une nouvelle humanité

Les récentes encycliques du Pape nous ont apporté une vision de l’humanité pleine d’espoir. Le Saint-Père lui-même, régulièrement, se réfère à la nécessité, pour une nouvelle “civilisation de l’amour” de neutraliser l’actuelle “culture de mort” si évidente dans tous les pays d’Asie. Le synode qui vient devra prophétiquement apporter cette vision d’une nouvelle Asie et d’une nouvelle humanité. L’Inde elle-même peut apporter une contribution importante à cette nouvelle communauté de cultures et de civilisations embrassant tous les peuples de l’Asie depuis ceux de ce sous continent jusqu’aux voisins de la Chine. L’humanisme confucéen, la compassion bouddhiste, la non-violence hindoue, le sens de la transcendante fondamentale de Dieu, l’offre judéo-chrétienne de la charité et du service, la longue souffrance des peuples de Russie et de ceux de l’Union Européenne, tous ensemble élevant affaires courantes internationales et développement au plus haut niveau dans une nouvelle et globale spiritualité qui ira bien au-delà des éthiques internationales.

Jésus-Christ est au centre de ce mouvement tout entier. Il rassemble le peuple de Dieu dispersé et le prend avec lui pour retourner vers le Père. C’est une vision d’harmonie qu’ont toujours recherchée les peuples d’Asie. Le mot “harmonie” ne se trouve pas dans la Bible. Mais il correspond tout à fait à l’esprit du Royaume et à la Paix promise.

Le synode asiatique participe de cette grande veille de l’Eglise qui attend l’avénement du Christ. Nous considérons le synode comme une grâce pour répondre à l’appel de l’Esprit pour un complet renouveau. C’est une invitation divine non seulement pour chaque Eglise d’Asie mais pour toutes les Eglise et pour le monde entier pour entrer dans la paix et d’harmonie du Christ. Comme pour sa première venue, la naissance de ce troisième millénaire est annoncée par la même acclamation : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux et Paix à tous les hommes de bonne volonté !”