Des réponses divergentes à la question : les catholiques doivent-ils craindre la menace musulmane ?

Un des intervenants, Frans Seda, qui a été membre du gouvernement aussi bien sous le président Sukarno que sous l’actuel président Suharto, s’est montré très opposé à ce qu’il a appelé la mentalité paranoïaque de certains catholiques devant l’actuelle pression exercée sur eux par quelques courants islamiques. Selon lui, la crainte ressentie par les catholiques devant les activités des musulmans fondamentalistes n’a aucune justification. Ces derniers s’efforcent d’inspirer la terreur par leurs manoeuvres politiques, mais en réalité ce sont eux qui éprouvent de la crainte devant la qualité des catholiques. L’ancien ministre a exhorté les catholiques a adopter un autre état d’esprit et de se souvenir de la part qu’ils ont prise à l’édification du pays pendant la lutte pour l’indépendance et surtout depuis l’instauration de l'”Ordre nouveau” par l’actuel président Suharto. Selon lui, rien ne serait pire que de cultiver l’angoisse et d’adopter une mentalité de citadelle assiégée.

D’autres participants du séminaire ont au contraire mis l’accent sur la très sérieuse menace que fait peser l’islam fondamentaliste sur les chrétiens. Selon le P. Franz Magnis-Siseno, responsable l’école catholique Driyarkara de philosophie à Jakarta, jamais, dans l’histoire de l’Indonésie, les chrétiens n’ont été aussi menacés dans leur existence. “Nous restons impuissants devant le spectacle de nos églises et de nos établissements incendiés par des émeutiers musulmans, alors qu’aucune institution d’Etat ne s’avère capable de mettre un terme à la terreurIl a aussi cité la pression aujourd’hui exercée contre le quotidien catholique, “Kompas” par un groupe de militants musulmans. Ces derniers accusent le journal d’avoir terni l’image de l’islam dans un éditorial consacré à la violence politique en Algérie. Le prêtre a cependant ajouté que les catholiques doivent placer leurs actuelles souffrances dans la perspective des deux mille ans d’histoire de L’Eglise. Celle-ci a toujours été persécutée. Il en est de même aujourd’hui. Face à l’accentuation des menaces, les catholiques indonésiens doivent revenir à une vie spirituelle enracinée dans l’Evangile.