Eglises d'Asie

Durant son procès, le P. Sumardi reçoit le soutien public des jeunes musulmans et l’appui discret des évêques du pays

Publié le 18/03/2010




Le P. Ignatius Sandyawan Sumardi et son frère viennent de recevoir le soutien inopiné des jeunes musulmans d’Indonésie, alors que se poursuit encore le procès qui leur est intenté pour avoir donné asile à trois militants politiques recherchés par la police après les émeutes de Jakarta en juillet 1996 (9). Le Forum de communication des jeunes du “Nahdlatul Ulama”, lors d’un congrès tenu dans le centre de Java, au début du mois de novembre, vient, en effet, de prendre une position tranchée sur le sujet. Dans un communiqué publié par la presse du 10 novembre, l’association de jeunes estime que l’action du P. Sumardi et de son frère sont en harmonie avec les idéaux nationaux. Elle est en conformité avec la “croyance en Dieu” et l'”humanité juste et civiliséequi sont deux des cinq principes du “Pancasila”, l’idéologie officielle de l’Indonésie. Aussi, les jeunes musulmans réclament-ils la cessation immédiate d’un procès qualifié de “farce politique” qu’il serait indigne de faire durer plus longtemps. Le “Nahdlatul Ulama”, qui est l’organisation musulmane de masse la plus importante du pays, a appelé ses 35 millions d’adhérents à organiser des réunions de prières pour le soutien moral du P. Sumardi.

Dans les milieux catholiques, le soutien apporté au religieux jésuite est plus discret, mais il n’en est pas moins effectif. Interviewé par une chaîne de télévision privée, le nouveau président de la Conférence épiscopale d’Indonésie, Mgr Joseph Suwatan, a confié que si les évêques n’avaient pas formellement discuté du procès du P. Sumardi durant leur dernière réunion du début novembre, individuellement, ils étaient tous favorables au travail social du religieux. Il a aussi déclaré qu’en donnant asile aux trois militants recherchés, le prêtre avait obéi à sa conscience et aux exigences de son sacerdoce.

Le 13 novembre, le jour même de la déclaration de Mgr Suwatan, le procès du P. Sumardi et de son frère a repris. Il avait été interrompu une semaine durant, l’accusation n’ayant pas pu présenter au tribunal les deux policiers qui devaient témoigner des faits. Un seul a pu être trouvé, et il a témoigné le 13 novembre. Selon ses dires, lors des faits, il avait reçu l’ordre de ses supérieurs de rechercher et d’arrêter Budiman Sudjatmiko, responsable du parti populaire démocratique, dont on ne connaissait pas alors la cachette. La défense ayant fait remarquer que le même témoin avait déclaré au contraire, lors de l’instruction, connaître la cachette des militants politiques, une courte controverse s’est instaurée qui n’a pas été tranchée.

En fin de compte, le P. Sumardi a déclaré avoir emmené lui-même chez son frère à Bekasi les trois militants après avoir été appelé à l’aide par Sudjatmiko en personne. A l’époque des faits, le P. Sumardi était secrétaire d’un comité de volontaires ayant pour objectif l’aide aux victimes des émeutes et la recherche des disparus. Il a expliqué qu’il avait accordé l’asile aux trois militants soupçonnés par la police d’avoir été les instigateurs des émeutes de juillet 1996 à Jakarta, en attendant que l’on puisse organiser pour eux une reddition à la police sans danger, ce qui n’était pas possible immédiatement, l’armée ayant donné l’ordre de tirer sans sommation sur les trois militants politiques.