Eglises d'Asie

Kerala : après l’assassinat, dans le Nord, de deux prêtres originaires de l’Etat, les dirigeants chrétiens de la région demandent des comptes à l’Etat fédéral

Publié le 18/03/2010




Après l’assassinat du P. Jose Nedumattathil, le 22 novembre, et celui du P. A.T. Thomas, dont le corps décapité a été retrouvé le 27 octobre, l’émotion est grande dans les communautés chrétiennes du Kerala dont les deux prêtres étaient originaires (7).

La plupart des missionnaires travaillant dans les petites minorités chrétiennes, souvent aborigènes, du Bihar et des Etats du nord-est de l’Inde, sont originaires de l’Etat méridional du Kerala, où les chrétiens, très nombreux, forment environ 20% de la population. Ces assassinats y ont donc provoqué une émotion bien légitime.

P.C. Joseph, dirigeant du Parti du Congrès du Kerala, dont les membres sont majoritairement chrétiens, a affirmé que les attaques contre les missionnaires dans le nord sont le résultat de l’impuissance du gouvernement à leur fournir une protection adéquate, malgré la répétition des incidents dont ils sont victimesIl a donc demandé au gouvernement fédéral et aux autorités des Etats incriminés de prendre immédiatement des mesures propres à protéger les droits des minorités chrétiennes qui habitent dans ces régions. Il note aussi une tendance accrue à terminer brutalement le travail des missionnaires engagés dans les secteurs les plus pauvres de la populationEnfin, il ajoute que ces violences atteignent tous les chrétiens de l’Inde.

Dans plusieurs diocèses du Kerala, les sections locales du Mouvement de la jeunesse catholique ont aussi demandé au gouvernement d’assurer la protection des missionnaires travaillant dans le nord du pays. La section du diocèse de Palai a accusé les autorités de succomber à l’apathie et l’indifférenceen ce qui concerne la sécurité des chrétiens et des missionnaires. De son côté, une organisation de jeunesse du diocèse de Kanjirapally a demandé au gouvernement d’ouvrir une enquête sur l’accroissement de la violence contre les missionnaires. Mgr James Pazhayattil, évêque d’Irinjalakuda, s’est lui aussi inquiété des agressions anti-chrétiennes de certains groupes dans le nord du pays et a demandé que l’Etat protège les missionnaires.

Mgr Sam Mathew, évêque de l’Eglise du Sud de l’Inde (protestant), a déploré de son côté la répétition d’agressions contre les chrétiens dans le nord et demandé l’intervention de l’Etat fédéral.

Les missionnaires travaillant dans le nord de l’Inde doivent faire face à un certain nombre de problèmes orchestrés le plus souvent par des groupes fondamentalistes hindous. Dans les petits Etats du nord-est, ils sont aussi souvent pris en étau entre diverses factions rebelles armées luttant à la fois entre elles et contre l’Etat fédéral.