Eglises d'Asie – Philippines
Mindanao : un nouvel enlèvement de prêtre à Marawi, par d’anciens rebelles musulmans, fait monter l’inquiétude dans le clergé catholique
Publié le 18/03/2010
Cet enlèvement est survenu quelques jours à peine après la libération de Mgr Desmond Hartford, qui avait été enlevé pour les mêmes motifs (11). Selon le maire de Marawi, Abas Basman, les kidnappeurs ont relâché le P. Maes quand ils ont appris que la police assiégeait leur repaire et que des membres de leurs familles avaient été “invités” au commissariat.
Ce deuxième enlèvement de prêtre en l’espace de quelques semaines a encore accru l’inquiétude parmi les religieuses, religieux et prêtres travaillant dans les provinces de Lanao Del Norte et Lanao Del Sur. S’exprimant le 20 novembre devant la presse, Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao, s’est fait l’interprète de cette inquiétude grandissante : “Quelques missionnaires nouvellement arrivés ont peur. D’autres hommes et femmes d’Eglise restent fidèles à leur vision du dialogue et à leur engagement, tout en sachant que, quand ils vont à Marawi, ils doivent s’attendre à tout, y compris à la mortIl a admis aussi que “quelques prêtres et religieuses des provinces de Lanao ont décidé de quitter leurs paroisses et leurs écoles à la suite de ce second enlèvement
L’archevêque de Davao a exprimé ensuite la crainte que ces enlèvements répétés ne mettent le feu aux poudres dans une région où chrétiens et musulmans vivent dans une tension palpable, nourrie de part et d’autre par des préjugés enracinés depuis longtemps: “Je crains par dessus tout que d’autres prêtres, religieux ou diocésains, dont les préjugés sont profondément ancrés, ne commencent à vouloir eux–mêmes prendre les armes pour se venger; cela n’arrangerait rien
Mgr Capalla a révélé aussi que le conseiller présidentiel pour les affaires de Mindanao, Paul Dominguez, avait demandé au quartier général des forces armées philippines d’assurer la protection des 95 prêtres et religieuses qui travaillent dans les provinces de Lanao. Lui-même a prié le gouvernement d’accélérer le processus d’intégration des anciens rebelles musulmans ralliés au gouvernement, en libérant les fonds prévus à cet effet.
De leur côté, un sénateur, Ernesto Herrera, et un membre du parlement, Jose Zubiri, ont demandé au gouvernement philippin d’organiser une rencontre au sommet de tous les chefs musulmans de Mindanao, afin de prévenir la montée de l’insécurité dans la région.