Eglises d'Asie

Un prêtre, défenseur des artisans pêcheurs traditionnels, refuse le prix que lui offre une fondation américaine

Publié le 18/03/2010




Un prêtre rédemptoriste, le P. Thomas Kocherry, défenseur des droits des artisans pêcheurs traditionnels, a refusé les 150 000 US$ du prix offert par la Fondation Pew, arguant que cela le gênerait dans son action pour la protection des gens de la mer. Le P. Kocherry a annoncé sa décision le 19 novembre au cours d’une réunion de préparation du Forum mondial des gens de la pêche à New Delhi. “Accepter l’argent de ce prix pourrait gêner le mouvement avec lequel il est étroitement lié”, précise un communiqué de presse du secrétariat provisoire du Forum mondial.

Le P. Kocherry, depuis plus de deux décennies, fait campagne pour défendre les droits des pêcheurs traditionnels. Il a fondé le Forum national des pêcheurs qui lutte pour changer la politique indienne sur la pêche en haute mer. Agé de 56 ans, ce prêtre est le premier Indien à être choisi par le Comité d’attribution du prix de la fondation Pew. Mais, selon le communiqué de presse du Forum mondial, cette fondation a été créée par la Compagnie “Sun Oil”, considérée comme “l’une des plus polluantes” des Etats-Unis.

Le prêtre a confié aux journalistes que recevoir un prix pour la défense de la mer de la part d’un pollueur serait contradictoire, ajoutant : “Ce ne serait pas de l’argent rudement gagné et le recevoir créerait la confusion parmi les pêcheurs

Dans leur réponse, les responsables de la fondation se sont dits “très surpris et déçus” de cette décision. Dans une lettre au P. Kocherry, la directrice associée, Cynthia Robinson, écrit qu’elle voudrait discuter du problème plus avant pour mieux comprendre les inquiétudes et les raisons de cette décisionLe prêtre affirme, de son côté, que la décision est définitive mais qu’il remercie Cliff Curtis de Greenpeace qui avait proposé son nom ainsi que le comité consultatif qui l’avait sélectionné pour le prix.

La grande assemblée internationale des travailleurs de la mer, organisée par le Forum national des gens de pêche, du 17 au 21 novembre, à New Delhi, a fait pression sur les gouvernements pour qu’ils interdisent la pêche industrielle à grande échelle qui, affirment les militants, ne fait que croître. Quelque 150 délégués venus de 32 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique Latine et d’Amérique du Nord, se sont rencontrés au cours de cette assemblée pour débattre de “la formation d’une nouvelle instance pour coordonner la lutte au niveau mondialselon le communiqué de presse du 17 novembre.

Le P. Kocherry, soutenu par les autres organisations de pêcheurs, maintient que la politique du gouvernement fédéral indien sur la pêche favorise la diminution du poisson dans l’Océan indien. Cette politique autorise les compagnies étrangères à exploiter les ressources marines de l’Inde grâce à des bateaux de pêche de haute mer très équipés. Durant les quatre dernières années, l’Inde a donné l’autorisation de pêcher à quelque 2 600 bateaux de ce genre. Alors que le gouvernement déclare que sa politique est de générer les échanges internationaux, le P. Kocherry et ses militants affirment que cela ne conduit qu’à l’extinction de la pêche traditionnelle et laissera quelques 8 millions d’hommes sans travail.

Le 12 août, le ministre fédéral de l’industrie alimentaire, Dilip Kumar Ray, annonçait au parlement que le gouvernement retirerait les autorisations déjà accordées aux bateaux étrangers d’opérer dans les zones économiques indiennes. Concédant que les très grands chaluts employés par les bateaux étrangers lésaient les pêcheurs des états côtiers, Ray a affirmé que le gouvernement réviserait sa politique de pêche en haute mer et mettrait sur pied une autorité pour mettre à exécution sa nouvelle politique.