Eglises d'Asie

Bihar : la Conférence épiscopale catholique condamne le massacre de 61 villageois des basses castes

Publié le 18/03/2010




La Conférence épiscopale catholique a vigoureusement condamné le massacre de 61 villageois de basse caste, perpétré par une bande armée au service de puissants propriétaires terriens de l’Etat du Bihar, dans l’est du pays. C’est dans cette région qu’un prêtre catholique avait été décapité au mois d’octobre dernier (2). Il travaillait parmi les villageois de basse caste privés de terre.

Selon des sources locales, une centaine d’hommes d’une milice privée du nom de Ranvir Sena (armée des héros guerriers) au service des propriétaires terriens de la région, a pénétré dans le village de Lakhsmanpur dans la nuit du 2 décembre 1997 et y a froidement exécuté 27 femmes, 18 enfants et 16 hommes, avant de s’enfuir par bateau après le massacre.

Le P. George Pereira, secrétaire général adjoint de la conférence épiscopale, note que les incidents violents sont en augmentation rapide dans l’Etat du Bihar“. Au nom des évêques, il demande donc que le gouvernement intervienne avec détermination pour restaurer la loi et l’ordre dans l’EtatIl ajoute que le gouvernement devrait au moins assurer le droit des pauvres à la vieet que la sécurité socio-économique des dalits sans terre devrait être une priorité des autorités.

Selon R.C.A. Jain, représentant du Bihar à New Delhi, la plupart des victimes du massacre étaient des ouvriers agricoles, sympathisants du Parti communiste marxiste-léniniste, un groupe interdit qui se bat pour les droits de ceux qui ne possèdent pas de terre. Jain a déclaré aussi que le gouvernement avait formé une équipe spéciale pour enquêter sur le crime, mais les militants locaux estiment que ce ne sera pas suffisant pour mettre un terme aux violences qui déchirent la région.

Le P. José Kananaikil, jésuite, président du Bihar Dalit Vikas Samiti (organisation pour le développement des basses castes au Bihar), a déclaré à la presse, le 3 décembre, que les membres des basses castes s’épuisent à travailler les terres des riches et des castes supérieures. S’ils demandent des terres pour pouvoir survivre, les propriétaires les assassinentIl ajoute que malheureusement, la plus grande partie des forces de police est formée par des membres des hautes castes ; le gouvernement n’est donc pas capable de protéger les basses castesSelon lui, l’Eglise devrait prendre l’initiative d’organiser des groupes de défense des droits de l’homme pour aider les dalits du Bihar. Sinon, dit-il, l’Etat du Bihar pourrait basculer dans une révolution violente au cours des prochaines années.

Le ministre fédéral des chemins de fer, Ramvilas Paswan, qui est aussi président de Dalit Sena (armée des dalits), a condamné le gouvernement du Bihar pour sa passivité et son inaction. Il a révélé que des rapports de la police secrète avaient averti les autorités locales de la préparation de cette attaque. Ramvilas Paswan est lui-même un dalit.