Eglises d'Asie

Vêtues de rouge, les paroissiennes de Trà Cô manifestent une deuxième fois

Publié le 18/03/2010




Après les protestations de masse du 7 au 11 novembre dernier qui avaient rassemblé plus de 10 000 personnes devant le siège des autorités du district de Thông Nhât (11), une seconde manifestation a eu lieu dans la paroisse de Trà Cô, commune de Binh Minh, district de Thông Nhât, le 25 novembre et les jours qui ont suivi.

C’est la menace de la confiscation de terrains appartenant à la paroisse de Trà Cô, qui avait déclenché les premiers troubles. Ceux-ci étaient à peine terminés que les autorités locales ont confirmé leurs intentions, en plantant sur ce terrain un poteau surmonté d’une pancarte où l’on pouvait lire : Terrain confisqué dans le cadre du planDès le 25 novembre, la pancarte était enlevée par les catholiques et ramenée devant le siège du Comité populaire. Un millier de personnes, en majorité des femmes, certaines très âgées, se sont rassemblées alors pour manifester. Beaucoup s’étaient habillées de rouge, couleur du martyre. Plusieurs portaient des cercueils, en signe de leur volonté de lutte jusqu’à la mort. Des banderoles s’élevaient au dessus de la foule, où l’on pouvait lire : A bas les concussionnaires!” Rendez les terrains à la paroissePour chaque arbre abattu, une vie d’hommeLe groupe de manifestants a refusé d’écouter un prêtre, curé de Xuyên Môc (province de Ba Ria), venu là pour essayer de les dissuader de continuer.

La manifestation s’est prolongée plusieurs jours avec, selon plusieurs témoins, des heurts violents avec la police. Un certain nombre d’instances officielles sont intervenues en vain pour mettre un terme aux protestations. Le 26 novembre, les cadres de la province ont essayé d’apaiser les esprits et de faire baisser une tension qui était alors à son plus haut niveau. Le 28 novembre, la “Ligue des femmes”, puissante association dépendant du Front patriotique a, elle aussi, tenté vainement de calmer le jeu. Les autorités ont alors convoqué les prêtres de la région et leur ont promis qu’une commission d’enquête sur les terrains serait créée et que le président du comité populaire de la commune, alors réfugié au siège de la province, comparaîtrait devant elle. On a encore parlé d’un haut personnage venu du Nord pour trouver une solution à cette crise.

Le 28 novembre, il restait encore une centaine de manifestants. Selon un résidant contacté par l’AFP, ce jour-là, les protestataires occupaient des terrains appartenant au diocèse tout le long de “la route mandarine” (qui traverse le Vietnam du nord au sud) afin d’empêcher les autorités locales de les réquisitionner pour construire des projets publics. Selon certaines agences, au 1er décembre, quelques paroissiens campaient encore sur les terrains que la commune veut s’approprier.

On rapporte encore un certain nombre d’incidents divers. Des tracts gouvernementaux ont été lancés dans la cour de l’Eglise de Trà Cô, apparemment dans le but de diviser la population catholique. Par ailleurs, deux policiers en civil ont été découverts par la population alors qu’ils se renseignaient sur les meneurs de la manifestation. Frappés et mis à mal, ils ont été obligés de s’enfuir.

Depuis les premiers incidents, la presse officielle garde un silence absolu sur ces événements. Une seule déclaration officielle a été enregistrée par les agences de presse à la mi-novembre, celle du ministère de l’Intérieur qui a fait dire que la protestation des habitants de Thông Nhât concernait des terrains et non pas l’exercice de la liberté religieuse.