Eglises d'Asie

En Asie du Sud-Est, les fêtes de Noël n’ont pas réussi à dissiper la morosité engendrée par la crise financière

Publié le 18/03/2010




Partout, à Noël, cette année, chez les anciens ou nouveaux dragons d’Asie, on a pu constater les effets de la grande crise financière qui mine chacun d’entre eux. Les mesures d’austérité frappant de nombreux pays n’ont certes pas détourné les chrétiens des célébrations dans les églises, ni les badauds des rues, bien au contraire. Mais, dans les foyers, de nombreuses chaussures sont restés vides ou, seulement, à moitié pleines. Les étoiles dorées, les sapins et les chants, toute l’imagerie de Noël installée en Asie du Sud-Est à la faveur de la croissance économique a partout amorcé une décrue dont on ne sait quelle sera la durée.

Dans les rues de Bangkok, par exemple, les signes de Noël étaient beaucoup plus rares que les années précédentes et “The Nationle premier des quotidiens thaïlandais, affirmait dans son éditorial que le pays était en train de vivre l’un des Noëls les plus moroses de toute son histoire. C’est dans ce pays que tout a commencé, lorsque la dévaluation du bath en juillet a donné le signal aux diverses vagues de fond qui sont venues s’en prendre aux économies des pays voisins, surtout celles d’Indonésie, de Corée du Sud, qui, à la suite de la Thaïlande, se sont tournées vers le FMI pour implorer son aide.

Même aux Philippines, le seul pays d’Asie à prédominance chrétienne, la crise a considérablement gommé l’exubérance traditionnelle qui marque la célébration des fêtes de la Nativité. “Les chaussures autrefois débordantes de jouets, de sucreries et autres cadeaux, ne sont cette année qu’à moitié pleines” a remarqué le “Philippine Daily Inquirer” qui attribue cet état de choses aussi bien à la crise financière qu’à la sécheresse exceptionnelle qui a frappé le pays à la suite du phénomène atmosphérique “El Nino”. Les cadeaux ont quand même été échangés généreusement même, si on a préféré les acheter au marché aux puces que dans les boutiques luxueuses.

La Malaisie sortant juste du brouillard provoqué par les incendies de forêt s’est vue projetée sans transition en pleine crise économique. Les lumières de Noël n’ont pu dissiper l’obscurité de l’atmosphère et des esprits. Le premier ministre, Mahatir Mohamad, dans son message de Noël, a averti les Malaisiens que le pire était encore à venir.

En Corée du Sud, les fêtes de Noël n’ont pas réussi à arracher les Coréens à leurs idées noires, pas plus d’ailleurs que les “cadeaux” successifs accordés par le Fonds Monétaire International et les 13 pays industrialisés pour essayer de détourner l’économie du pays d’une banqueroute généralisée. A la veille des fêtes, les Coréens avaient dû “ravaler leur fierté” en apprenant que leur dette en devises étrangères se montait à 200 milliards de dollars, et qu’ils seraient obligés de se soumettre à la “restructuration générale”, exigée par le FMI. Aussi bien, dans les rues des villes, on a vu peu d’arbres de Noël et l’on n’a guère entendu de chants. Même les bars ont évité les décorations traditionnelles. “On vient ici pour oublier les tribulations subies plus que pour célébrer une fête“, a fait remarquer le patron d’un bar du centre de Séoul.

Hongkong, bien qu’aujourd’hui de retour dans le giron chinois, a participé de la même morosité que ses voisins capitalistes. Le territoire, qui a senti souffler très fort le vent de la crise, reste sur ses gardes. Les touristes sont rares et les boutiques n’ont eu que peu de visiteurs. Là aussi, peu de joie apparente.

Ironie du sort, c’est en Chine communiste et, dans une moindre mesure au Vietnam, que sont venus se réfugier les derniers insignes de Noël délaissés, cette année, par les pays voisins capitalistes. Dans la nuit de Noël, à Shanghai, les églises ont fait le plein de chrétiens. Les arbres de Noël, de toute taille avaient envahi les restaurants, les boutiques et mêmes les maisons privées. Toute la nuit, restaurants et night-clubs ont regorgé de monde. Des cadeaux ont été échangés, des cartes de voeux ont été envoyées. “Pour la jeunesse, a déclaré un commerçant, Noël est devenu la deuxième fête de toute l’année; elle vient directement après la fête du Nouvel an

Au Vietnam, autre pays socialiste, la nuit de Noël a été bruyante. Comme chaque année, de jeunes motards ont tourné toute la nuit, au centre de Hô Chi Minh-Ville, autour de la cathédrale de briques remplie à craquer de chrétiens, au centre de Hanoï, autour du petit lac. Là les choses ont mal tourné. Des affrontements entre jeunes Vietnamiens à moto et la police ont fait huit blessés parmi les forces de l’ordre pendant la nuit de Noël dans le centre de Hanoï. Une quarantaine de jeunes a été arrêtée à l’issue de ces incidents, a précisé le quotidien “Tin Tuc Buôi Chiêu” (Nouvelles du soir).