Eglises d'Asie

Kathmandou : un prêtre jésuite a été découvert assassiné dans son bureau

Publié le 18/03/2010




Le P. Thomas Edward Gafney, jésuite, connu par beaucoup de Népalais comme « le Père du service social », a été trouvé assassiné dans son bureau de Kathmandou dimanche matin 14 décembre. Le prêtre, âgé de 65 ans, avait été poignardé à la poitrine et sont corps baignait dans une mare de sang sur un matelas à l’étage, les couvertures à moitié rejetées. C’est ce qu’a découvert son assistant, Rachan Yonjan, quand il est venu travailler dimanche comme à son habitude. Yonjan avait trouvé ouverte la porte d’entrée du petit bungalow où vivait le prêtre et qui lui servait de bureau pour son Centre de service social. Il appela immédiatement Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, qui habite quelque cinq maisons plus loin, lequel appela la police quand il découvrit à son tour la scène sanglante. Une douzaine de policiers vinrent sur place et commencèrent leurs investigations pendant que religieux et journalistes se retrouvaient sur la pelouse, mais peu nombreux, la police n’ayant laissé que très peu de personnes pénétrer dans le jardin.

Aucun indice n’a été trouvé, indiquant que la porte aurait été forcée. Deux tasses contenant du café et du sucre se trouvaient sur la table, et de l’eau chaude dans une bouilloire électrique avait été préparée mais n’avait pas servi. « Ce ne pouvait être que ce que le P. Gafney se préparait le matin et rien ne prouve que le tout ait été préparé pour deux personnesfait remarquer un prêtre à des journalistes. La façon dont le corps était vêtu, un T-shirt et un short, ne suggère pas non plus que la victime s’attendait à recevoir une visite.

La police a découvert ce qu’elle croit être l’arme du crime, un couteau de Gurkha (), caché dans une autre pièce dans un carton contenant diverses choses et recouvert d’un coussin. Selon les policiers, le couteau aurait été nettoyé dans les toilettes du P. Gafney avant la fuite du meurtrier mais des taches de sang apparaissaient sur le tranchant de la lame bien aiguisée. Il s’agit d’un couteau neuf comportant un numéro de série que la police a relevé.

Le motif de cet assassinat est inconnu. Un jésuite qui travaille étroitement avec le P. Gafney affirme qu’un don en liquide de 136 000 roupies (2 400 US environ), noté par le prêtre le 8 décembre, semble avoir disparu. Les spécialistes ne sont pas d’un grand secours mais ils comparent ce crime avec un meurtre similaire commis à Lumbini, le lieu de naissance de Bouddha au début de cette année. Dans ce cas précis, un moine japonais avait été tué pendant son sommeil, la nuit, par des jeunes gens qui, arrêtés plus tard, avouèrent l’avoir tué pour son argent.

Les journaux nationaux en anglais et népalais ont publié en première page la nouvelle ainsi que des portraits du P. Gafney, le 15 décembre. Tous rapportent que la police pense que le prêtre a été tué par quelqu’un qui le connaissait. La radio gouvernementale et la télévision, quant à elles, n’ont parlé de l’assassinat que le lendemain matin.

Le P. Gafney, né aux Etats-Unis, avait été naturalisé népalais en 1959 et était bien connu pour ses oeuvres sociales. Il apparaissait de temps en temps à la télévision où il parlait en langue népalaise. Son bureau-résidence servait de pharmacie, de centre médical et de centre psycho-sociologique pour toutes sortes de gens qu’il recevait tous les jours de la semaine, sauf le dimanche. Il avait été un des premiers à avoir pris conscience des dangers de la dépendance à la drogue. Selon certains observateurs, il en savait peut-être trop sur le commerce de la drogue au Népal. Il était conscient des menaces qui pesaient sur lui de la part de jeunes qu’il avait dû renvoyer de ses centres de désintoxication ou de la part des vendeurs ambulants de drogue furieux contre lui.

Le secrétaire général des organisations non gouvernementales de la Fédération du Népal, Arjun Karki, a déclaré à des journalistes: « Nous préparons une lettre sévère pour les plus hautes autorités gouvernementales afin de leur demander de prendre cet assassinat très au sérieux et de tout faire pour arrêter les coupables sans délai

Le provincial des jésuites en Asie du Sud, le Père Varkey Perekkatt, a salué comme il se doit la mort de son confrère. Rapprochant ce meurtre de ceux qui ont été commis récemment en Inde du Nord ( ), il a souligné que le risque de mort ne détournerait pas la Société de Jésus de son travail parmi les pauvres et qu’il voyait là le prix à payer pour ceux qui veulent servir les plus faibles. Déjà, le 27 octobre dernier, un autre jésuite, le P. A.T. Thomas, avait été tué dans le Bihar en Inde. « Son remplaçant vient d’être désigné pour continuer son oeuvrea affirmé le provincial, tout en notant : « Les élites se servent de nous pour la qualité de nos services, mais, ensuite, non seulement elles refusent de nous aider quand nous en avons besoin et elles deviennent nos bourreauxLe P. Perekkatt a ajouté: « L’option préférentielle des jésuites pour les pauvres, y compris ceux des basses castes et des peuples aborigènes dérange les riches et lèse leurs intérêts. Les pauvres se lèveront et nous resterons à leur côté quel qu’en soit le coût