Eglises d'Asie – Philippines
A Naga, dans le diocèse de Caceres, on honore les prêtres morts pour l’indépendance des Philippines
Publié le 18/03/2010
Ces trois prêtres avaient été arrêtés en 1896, avec 50 autres suspects, accusés d’appartenir à la société secrète “Katipunan” (société des fils de la terre), principale association indépendantiste de l’époque, fortement influencée par la franc-maçonnerie. A vrai dire, un quatrième prêtre, le P. Severo Estrada, avait aussi été appréhendé. Mais peu de temps après, il avait été relâché après avoir été torturé, dit-on, par les moines de l’Eglise de Saint Augustin à Manille. Onze des 53 personnes arrêtées furent convaincues de rébellion par la cour martiale espagnole. Elles furent condamnées à périr sous le feu d’un peloton d’exécution, le 4 janvier 1997, à Manille où venait de mourir une semaine plus tôt, le héros national, Jose Rizal.
Au moment des arrestations, le diocèse de Caceres où se trouve la ville de Naga, était divisé sur la question de l’indépendance et de la nationalisation des biens d’Eglise. Le P. Diaz, l’un des trois prêtres martyrs, fut le premier curé de la paroisse de la cathédrale Saint Jean l’évangéliste de Naga. Il aurait avoué posséder trois fusils et se serait préparé à mener une attaque destinée à massacrer les Espagnols de la ville. Le second prêtre, le P. Herrera, également desservant de la cathédrale, s’était déclaré partisan de la nationalisation des biens des paroisses, et avait été emprisonné pour possession illégale d’armes à feu. Enfin, les historiens rapportent que le troisième, le P. Herrera, s’était engagé dans une dispute de juridiction opposant la cathédrale Saint Jean et la paroisse Saint François des franciscains. Bien que la querelle ait été tranchée en faveur de la cathédrale, il fut quand même arrêté parce que les musiciens de son orchestre portaient des vêtements semblables à ceux portés par les membres de la société “Katipunam“.
Depuis 1919, la population de Naga rend hommage aux 15 martyrs de 1896. Le 30 novembre 1923, le gouvernement leur a consacré un mausolée, où sont gravés les noms des héros martyrs. Généralement, dans les autres provinces, la population n’évoque que les révolutionnaires laïques. “Beaucoup ignorent la présence de prêtres parmi les héros de l’indépendance“, a fait remarquer un des organisateurs du centenaire.