Eglises d'Asie

Les réfugiés bhoutanais au Népal réclament la libération des dirigeants du mouvement démocratique

Publié le 18/03/2010




Les célébrations du 90ème anniversaire de la création de l’Etat du Bhoutan, qui ont eu lieu le 17 décembre dernier, ont été ternies par l’annonce de la grève de la faim entamée ce jour-là par le chef de l’opposition pro-démocratique, Tek Nath Rizal. Un de ses anciens compagnons de prison, Bhanu Sing Gurung, aujourd’hui en exil, a annoncé cette décision au cours d’une conférence de presse à Katmandou, au Népal, le 16 décembre dernier. “Rizal et 25 autres prisonniers politiques, a-t-il déclaré, entameront demain une grève de la faim de durée indéfinie jusqu’à ce que les prisonniers politiques soient libérés et que les réfugiés puissent rentrer chez eux”. Il a ajouté qu’il avait été personnellement informé de ce projet par Rizal lui-même.

Rizal a été arrêté à Katmandou par la police népalaise en 1989, avant les changements démocratiques de 1990. Extradé au Bhoutan, il a été condamné à l’emprisonnement à vie pour ses activités au sein du mouvement démocratique. Les militants bhoutanais réfugiés au Népal, qui considèrent Rizal comme le père de la démocratieont fait part au gouvernement népalais de leur inquiétude au sujet de la santé de leur dirigeant et lui ont demandé d’intervenir. L’épouse de Rizal a, elle aussi, envoyé au roi du Bhoutan un message dans lequel elle exprime son souci pour la santé de son mari. Une réponse lui a été faite, selon laquelle, Rizal, comme tous les autres pensionnaires de la prison centrale de Chamgang, est l’objet d’une attention médicale spéciale. Il n’a pas été fait mention de la grève de la faim.

Ce même jour du 17 décembre 1997, un autre militant bhoutanais, le président du Front uni pour la démocratie, Rongthong Kuenley Dorjee, a été informé du procès intenté contre lui par un tribunal de New Delhi. Dorjee avait été arrêté en avril dernier par la police indienne lors d’une visite effectuée par lui à New Delhi. Depuis cette date, un certain nombre de militants des droits de l’homme, dont quelques Indiens, multiplient les démarches pour le faire libérer et éviter son extradition au Bhoutan. Le 17 décembre, un des groupes bhoutanais au Népal a organisé une marche de protestation à l’issue de laquelle une lettre demandant la libération de Dorjee a été remise à l’ambassade de l’Inde au Népal.

Rongthong Kuenley Dorjee, originaire de l’est du Bhoutan, était homme d’affaires lorsqu’il a été arrêté pour sympathie avec les Lhotsampa, population du sud du pays d’origine népalaise. Lui même appartient au groupe des Sarchop, un des trois principaux groupes ethniques du Bhoutan, les deux autres étant les Ngalong (Buthia) et les Lhotsampa. Libéré au bout de quelques mois, il s’enfuit avec sa famille au Népal. En 1997, il a pris la direction du Front uni pour la démocratie.

Depuis le début des années 90, après que le gouvernement du Bhoutan eut décidé d’imposer des normes culturelles et religieuses strictement bouddhistes à toute la population du pays (2), plus de 100 000 Bhoutanais, pour la plupart d’ethnie népalaise, soit environ un sixième de la population du pays, se sont réfugiés au Népal où ils vivent dans sept camps patronnés par les Nations Unies. Quelques milliers d’autres se sont exilés en Inde, dans le Bengale occidental.