[NDLR. Répondant aux lineamenta, les évêques de Taiwan estiment que l’Eglise locale devrait jouer un rôle prohétique plus actif, donner davantage de place aux laïcs, et porter une attention spéciale à ceux qui sont marginalisés dans la société. Le texte complet de leur réponse a été traduit par Eglises d’Asie.]
QUESTION I – LES REALITES ASIATIQUES
Situation générale
Situation politique: Elle n’est pas favorable au développement de la religion chrétienne. Au contraire, l’entrée des missionnaires est limitée. Le système éducatif de Taïwan n’autorise pas les cours d’éducation religieuse comme est interdite toute évangélisation à l’intérieur de l’école.
Situation sociale: la société entière est dominée par la recherche du profit et le consumérisme. L’esprit traditionnel d’un travail acharné et d’une vie simple s’est perdu. La hiérarchie des valeurs est brouillée et confuse. Beaucoup ressentent un vide spirituel.
L’économie: elle n’est pas florissante et le taux de chômage est élevé, ce qui fait que la population est plus préoccupée de gagner de l’argent que de chercher la vérité.
Religion: les religions populaires sont florissantes, les connaissances sur le Christ confuses. Le culte de Dieu et la recherche du profit se confondent. Le foi religieuse n’aide pas à améliorer la moralité ni à purifier la société d’une vie matérialiste.
Aspect positifs
De temps en temps il y a des dialogues religieux initiés par l’Eglise aussi bien que par le gouvernement :
– Différentes expressions culturelles sont peu à peu intégrées dans la liturgie: le Nouvel an chinois, la piété filiale qui peut être compatible avec la mémoire des ancêtres décédés, les funérailles.
– Davantage de participation des laïcs dans l’évangélisation, la liturgie et l’action sociale, spécialement des marginaux, des personnes handicapées, des personnes âgées, etc.
– Participation de quelques laïcs dans l’action politique. Il y a progrès dans la démocratisation de la politique, bien que il demande â être confirmé.
– Une plus grande conscientisation et une plus grande attention des laïcs et des religieux étrangers à l’égard des travailleurs immigrés.
– La protection de l’environnement, des instances féminines, des groupes de défenses de droits de l’homme, des associations non gouvernementales, confessionnelles ou non confessionnelles se sont organisées.
– Les minorités aborigènes de Taïwan sont suivies tant par le gouvernement que par l’Eglise.
– Il y a liberté à Taiwan pour évangéliser.
– Ouverture d’esprit de la population envers l’enseignement de morale positive de toutes les religions. Beaucoup recherchent un sens à leur vie.
– Une économie saine, succès des mutuelles de crédit (credit unions
– Le gouvernement fait beaucoup pour les besoins sociale : assurance maladie, assistance financière pour les handicapés mentaux, aide aux personnes âgées, maisons de retraite, etc.
– La plupart des écoles, des hôpitaux et des services sociaux catholiques se préoccupent de l’évangélisation.
– L’Eglise ouvre ses locaux aux activités socio-culturelles comme les activités récréatives pour les jeunes, les chorales, les écoles du dimanche, etc.
– L’Eglise jouit d’un préjugé favorable auprés de la population parce que, tout en fournissant beaucoup de services aux démunis, aux handicapés et aux personnes âgées, elle ne force personne à croire.
– La contribution de l’Eglise dans le domaine de l’éducation et des services sociaux est appréciée du gouvernement et de la population. L’Eglise est respectée.
– Le vide spirituel est attente de nourriture et de direction spirituelles.
– Comparée à celle d’il y a quarante ans, la population de Taïwan actuelle a de l’argent et du temps (un certain nombre ne travaillent que cinq jours par semaine). Il ne devrait pas y avoir de difficulté à l’acceptation de la religion catholique si nous savons comment la présenter.
– La chose la plus importante pourrait être la « catholicité » de l’Eglise, sa « largeur d’esprit » et son « équilibre »; ce qui signifie que l’Eglise se montre ouverte aux autres religions, à leur façon de voir les choses et apprécie la part de vérité qu’elles recèlent. Elle respecte les valeurs traditionnelles et adopte rarement des positions extrêmes.
Aspects négatifs
Dans certains groupes, il y a eu une prise de conscience et des initiatives, mais dans son ensemble, l’Eglise a encore à travailler sur ses insuffisances, en particulier:
– L’Eglise est encore très hiérarchique. Quoiqu’ayant accepté une certaine démocratisation, elle n’adopte pas encore suffisamment l’égalité entre homme et femme. Pour ce qui est du témoignage, ses membres sont encore beaucoup trop timides pour se mettre debout et accepter d’être comptés. Quand surviennent quelques faits de société comme des meurtres ou des injustices dans le travail, elle est lente à réagir.
– Quoique naturellement religieux, les Asiatiques trouvent de moins en moins de temps pour approfondir leur foi à cause d’une société de plus en plus compétitive, exigeante et concurrentielle.
– Les mariages sont de moins en moins des engagements pour la vie.
– Les programmes de télévision et les médias ne sont pas des aides pour les jeunes. L’influence négative des magazines, de la télévision, du cinéma et des multimédias se traduit par l’augmentation des divorces, des avortements, etc.
– L’économie va mieux mais l’argent est devenu un dieu. Il n’y a pas égalité de progrès entre morale et éducation.
– Bien que la prospérité économique ait gagné toute l’Asie, la situation critique des travailleurs (locaux ou étrangers) est devenu un problème global, qui préoccupe les responsables tant civils que religieux.
– L’Eglise est trop proche du gouvernement.
– Avec le système actuel d’éducation, l’école donne trop d’attention au pourcentage de réussites, les parents sont trop soucieux des succès universitaires de leurs enfants, la société juge d’après la situation financière. L’école et la famille ne collaborent pas suffisamment, en général l’éducation est négligée, la formation des maîtres insuffisante. L’éducation morale est déficiente à l’école et dans la famille. D’où les nombreux problèmes qui se posent dans l’éducation et les nombreuses demandes de réforme.
– Les jeunes ne montrent aucun intérêt pour les activités religieuses parce qu’elle ne les touchent pas au coeur.
– De fausses idées lancées par une minorité affectent l’ensemble de la population : « Tout est permis si ça me plait », « toutes les religions se ressemblent », « la religion n’est qu’un refuge, quelqu’un de normal n’en a pas besoin ».
– La liberté religieuse fait que les religions populaires sont florissantes. Malheureusement, des fraudes sont souvent commises au nom de la religion, provoquant des attitudes négatives vis-à-vis de la religion.
– Prostitution, mauvais traitements des enfants, violences et crimes commis par des jeunes ou des gangsters.
– Des gens liés à des criminels et au milieu de la pègre sont élus à des charges publiques. Les scandales de société sont nombreux.
– A l’intérieur de l’Eglise locale, il semble qu’il y ait un manque de direction et que les responsables soient dans l’impossibilité de faire bouger le corps tout entier.
– Il y a un manque d’esprit d’initiative et de créativité, une difficulté à penser et à travailler ensemble. L’information vers l’extérieur est insuffisante, les gens, en général, ne nous comprennent pas. La communication dans l’Eglise est insuffisante également, chacun vaquant à ses propres affaires, sans travail d’équipe, d’où il en résulte un gaspillage de ressources.
– L’évangélisation vient peu souvent de la base. Quand elle vient d’en haut, c’est rare qu’elle puisse stimuler la participation des fidèles avec énergie et persévérance.
– La plupart des activités dans les diocèses comme dans les paroisses sont partagées par le même petit nombre, elles tombent dans la routine et ne débouchent sur rien par manque d’efficacité.
– Les revenus des quêtes doivent être publics et transparents c’est-à-dire qu’il doit y avoir un système comptable consignant les recettes et les dépenses, chaque donateur recevant un accusé de réception donnant droit à une réduction d’impôt.
– Il y a un manque de vocations, le clergé diocésain comme les religieux subissent les difficultés de l’âge.
– Les médias ont été mal utilisés.
– Il y a une méconnaissance des transformations sociales. Réponses et adaptation sont trop lentes et insuffisantes.
– La foi est présentée avant tout comme une doctrine ou plutôt comme une vérité révélée dont la croissance dépend principalement de la vie sacramentaire. Il en résulte d’un côté que les non-croyants n’y voient rien de commun avec eux, et de l’autre que les prêtres, spécialistes de la théologie et de la pastorale deviennent pratiquement indispensables aux croyants. La voix des fidèles est rarement entendue et quand elle l’est, dépend du bon vouloir du prêtre. Les catholiques en tant que groupe de croyants ont peu de contacts avec la société. Même à l’intérieur de l’Eglise existent de fortes tendances individualistes, qui viennent en partie d’une théologie et d’une liturgie qui involontairement insistent sur le seul salut de l’âme. L’Eglise n’a que peu d’attrait, surtout pour les jeunes. D’une part, elle n’insuffle pas assez l’esprit de communauté et ne donne pas assez de liberté d’expression, de l’autre elle n’est pas capable d’établir une véritable autorité fondée sur l’expérience de la vie.
Moyens à mettre en oeuvre de manière plus intensive
– La nécessité de mettre à jour la formation socio-culturelle des chrétiens.
– L’Eglise doit jouer un rôle actif et prophétique.
– L’Eglise doit partager son point de vue avec les autres Eglises d’Asie.
– L’accent doit être mis sur la participation des laïcs.
– Il faut continuer l’effort d’instruction et de formation des laïcs.
– De plus solides efforts de la part de l’Eglise qui est à Taïwan pour utiliser les langues taïwanaise, hakka et aborigènes et rechercher les signes d’espérance pour construire l’Eglise locale.
– Il faut davantage de maîtres, de catéchistes et de religieuses pour enseigner la religion dans les écoles. Ceci est maintenant encouragé par le gouvernement quoiqu’il ne soit pas facile de s’entendre sur les besoins scolaires prioritaires.
– Intensifier les efforts pour promouvoir le dialogue interreligieux et la justice sociale, pour défendre les droits de l’homme, de la vie humaine et prêcher Jésus-Christ de façon plus directe.
– La Conférence épiscopale de Taïwan pourrait organiser une équipe de prêtres et de catéchistes qui visiteraient les Eglise des Philippines, Hongkong et de la Corée du Sud et ensuite travailleraient un projet d’évangélisation locale avec des moyens appropriés.
– Chaque évêque doit mener à bien un projet pédagogique global.
– A leur tour, les paroisses doivent établir leur propre calendrier afin de mettre en pratique le plan de l’évêque.
– Les évêque doivent encourager la connexion avec le réseau internet pour faciliter la communication dans les paroisses.
– Pour ce qui est des médias, les chrétiens doivent soutenir les bons programmes et collecter des signatures de protestation contre ceux qui sont malsains.
– Améliorer la préparation au mariage et prévoir le suivi.
– Améliorer le travail d’équipe
– Professionnaliser la gestion des entreprises de l’Eglise.
– Prêter toute l’attention nécessaire à la participation des femmes dans le travail d’évangélisation et les encourager à travailler au progrès social.
– Organiser des rencontres pour proclamer l’Evangile aux non-chrétiens et chercher les moyens d’un suivi.
– Ne pas limiter le dialogue interreligieux à quelques rencontres mais en transmettre le juste concept aux chrétiens par l’intermédiaire d’une formation appropriée.
– Prêter une grande attention à l’évangélisation par la culture. Des érudits, dans le passé, comme le Père jésuite Matteo Ricci et Maître Paul Hsu Kuangchi etc., des hommes cultivés de notre temps comme le Père Vincent Lebbe, le cardinal Celso Constantini, le cardinal Paul Yupin, l’Archevêque Lokuang, etc., ont beaucoup travaillé dans ce domaine. Le slogan lancé par le cardinal Paul Yupin était frappant: « Faire chinois le Christ pour faire chrétienne la ChineSi la doctrine chrétienne ne pénètre pas la confucianisme et le taoïsme, elle aura beaucoup de difficulté à s’enraciner dans le coeur du peuple chinois.
– Donner toute son importance à l’action sociale.
– La contribution de l’Eglise à l’éducation, aux soins médicaux, aux personnes âgées et aux aborigènes durant ces dernières décennies a été excellente est n’a pas été inférieure à celle offerte par les bouddhistes ou les taoïstes. Pourtant il nous faut joindre l’action sociale à l’évangélisation. Pour cela nous faisons trois suggestions:
1) Etre plus ouvert et essayer de collaborer avec le gouvernement et les autre organisations civiles.
2) Echanger nos expériences et collaborer avec les autres organisations religieuses de sorte que les influences religieuses pénètrent la vie des gens.
3) Ne pas avoir peur que les gens sachent que l’Eglise catholique, dans son action sociale, n’agit pas pour de l’argent ou pour le pouvoir mais dans l’esprit de sacrifice et d’amour issu de la croix du Christ.
– A Taïwan existe un consensus presque général en faveur d’une réforme spirituelle. Ce qui est proposé en ce sens par le gouvernement est très limité. Il intervient très souvent pour proposer des remèdes à la suite d’une catastrophe ou d’un scandale. Une réforme spirituelle doit se fonder sur une compréhension correste des valeurs et sur une juste conviction religieuse. Pour cela une collaboration entre intellectuels, éducateurs et croyants est très importante. Beaucoup de laïcs dans les sept diocèses de Taïwan en sont capables. il est important de réunir et de coordonner toutes ces forces avec celles des religieux et du clergé.
QUESTION II – EVANGELISATION EN ASIE
Evaluation de l’activité missionnaire de l’Eglise
– Presque toutes les paroisses possèdent un conseil paroissial et beaucoup fonctionnent de manière effective. Ils aident leur pasteur à rester en contact avec l’ensemble des fidèles et exercent ainsi leurs responsabilités.
– Les groupes de jeunes sont en progression et participent à des rencontres internationales.
– Les mutuelles de crédit (credit unions) sont florissantes dans bien des paroisses.
– Certains mouvements sensibilisent les gens aux problèmes sociaux comme la prostitution des enfants, les lois sur le travail, l’exploitation des travailleurs étrangers. Récemment un mouvement est apparu dans les paroisses pour aider les réfugiés et les églises démunies d’Afrique.
– Des cours d’écriture sainte, de psychologie et de théologie pour les laïcs sont donnés dans beaucoup de centres catholiques de pastorale.
– Il existe un programme de formation nommé « Christopher » qui aide les laïcs dans leurs responsabilités. Il y a aussi des groupes de « mariage-rencontre », « fiançailles-rencontre », des sociétés de Saint Vincent de Paul etc.
– Cours de doctrine catholique également dans les paroisses, quelquefois hebdomadaires, cours d’été et programme de formation religieuse pendant l’hiver pour les enfants.
– L’Eglise en Asie et spécialement en Chine dans le passé a donné l’impression que ses activités portaient les marques du colonialisme et étaient par trop occidentalisées. D’où la nécessité de mieux réussir l’inculturation.
– Les organisations initiées par les laïcs sont en progression comme les activités pour l’évangélisation qui sont souvent conduites pas eux. Cependant, beaucoup d’entre eux n’ont pas reçu la formation religieuse habituelle si bien que le contenu de leur action n’est pas encore très solide.
– Beaucoup d’activités paroissiales sont destinées aux fidèles comme les chorales, le cours de catéchisme, les cercles bibliques, etc. Peu sont ouvertes aux non-catholiques.
– Les livre de catéchèse en chinois ne montrent pas assez clairement la différence entre la foi chrétienne et l’enseignement de Confucius.
Quelques pistes spécifiques pour promouvoir la mission
– Procurer davantage de fonds et d’opportunités pour continuer à développer la responsabilité du laïcat.
– Faire de grands efforts, par exemple dans la recherche, les rencontres, les ateliers etc., pour créer des signes d’espérance dans l’Eglise de Taïwan.
– Promouvoir et encourager l’usage des dialectes locaux, non seulement dans la liturgie mais également dans les rencontres.
– Assurer le financement et le soutien du Bureau des travailleurs migrants de la Conférence épiscopale, de la Commission Justice et Paix, du Centre de pastorale de Taïwan, l’Association des femmes.
– Encourager l’amitié parmi les catholiques, spécialement les jeunes, comme un des aspects importants d’une communauté. Aider les familles catholiques à préserver leur foi et à la transmettre aux nouvelles générations.
– Les changements des structures sociales ont rendu l’évangélisation très difficile, mais l’Eglise doit s’y adapter et aider les catholiques à se rendre compte de ce qui est bien et moins bien dans ces changements.
– Favoriser les petites communautés de foi, pousser les laïcs dans l’accompagnement des catéchumènes, faire davantage de visites aux non-pratiquants catholiques, présenter la foi chrétienne aux membres non catholiques de la famille. Au moment des solennités et des célébrations, inviter les non-chrétiens à y prendre part.
– Mettre sur pied un programme pastoral pour l’accompagnement des travailleurs étrangers.
– La formation de ceux qui s’impliquent dans les activités missionnaires semble insuffisante. C’est pourquoi nous proposons:
Que les prêtres aient un suivi de formation qui les aide à diriger les fidèles pour le temps présent.
La qualité de la formation donnée aux prêtres et aux séminaristes, particulièrement en spiritualité doit être améliorée. Les séminaristes capables doivent être encouragés à poursuivre des études universitaires. Une meilleure formation des prêtres dépend des cours que propose la faculté de théologie de l’université catholique de Fu Jen. Tout ceci doit être amélioré.
– En plus des cours universitaires de théologie, philosophie et de théologie pastorale, former davantage de laïcs sur davantage de sujets concrets avec des exercices pratiques pour qu’ils puissent servir l’Eglise et les paroisses, soit à temps plein soit à temps partiel.
– Le manque de personnel est un très sérieux problème. Les laïcs travaillent dans la journée et le temps dont ils disposent le soir est limité. Il est donc urgent d’encourager les vocations sacerdotales comme les vocations de catéchiste pour que l’Eglise de Taïwan devienne auto-suffisante.
– Demander aux prêtres, religieuses et catéchistes de faire davantage de visites à domicile.
– Les programmes de formation pour les volontaires laïcs se sont avérés très utiles. Ils sont à continuer.
– L’Eglise doit aussi former des professionnels spécialistes des mass-media et des services de santé. Ces services peuvent aider l’évangélisation à condition que ces professionnels aient un sens profond de l’Eglise. Quelques années d’expérience missionnaire peuvent les y aider.
QUESTION III -FORMATION DES ACTEURS DE LA MISSION
Ce qui existe déjà
Dans le domaine des activités missionnaires : les écoles et les institutions d’éducation ; les centres médicaux ; les Centres sociaux ; la catéchèse individuelle de personne à personne ; des cours pour catéchumènes (en famille, dans les écoles, les paroisses et autres institutions); les associations de jeunes travailleurs (JOC); l’enseignement à l’école ;
Dans le domaine de la formation sacerdotale : des petits séminaires ; séminaires pour les vocations tardives; séminaire régional; envoi de séminaristes en formation à l’étranger
Dans le domaine de la formation des laïcs : écoles de catéchistes et centres pastoraux; programme de formation des laïcs volontaires; classes pour catéchistes laïcs; communautés de foi chrétienne (ex: groupes de lecture de la Bible); des pèlerinages; la commission pour les Laïcs de la FABC (Fédération de la Conférence des Evêques d’Asie); des séminaires et rencontres régionales.
Que devrait-on faire ?
Il devrait y avoir une seule commission pastorale pour l’ensemble de Taiwan pour établir un programme d’évangélisation réaliste et adapté.
Il existe un besoin d’une plus grande activité religieuse et donc de davantage de personnes, qui doivent comprendre l’évolution de la société et la place de l’évangélisation.
Une limite d’âge et de service devrait être fixée pour les prêtres en paroisses afin de maintenir l’efficacité de leurs ministères.
La formation des séminaires devrait inclure une solide formation à l’inculturation.
Laisser les évêques organiser des dialogues interreligieux et inviter les membres des autres religions à faire des interventions.
Certains petits séminaristes devraient avoir la possibilité de poursuivre des études universitaires.
Les personnels engagés dans les activités missionnaires devaient apprendre les techniques de communication.
La formation des prêtres doit commencer dans leurs familles : il n’est pas bon de quitter sa famille trop jeune.
Renforcer la formation spirituelle des séminaristes et développer leur sens des responsabilités.
Faire plus attention au rôle de l’accompagnement par les formateurs au séminaire et prendre conscience des différentes étapes de maturité chez les séminaristes.
Les évêques devraient prévoir un programme de formation sur toute la vie pour les prêtres et rendre leur participation obligatoire.
Etablir des associations pré-vocations dans les paroisses pour soutenir les vocations religieuses par la prière et l’aide financière.
La communication entre les évêques et les paroisses doit être améliorée et devenir plus chaleureuse. Elle ne doit pas se limiter au seul envoi de circulaires.
Qui plus est, faire prendre conscience aux responsables ecclésiastiques que les laïcs qui portent leur aide aux Eglises sont des volontaires qui ne se rencontrent qu’une fois par mois : toute communication ou célébration doit donc être prévue bien à l’avance.
La vie chrétienne doit s’adapter à la doctrine chrétienne. De nombreux articles de doctrine chrétienne soutiennent l’enseignement mais ne se traduisent pas dans la vie des chrétiens. Par exemple, l’abstinence doit être pratiquée à Taiwan mais elle est rarement respectée. Les évêques devraient étudier une norme pratique à cet égard.
Laisser les laïcs joindre la commission « Justice et Paix » ainsi que d’autres activités sociales : cela peut être un prélude à l’évangélisation.
Maintenir les portes des églises ouvertes comme les bouddhistes le font dans leurs temples et permettre les visites par des guides laïcs formés à cet effet et prêts à répondre à des questions.
Promouvoir les communautés chrétiennes de base.
Promouvoir les messes familiales et inviter les voisins catholiques à s’y joindre.
La plupart des formations visent la vie spirituelle individuelle des chrétiens, elles abordent rarement les besoins spirituels et sociaux des autres. L’Eglise devrait apprendre aux chrétiens à traiter des besoins sociaux avec une attitude chrétienne.
QUESTION IV – LE DESSEIN SALVATEUR DE DIEU DANS L’HISTOIRE
Les réalisations
En ce qui concerne l’encouragement des membres de l’Eglise pour mieux connaître les traditions des autres religions de Taiwan : il existe, sous les auspices de la Conférence des évêques, une Commission pour la coopération interreligieuse et oecuménique.
Une convention catholico-bouddhiste s’est tenue au monastère bouddhiste de Fukang.
Des publications parissent de temps en temps à ce sujet.
Depuis huit ans, l’université catholique de Fu Jen dispose d’une Ecole supérieure d’Etudes religieuses et de quatre départements spécialisés en religions. Leurs résultats sont très bons : non seulement on y trouve des cours de bouddhisme, de taoïsme ou d’autres religions mais, plusieurs fois par an, des visites sont organisées dans des temples ou d’autres lieux de culte, afin de dialoguer avec des représentants de ces religions et de nouer des amitiés. Nos étudiants sont chaleureusement accueillis et bien traités… le tout gratuitement !
Que peut apprendre l’Eglise de ces dialogues ?
Des bouddhistes, l’Eglise peut apprendre la dévotion dans la prière, des taoïstes et d’autres religions populaires, des rites significatifs , des autres chrétiens, leur zèle missionnaire. La doctrine confucéenne peut être utilisée comme une passerelle vers l’Evangile.
Des bouddhistes, l’Eglise peut aussi apprendre le détachement du monde environnant, et de la doctrine confucéenne, la capacité à s’impliquer dans les événements quotidiens sans se laisser contaminer par le monde environnant.
L’Eglise Catholique peut encore apprendre des autres religions l’hospitalité, l’ouverture d’esprit et l’attitude douce et humble dans le dialogue. On ne sait jamais si c’est par manque de confiance dans leur propre croyance ou par respect pour la religion chrétienne mondiale qu’il ne soumettent personne à aucune pression.
De nombreuses expressions utilisées par les confucéens, les bouddhistes ou les taoïstes peuvent être reprises par l’Eglise pour expliquer la vérité de l’homme et la foi chrétienne.
Un calendrier dessiné par une fondation bouddhiste pour 1997 inclut la calligraphie d’un grand maître bouddhiste : c’est très créatif !
Des concepts de vie provenant d’autres religions sont plus facilement acceptés par les gens ; ils se glissent dans les médias avec une grande souplesse ; ils parlent sans prêcher, partagent les expériences au jour le jour, réussissent à obtenir un retour et impliquent les gens dans des projets d’aide sociale. Les catholiques attendent quelquefois que les ordres viennent d’en haut. D’un autre côté, l’Eglise catholique porte plus d’attention à la dignité humaine : cela pourrait faire réfléchir les autres sur ce point.
Jusqu’à quel point les spécificités des religions asiatiques peuvent-elles être utiles à l’Eglise ?
Les hommes d’aujourd’hui ont tendance à contrôler leur prochain alors que les traditions chinoises enseignent l’harmonie et le respect, comme l’exige la spiritualité chrétienne. En collaboration avec d’autres religions, l’Eglise catholique peut apporter des moyens pratiques pour présenter et défendre des concepts justes de valeurs et de vie.
Promouvoir les séminaires et les visites aux temples et à des lieux de culte d’autres religions afin que les catholiques comprennent mieux leurs traditions.
Pour évangéliser les Chinois, il est important de comprendre la sagesse de Confucius qui constitue la base de la morale chinoise traditionnelle. Nous pouvons faire un meilleur usage de la culture chinoise, essayer d’expliquer l’Evangile en utilisant la culture, la langue, la pensée et les rites locaux.
QUESTION V – JESUS CHRIST, LE SAUVEUR : UNE BONNE NOUVELLE POUR TOUS
Comment est perçue la personne du Christ ?
Comme les Taiwanais ont en générale une attitude positive vis-à-vis de la religion, ils sont assez ouverts. Pour la plupart des gens, Jésus est une bonne personne avec une vie spirituelle profonde.
De nombreuses personnes considèrent la religion chrétienne comme une religion occidentale et Jésus comme une personne sainte et importante, mais L’acceptent rarement comme la deuxième personne de la Trinité et Dieu incarné.
Pour certains, les chrétiens en général sont des gens avec un bon coeur, capables de pardonner et de servir; par conséquent, ils pensent que le Christ doit avoir un fort pouvoir d’attraction et d’impact sur eux.
Jésus est un grand sauveur, plein d’amour et de pitié pour le monde.
Il existe aussi des personnes qui pensent que seuls les personnes âgées et les enfants Le cherchent.
Pour d’autres, le Christ n’a rien à voir avec eux.
Comment le Christ est-il présenté aux Asiatiques ?
L’évangélisateur n’est pas seulement un assistant social.
La religion chrétienne n’est pas qu’une « liste de doctrines » ou un « code de vie » mais le « Christ Lui-même », « le Christ vivant ».
Le seul moyen pratique est le « témoignage de la vie », « être la lumière du monde », en plus de prêcher la Bible et d’utiliser les médias correctement.
Le Christ est présenté aux gens au travers de nos oeuvres. Montrer au monde l’amour infini du Christ, sans réserve.
Faire bon usage de la culture chinoise qui tient en haute estime la fidélité et la piété, la miséricorde et l’amour, la confiance et l’honnêteté, la paix, la courtoisie, la justice, la droiture et la modestie.
Dans une certaine mesure, la comparaison entre Confucius et Jésus est toujours utile, puisque les deux sont des maîtres en relation étroite avec leurs disciples : il existe des similitudes et des différences qui sont sources de réflexions et d’inspirations.
Les médias sont tellement développés à Taiwan (cinéma, vidéo, télévision) que nous devons en faire un usage systématique pour présenter Jésus aux gens.
Organiser des conventions géantes à l’aide des médias pour créer des impressions marquantes sur les gens.
La proclamation du message de l’Evangile par l’Eglise catholique n’est pas aussi active et directe que celle qu’en font les protestants. Avec le respect dû à chacun, nous devons utiliser toutes les opportunités de proposer les bonnes valeurs de vie et éveiller les consciences.
La proclamation de Jésus Christ est au centre de tout.
Encourager les croyants à étudier les Evangiles.
Une dévotion excessive à Marie pourrait porter à penser que les catholiques « adorent Notre-Dame » : nous devons insister sur notre dévotion au Christ Lui-même (par exemple dans les sacrements et le Sacré-Coeur).
Commencer et conclure chaque réunion au nom de Jésus.
QUESTION VI – L’EGLISE COMME COMMUNION
Evaluer la compréhension par l’Eglise du besoin et de la responsabilité de poursuivre la mission du Christ dansl’Esprit.
En général, les laïcs considèrent cette mission comme de la responsabilité des prêtres et des soeurs et sont donc passifs.
La plupart des catholiques pensent que leur formation s’achève au baptême sauf si les paroisses leur offrent des opportunités ou dans le cas d’un petit nombre qui prennent l’initiative personnelle de poursuivre leur formation.
A tous les niveaux, l’Eglise doit apprendre aux croyants à être plus actifs dans la proclamation de la Bonne Nouvelle comme le font les protestants.
Pousser les laïcs à prendre la tête d’associations de laïcs et à se sentir responsables de leur marche.
Eviter qu’un petit nombre porte le fardeau alors que la majorité reste passive.
La communion et la collaboration entre les diocèses de Taiwan se sont améliorées depuis la création de la conférence des évêques en 1967. Bien que les initiatives des différentes commissions soient peu nombreuses, elles offrent des opportunités de communication entre les diocèses et de formation de leurs membres.
Il existe une Fédération des religions chrétiennes pour la collaboration, dont l’Eglise catholique fut l’une des fondatrices. Non seulement les résultats de l’aide sociale qu’elle produit sont bons mais elle permet de promouvoir l’oecuménisme. Ces dernières années, les principales religions chrétiennes ont développé leur amitié avec l’Eglise catholique.
Les terrains de collaboration comprennent des actions pour les femmes, les malades du sida, les ouvriers, les travailleurs étrangers et aborigènes.
Concernant le dialogue avec les religions non chrétiennes
Le dialogue avec les bouddhistes est le plus fréquent et le plus concret. Le Département de religion de l’université catholique de Fu Jen offre un cours sur le bouddhisme. Il existe aussi un dialogue avec la religion de Yi-guan-dao, avec les taoïstes et quelques autres religions locales. Le dialogue avec les musulmans est difficile et très rare.
Suggestions pour l’avenir : être plus actifs et entreprendre plus d’activités, d’échanges d’expériences et former plus de personnes capables de dialoguer avec les autres religions.
QUESTION VII – LA COMMUNION DE L’EGLISE
Comment vit-on la Communion de l’Eglise dans l’Eglise locale ?
Toutes les paroisses essaient de réaliser la communion de l’Eglise. Certaines réussissent très bien. Mais, sur l’ensemble de l’Eglise de Taiwan, il reste encore beaucoup à faire. La situation semble être excellente dans un diocèse ; nous espérons que règne un esprit de communion entre les diocèses et les paroisses pour travailler au Royaume de Dieu, laissant de côté les individualismes. Il n’y a pas beaucoup de communication entre les paroisses.
Il existe une certaine collaboration entre diocèses, et entre les diocèses et les congrégations religieuses, mais elle est faible ; de nombreuses initiatives sont indépendantes, par exemple la publication de deux hebdomadaires catholiques (l’un au Nord et l’autre au Sud de Taiwan) et l’existence de calendriers diocésains séparés. Afin de simplifier certaines choses et de coordonner et réunir les ressources, nous espérons que l’Eglise fasse preuve d’une meilleure coordination et qu’elle crée plus d’espaces et d’opportunités pour la coopération.
La communion se perçoit dans les rencontres et les « agapes » entre les laïcs et le clergé, mais la communion d’esprit est plutôt rare entre les prêtres et les croyants et entre les croyants eux-mêmes.
La communion avec les autres chrétiens ne devrait pas se limiter à la semaine annuelle de prière.
De plus, l’oecuménisme doit passer de la prière à l’action. A cet égard, la Commission pour la coopération interreligieuse et oecuménique doit prendre les choses en mains.
Comment les différentes Eglises chrétiennes donnent-elles un témoignage commun au travers de leurs activités d’évangélisation ?
Au niveau individuel, permettre aux chrétiens de prêter plus d’attention aux messages de l’Eglise (ex : encycliques du pape), afin de créer une communion avec les autorités ecclésiastiques.
Permettre de même à chacun de développer son intérêt pour comprendre les événements et tendances de l’Eglise, dans le même but de communion.
Un esprit de communion doit être perceptible dans les liturgies eucharistiques.
Prier plus souvent pour le pape dans les liturgies.
Etablir des groupes de chrétiens pour mieux prendre conscience de l’unité du Christ. Stimuler les fidèles pour qu’ils intensifient leur vie de prière et aillent à la messe chaque jour.
Des paroisses ont essayé des activités communes avec des paroisses voisines.
Les chrétiens sont incités à prendre part aux réunions de grande ampleur au sein de l’Eglise, aux niveaux diocésain et national.
L’Eglise catholique doit développer son esprit oecuménique par les moyens appropriés.
Inviter les autres chrétiens à prendre part aux célébrations catholiques et permettre aux catholiques de prendre part aux leurs.
La coopération avec les autres chrétiens pourrait être meilleure dans la réforme spirituelle de la société taiwanaise, l’éducation, les services médicaux et les autres services pour les pauvres et les nécessiteux.
Quels efforts sont entrepris pour renforcer la compréhension oecuménique et l’unité ?
Les réalisations à Taiwan dans ce domaine sont limitées à la semaine de prière annuelle. Le dialogue avec les autres Eglises chrétiennes est très limité. Les Eglises ont cessé de s’attaquer mutuellement mais les portes sont encore solidement fermées. Afin d’éliminer les préjugés, chacun doit faire preuve de plus de charité et renouer le dialogue sur la doctrine.
Les enseignants et les étudiants des universités de théologie peuvent provoquer des rencontres avec d’autres Eglises chrétiennes.
Rendre plus efficace la Commission pour la coopération interreligieuse et oecuménique.
Que fait-on pour engager le dialogue avec les autres religions ?
Pour être précis, le dialogue doctrinal n’était engagé qu’avec les confucianistes et les bouddhistes. Malgré de grandes différences, des progrès ont été réalisés. Si l’Eglise était prête à former plus d’ecclésiastiques et de laïcs à la culture chinoise, les résultats seraient encore meilleurs.
L’Archidiocèse de Taipei a eu un dialogue avec les Eglises chrétiennes et quelques religions populaires.
Dans le monastère bouddhiste de Fukuang, deux rencontres entre l’Eglise Catholique et les bouddhistes ont eu lieu.
A Kaohsiung, le Centre social de San Tao coopère avec les autres religions pour rendre visite aux personnes âgées.
La Caritas catholique et Tzi Chi Gung Teh Hui (la Caritas bouddhiste à Hualien) ont parfois mené ensemble des initiatives, des réunions publiques, des rencontres et des prières.
En particulier, dans les régions de Hualien et Taitung, la plupart des aborigènes sont chrétiens alors que les Taiwanais sont essentiellement bouddhistes. Les relations sont bonnes entre les Soeurs de Sainte Marthe, les Soeurs missionnaires et le Tzi Chi Gung Teh Hui. Maître Zheng Yien reconnaît s’être inspiré des soeurs catholiques pour fonder son institution et tient l’Eglise Catholique en haute estime. Elle offre parfois des services aux institutions catholiques et leur présente des donateurs. En retour, les soeurs lui offre leur assistance.
Le dialogue est toujours facile au sujet de la vie pratique mais plutôt difficile au niveau doctrinal.
Dans notre dialogue avec les autres religions, nous recherchons des applications pratiques et claires des différents types de foi et de leurs implications, similitudes et différences.
En plus de la Commission pour la coopération interreligieuse et oecuménique, sous les auspices de la Conférence des évêques, certains diocèses disposent de leur propre commission à cet effet.
Certaines congrégations religieuses ont aussi leurs propres activités dans ce domaine. Par exemple, des religieux catholiques entretiennent de bonnes relations avec les moines voisins et il en résulte une meilleure compréhension. Les relations vont s’approfondir et la connaissance des qualités mutuelles s’améliorer.
QUESTION VIII – LA MISSION D’AMOUR ET DE SERVICE DE L’EGLISE EN ASIE
L’inculturation : remarques préliminaires
L’Eglise de Taiwan a été consciente dès ses débuts de l’importance de l’inculturation mais beaucoup de chemin reste encore à parcourir. Nous espérons qu’avec la canonisation des Saints martyrs de Chine le processus d’inculturation ira de l’avant.
Actuellement, le travail d’inculturation à Taiwan est limité dans de nombreux aspects (théologie, liturgie et spiritualité). Il n’existe pas de contribution remarquable pour l’Eglise dans son entier.
Prenons l’exemple de Hualien : la population y est nombreuse. En plus des races de Minnan, Hakka et des gens des autres provinces du continent, il existe six tribus d’aborigènes. Jusqu’à il y a 50 ans, ces aborigènes n’avaient pas de langue propre sous forme écrite. L’inculturation consiste à traduire leur langue parlée avec l’alphabet chinois et retraduire la Bible et les homélies avec cet alphabet scriptural. L’entreprise est difficile. Une autre étape consistera à adapter leur musique et leur danse à la liturgie.
Par ailleurs, les aborigènes vivent dans un environnement difficile. Pour communiquer avec les autres, ils doivent apprendre le chinois et, si possible, ne autre langue étrangère. En ce qui concerne l’évangélisation, il semble que cela leur prenne moins de temps d’apprendre le chinois, sans négliger pour autant leur propre langue.
Etendue de l’inculturation
Liturgie : A l’exception de certaines liturgies pour les aborigènes, il n’existe aucune réalisation notable. La liturgie funéraire, les rites de commémoration des ancêtres lors des fêtes de Chingming et de Chungyang et les cérémonies du Nouvel An sont les occasions favorites pour l’inculturation : elles comprennent le dépôt de bâtons d’encens chinois, la musique et les hymnes chinois et l’offrande de fruits et de produits agricoles locaux. Lors des festivals de Chingming et de Chungyang, les billets monétaires déposés sur les tombes sont souvent remplacés par des feuillets de prière à l’image du Seigneur en Croix.
Spiritualité: quelques efforts pour développer la spiritualité en l’intégrant aux pratiques bouddhistes Zen.
Art religieux: l’art chinois est utilisé pour les cartes de Noël, les calendriers, les affiches ; des rouleaux dépliables avec des maximes chinoises inscrites sont pendues aux portes des maisons et des églises pour le Nouvel An.
Quelques musiques et hymnes religieux chinois.
Architecture : A quelques exceptions près, l’architecture des églises reste celle des modèles européens.
Théologie : en plus des séminaires spécialisés, notons les publications de Monseigneur Paul Cheng, remarquables pour leur parallèle réussi entre la littérature chinoise classique et le message de l’Evangile. Des efforts sont aussi entrepris pour promouvoir une théologie et une spiritualité asiatique et féministe.
Autres aspects : il est courant à Taiwan de donner des spectacles extraordinaires pour satisfaire les dieux ; ceci peut être considéré comme faisant partie de la vie quotidienne. Il est utile de retenir cet état d’esprit, mais pas les spectacles, et de réfléchir à une meilleure inculturation de cette célébration.
Contributions à l’inculturation
Comme nous l’avons déjà dit, il n’existe aucune réalisation particulière. Cependant, les efforts pour insérer les éléments positifs des coutumes traditionnelles dans la liturgie ou pour introduire des pratiques orientales dans la spiritualité et la prière sont bien accueillis. Cela a permis la conversion de quelques personnes à l’Eglise catholique. Mais il n’est pas suffisant d’incorporer ces éléments à la liturgie, le sens de l’Eglise doit être ajouté et expliqué. La superficialité est dangereuse et des corrections sont nécessaires pour éviter les superstitions.
Faire plus d’efforts pour accomplir ce qui manque dans l’inculturation théologique: les termes doivent être facilement compréhensibles par les hommes de notre temps et le catéchisme doit utiliser le langage courant.
IX – LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
L’Eglise a toujours considéré le service des pauvres et des nécessiteux comme le moyen principal d’évangélisation. Ce doit être aussi le cas en Asie. En fait, c’est de là que provient le succès de l’évangélisation de bonne heure à Taiwan.
Sous les auspices de la conférence des évêques, existent la Commission pour le développement social (Caritas) et la Commission pour la justice sociale et la paix. Nous manquons de bras pour être efficaces. A cet égard, une meilleure coordination humaine et financière est nécessaire. Eventuellement, il faudrait créer des fondations et une direction centrale.
Les croyants doivent apprendre à renforcer leur esprit d’amour et de service dans ces oeuvres de service. Nous les encourageons à étudier les documents de l’Eglise et à les mettre en pratique au service des malades, des vieillards, des sans abris, des travailleurs étrangers, des prostituées, des ouvriers et des enfants maltraités.
Il semble se développer en Asie une inquiétude au sujet des travailleurs migrants et, dans une moindre mesure, une inquiétude au sujet de l’éducation sur le sida et le soin des personnes atteintes de cette maladie. Des voix commencent à se faire entendre au sujet du rôle des femmes dans l’Eglise, au sujet des violences à l’encontre des femmes, des jeunes filles et des enfants en Asie, notamment concernant le trafic de femmes et la prostitution enfantine. A tous ces sujets, l’enseignement social de l’Eglise apporte des bases de réflexion et d’action claire dans le sens de la justice. A cet effet, il est essentiel de promouvoir à Taiwan l’enseignement social de l’Eglise auprès des communautés de croyants chrétiens et d’encourager l’engagement individuel et collectif.
A Taiwan, les voix des marginaux comme les aborigènes ou les travailleurs immigrés se font entendre et le gouvernement s’efforce de légiférer pour éliminer les pratiques injustes et l’exploitation de ces groupes. L’Eglise dispose de nombreux centres d’accueil pour ces groupes. Des messes en anglais sont dites pour les travailleurs étrangers et les annexes des églises sont mises à la disposition de leurs réunions sociales.
L’Eglise fut parmi les premiers à établir des centres éducatifs pour les handicapés mentaux.
Un groupe de Soeurs a créé une université pour les vieillards. Il existe aussi des centres pour personnes âgées. Le nombre de maisons de retraite pour malades augmente.
Au travers de rencontres entres couples mariés et entre couples fiancés, la sacralité du mariage est affirmée et de l’aide est apportée aux couples qui ont besoin d’accroître leur amour et leur fidélité.
Un petit groupe de femmes appelé le « Sprout Group » se réunit régulièrement pour aborder les questions féminines et lutter contre la violence à l’encontre des femmes et des enfants.
Les informations aux malades du sida et l’information au sujet de cette maladie sont souvent l’oeuvre d’ecclésiastiques et notamment des Soeurs.
De plus, les enseignements sociaux pénètrent peu à peu les rangs des avocats et des organisations non gouvernementales au sujet de l’environnement, de la discrimination raciale, des pêcheurs, des droits de l’homme.
QUESTION XI -LeS MOYENS DE COMMUNICATION SOCIALE
Qu’a fait l’Eglise pour utiliser les moyens de communication sociale dans sa mission évangélique ?
Il existe une Commission pour la communication de masse sous les auspices de la conférence des évêques.
L’Eglise de Taiwan produit des émissions de télévision et des vidéo, des émissions de radio, est présente sur internet (à une petite échelle), dirige deux hebdomadaires (« Christian Life Weekly » à Taipei et « Shantao Weekly » à Kaohsiung), publie plusieurs magazines (mensuel de la conférence des évêques, « Vox Cleri« , « Witness« , « Collactanea Theologica« , etc.), des bulletins diocésains.
Plusieurs maisons d’édition sont dirigées par les diocèses ou les religieux.
Le Kuangchi Program Service géré par la Société de Jésus est la seule institution cléricale de Taiwan qui a adopté tous les moyens de communication modernes.
Néanmoins, nous devons reconnaître que l’Eglise dans son ensemble commence seulement à utiliser la communication moderne dans un but évangélique. Les effets sont encore faibles en raison du manque de personnes et de moyens financiers.
Des initiatives spécifiques ont lieu à Noël quand divers groupe vont chanter les cantiques et distribuent des dépliants pour faire connaître le Christ et Son message.
Pour les aborigènes, il existe une publication par le Diocèse de Hualien.
Certaines paroisses ouvrent leur bibliothèque au public.
Quelles sont les initiatives nécessaires pour le futur ?
Encourager les leaders de l’Eglise à utiliser davantage la communication de masse.
Former davantage de spécialistes capables de travailler dans ce domaine.
Produire plus de vidéo accessibles à tous et bon marché.
Rendre disponibles les livres et les magazines catholiques ainsi que les articles religieux dans les principales librairies, comme cela s’est produit pour les livres de Jean-Paul II et de Mère Teresa de Calcutta.
L’Eglise doit se doter d’un Bureau d’information avec un porte-parole de l’Eglise ; il pourrait diffuser les informations de l’Eglise.
Au travers des mass-media, construire et répandre les concepts corrects de justice et de paix et encourager les gens à prendre soin des réfugiés et des marginaux.
QUESTION XII – SPIRITUALITE ET DEVOTION MARIALES
La dévotion mariale à Taiwan aujourd’hui
La dévotion à Marie a toujours été très utile pour l’évangélisation de la Chine car les Chinois ont une grande estime de la piété filiale ; en fait, des protestants se sont convertis au catholicisme essentiellement grâce à la dévotion mariale. Les gens sont attirés par la figure de la mère miséricordieuse.
Cependant, la dévotion à Marie s’arrête quelquefois au niveau liturgique : Elle est vénérée comme mère de Dieu mais pas imitée dans l’acceptation de la volonté de Dieu et l’accomplissement de Son projet salvateur.
La dévotion mariale est quelquefois pratiquée de façon si confuse que les gens pensent que les catholiques « adorent Marie ».
Des incompréhensions conduisent à mettre Marie et Dieu au même niveau. La dévotion mariale doit être ramenée vers des pratiques plus authentiques !
Certaines congrégations religieuses souhaitent faire leurs voeux le jour d’une fête mariale pour souligner que Marie est le meilleur exemple de vie consacrée.
Certains lieux de pèlerinage jouent un rôle important dans la vie de nombreuses personnes.
D’une façon générale, la vénération de Marie n’est pas très développée en ce moment, probablement à la suite des critiques de certains groupes protestants. D’un point de vue théologique, le rôle du Christ a certainement la priorité.
Suggestions pour l’avenir
Utiliser les médias pour répandre la dévotion réelle à Marie.
Apprendre aux croyants non seulement à vénérer Marie mais aussi à l’imiter pour aimer Jésus.
Encourager les croyants à prendre part aux pèlerinages, processions et autres pratiques. Cela renforcera leur foi chrétienne.
Cependant, dans la catéchèse, les identités et les rôle de Marie et de Jésus doivent être clairement enseignées.
AUTRES REMARQUES ET SUGGESTIONS
Ajouter ceci à l’ordre du jour du synode : la structure et le gouvernement de l’Eglise.
1. Gouverner les organisations ecclésiastiques avec des concepts de management moderne et former les professionnels en conséquence.
2. La recherche théologique doit s’étendre à l’étude des cultures : aborder le dialogue avec des cultures différentes et les interactions entre culture et foi, afin que les éléments (l’eau, l’huile, la lumière, l’imposition des mains) ne soient pas seulement imposés dans la liturgie parce qu’ils sont prescrits, mais parce que leur relation avec la vie peut être expliquée dans une perspective salvatrice.
3. Un séminaire au Nord de Taiwan et un autre au Sud, un centre pastoral à Taipei et un autre à Hsinchu n’ont pas atteint tous leurs objectifs dans le passé. Des renouvellements ont eu lieu mais une adaptation continuelle aux besoins de notre époque est nécessaire ; un soutien financier et humain doit être accordé ; les membres, surtout les plus jeunes, doivent être aidés dans leur recherche de la vraie vie afin de remplir leur mission d’unir le salut et la vie.
Des adaptations de l’inculturation dans l’évangélisation :
La société a connu de grands changements ces dernières années (passage d’une vie rurale à une vie urbaine, d’une industrie de PME familiales à la grande industrie, explosion des communications). L’Eglise doit donc revoir son fonctionnement à partir du haut (Saint-Siège) jusque dans les paroisses pour la communication, les structures, la co-responsabilité, afin de faire face au rythme et aux besoins de la société moderne et produire les effets nécessaires.
Dans le passé, la foi se transmettait de génération en génération et l’Eglise contrôlait la vie sociale. Aujourd’hui, l’individu est la référence, les relations humaines sont multiformes et froides, et la société chrétienne s’est sécularisée. Dans une telle société, l’évangélisation ne doit pas tant s’attacher à défendre une structure et une observation des règles qu’à se demander comment apporter la foi et la conversion afin de construire une vie de foi et d’établir une structure et un système.
Quelqu’un a avancé les trois sujets de réflexion suivants :
Le synode des évêques d’Asie devrait rendre un hommage particulier aux martyrs qui ont donné le meilleur témoignage d’évangélisation. Il semble que ces 50 dernières années Dieu ait donné une mission spéciale aux catholiques de Chine, à savoir d’être les témoins de leur unité avec le Pontife romain. Les évêques loyalistes, les prêtres et les laïcs auraient pu faire un compromis avec les communistes chinois et se comporter comme certains évêques et prêtres de l’association patriotique, c’est-à-dire rester fidèles au Pape dans leurs coeurs et accepter le contrôle des communistes en surface, afin d’échapper à la persécution. Mais ces martyrs sont restés fidèles sont restés fidèles parce qu’ils savaient – et peu de personnes sont au courant – que l’Eglise sous contrôle du gouvernement n’était tolérée que grâce à l’existence d’une Eglise loyaliste cachée. Si l’Eglise cachée venait à disparaître un jour, il n’y aurait plus de raison d’être à l’Eglise sous contrôle du gouvernement ; le vrai visage de l’Association patriotique apparaîtrait alors. Pour cette raison, ils méritent une attention particulière.
Le synode des évêques d’Asie doit rester attentif à demeurer fidèle à l’Evangile sans se laisser influencer par les gouvernements pendant qu’il encourage la démocratisation et la justice sociale. Ces dernières années, des mouvements qui recherchaient la démocratie et la liberté sont tombés dans des extrêmes et n’ont pas pu mener la société sur une route harmonieuse. La justice sociale doit être bâtie sur l’amour du Christ.
Les désordres de la société actuelle proviennent de la faiblesse ou de l’absence de foi, qui conduit à la confusion des valeurs. L’objet de la foi est la vérité et la structure de la vérité est faite de valeurs. La lumière de la vérité et des valeurs maintient l’ordre. Quand l’ordre est détruit, les vraies valeurs sont ignorées. Ainsi, en recherchant la liberté et la démocratie, l’ordre et la hiérarchie des valeurs doivent être conservés, sinon la liberté devient désordre et la démocratie anarchie.