Eglises d'Asie

Un Centre catholique au service des travailleurs d’une grande zone industrielle

Publié le 18/03/2010




Un amplificateur électronique, une paire de chaussures, des cuillers, des couteaux, des pots de peinture, une guitare et autres instruments de musique, tels sont les quelques produits fabriqués dans la région, qui ont été offerts au cours de la messe célébrée au Centre pastoral des travailleurs de Pupyong, à l’occasion de son vingtième anniversaire, en octobre 1997.

Ils étaient quelques 300 invités et travailleurs à participer à l’anniversaire de ce Centre fondé à Pupyong pour être, au service des travailleurs, la voix de l’Eglise dans ce grand complexe industriel. Saenalui Jib (la maison des jours nouveaux) est le premier centre du genre parmi les multiples organisations de l’Eglise catholique de Corée du Sud, a expliqué le P. Francis Oh Kyeng-whan, vicaire général du diocèse de Inchon.

En 1977, des responsables d’action sociale, dont un prêtre de Maryknoll, le P. Martin Lowery, et Soeur Joyce Quinn, suivie plus tard par une laïque, Cecile Lee Kyung-sim, avaient ouvert ce centre dans la région de Pupyong, qui fait partie maintenant de la ville de Inchon à l’est de Séoul. Leur objectif était de sensibiliser les gens à la nouvelle orientation suivie par l’Eglise catholique qui désormais s’engageait dans la pastorale des zones industrielles. Le Centre vit le jour pendant la période du gouvernement militaire du président Park Chung-hee, qui a tenté d’étouffer le mouvement ouvrier en Corée du Sud, a expliqué le Père Oh : « C’est une chance de pouvoir célébrer aujourd’hui l’anniversaire du Centre qui a échappé de justesse à la fermeture, à ce moment

Lee Un-gu, président du syndicat ouvrier des usines Daewoo, a rappelé le temps du régime de Park où les travailleurs ne pouvaient revendiquer leurs droit : « S’ils prononçaient seulement le mot de « syndicat« , ils étaient condamnés comme gauchistes ou comme communistesC’est pendant ces jours difficiles que le centre est devenu un « refuge » pour les travailleurs. Malgré les rapides changements politiques et l’évolution des deux dernières décennies, le service des travailleurs continue à Saenalui Jib, qui conseille et aide juridiquement les chômeurs, tout en contribuant à mettre sur pied de nouvelles sections syndicales.

En 1996, le centre avait participé au mouvement populaire de lutte autour d’un terrain du centre-ville de Pupyong, occupé par l’armée américaine. Il s’était opposé aussi activement à l’installation d’une centrale thermique à Yongheung, une île proche de Inchon.

« Depuis que je connais le Saenalui Jib, je me sens fier de mon travail. Et en même temps j’ai pris conscience de la situation des travailleurs, souvent victimes de violations des droits de l’hommeraconte Pae Song-young, un ouvrier, à des journalistes. Agé de 25 ans, il travaille à Pupyong dans l’usine Hanhung, qui fabrique des pièces d’équipement automobile. Il reconnaît que c’est grâce au centre pastoral de Pupyong qui l’a aidé, qu’il a pu résoudre ses problèmes de service militaire.

Outre cette messe d’anniversaire, le centre a tenu un symposium où ont été traitées des questions comme « La vie des travailleurs aujourd’hui », « Un centre de pastorale du travail est-il encore nécessaire aujourd’hui ? », « L’enseignement de l’Eglise sur le travail des hommes », et « Orientation d’une pastorale du travail dans les années 2000 ».

Quatre laïcs, trois hommes et une femme, accompagnés d’un Frère de la congrégation des saints martyrs coréens, travaillent au centre, explique Paul Yu Yong-il, 33 ans, membre de l’équipe responsable, qui a passé un an en prison pour ses activités syndicales. Mais, dit-il, il devient très difficile pour le centre de mettre sur pied de nouveaux programmes pour les travailleurs parce que nos installations sont trop anciennes et trop petites. Il espère obtenir un soutien financier du diocèse pour restaurer le bâtiment.

L’un des fondateurs du centre, le P. Lowery, est retourné aux Etats-Unis où il travaille comme assistant social auprès des ouvriers de New York. Un autre, Soeur Quinn, travaille au Cambodge depuis six ans comme infirmière.