Eglises d'Asie

A travers le Congrès des représentants des catholiques vietnamiens, les autorités ont essayé de relancer le Comité d’union du catholicisme

Publié le 18/03/2010




Le troisième congrès des représentants des catholiques vietnamiens, qui réunissait les délégués de diverses sections locales du Comité d’union du catholicisme, s’est tenu à Hanoi du 30 au 31 décembre 1997, pour la troisième fois depuis la fondation du Comité en 1983. L’intervention de M. Lê Quang Vinh devant la Conférence épiscopale au début du mois d’octobre dernier (9) laissait présager que les autorités attachaient un certaine importance à cet événement. Celui-ci a, en effet, bénéficié d’une publicité sans précédent. L’agence Vietnam Presse a mentionné ses travaux à plusieurs reprises. Tous les plus hauts personnages de l’Etat y ont participé. Le jour de l’inauguration, le président Trân Duc Luong est venu prodiguer ses encouragements civiques aux participants, accompagné de bien d’autres personnalités politiques, comme, par exemple, le responsable national de la section de l’agit-prop, Pham Thê Duyêt, récemment promu au Comité permanent du Bureau politique, le président du Front patriotique, Lê Quang Dao, le nouveau directeur des affaires religieuses, Lê Quang Vinh, sans oublier les représentants des ambassades et des autres religions. Le 31 décembre une délégation du congrès était reçue par le tout nouveau secrétaire général, Lê Ka Phiêu, au siège du Parti. Celui-ci a rappelé les mérites « révolutionnaires » d’un certain nombre de personnalités catholiques dans le passé, et a fait état de l’intérêt porté par le parti communiste vietnamien à la contribution toute spéciale que les catholiques apportent à la « grande union » nationale.

Toutes les agences de presse relatant ces visites se sont empressées, non sans certaines raisons, d’évoquer les circonstances dans lesquelles se déroulait cette réunion, circonstances qui ont sans doute justifié le déploiement officiel qui a entouré le rassemblement et le type de discours tenu aux participants du congrès. les commentateurs, en effet, ont beaucoup évoqué les troubles de Thai Binh dont on ne sait au juste combien de temps ils se sont prolongés, mais surtout, les récentes et répétées protestations publiques des milieux catholiques de la province du Dông Nai ainsi que l’inquiétude éprouvée par les autorités à ce propos.

Les représentants des catholiques rassemblés à Hanoi pour la circonstance étaient au nombre de 351, selon les chiffres publiés par la presse officielle. Parmi eux, se trouvaient 139 prêtres, 17 religieuses et 195 laïcs. Ce chiffre élevé de prêtres et de religieux a été mis en relief par la presse officielle qui a fait remarquer que lors de la première réunion de ce type en 1983, la réunion fondatrice du Comité d’union, sur les 299 représentants présents à Hanoi à cette occasion, il n’y avait encore que 42 prêtres et 11 religieuses. Le supplément mensuel de l’organe du Comité d’union à Saigon a souligné la progression de l’association de 1983 à 1998, aussi bien en nombre d’adhérents qu’en nombre de sections provinciales (10).

Il est probable que la participation de ce grand nombre de prêtres aura été considéré comme un succès par le bureau des affaires religieuses qui sur ce point, lors de la réunion de la conférence épiscopale du mois d’octobre, s’était opposé aux évêques, ceux-ci désirant, dans leur majorité, que les prêtres se retirent du Comité pour en laisser la responsabilité aux seuls laïcs (11). On aurait tort cependant de donner une importance excessive à ces chiffres. Une pression considérable s’est exercée sur certains prêtres pour qu’ils participent à la réunion de Hanoi. D’autres y sont allés avec des consignes de leurs évêques et dans un but de conciliation. Enfin, selon plusieurs sources vietnamiennes, des prêtres d’un diocèse du Nord-Vietnam, présents à cette réunion, avaient bravé l’interdiction de leur évêque, qui les a frappé de la peine de « suspensio a divinis ». A leur retour, les prêtres sont allés implorer le pardon de leur évêque qui les a relevés de la peine qu’il avait prononcée contre eux.

Durant les deux jours de réunion, 23 interventions ont eu lieu, surtout consacrées à faire le bilan des activités durant les trois années écoulées (12). La charte de l’association a été amendée. Une résolution commune a été adoptée ainsi que le texte d’une lettre qui a été envoyée aux prêtres, religieux et fidèles. Les représentants ont aussi élu un présidium de 15 membres et un secrétariat de huit membres. Le P. Vuong Dinh Ai, du diocèse de Vinh, a été réélu président du Comité tandis que son confrère du sud, le P. Phan Khac Tu, était, à l’issue du scrutin, nommé de nouveau aux postes de vice-président et secrétaire général de l’association. Les deux prêtres avaient été élus députés à l’Assemblée nationale aux élections du mois de juillet 1997.

Dans le soin qui avait été apporté à la préparation de ce Congrès, les observateurs ont vu un autre signe de son importance. La plaidoirie du directeur des Affaires religieuse en faveur du Comité auprès des évêques vietnamiens au mois d’octobre a été reprise et prolongée dans le supplément mensuel de « Catholicisme et nation » par les principaux animateurs du Comité d’union (13). La presque totalité de ce numéro a été en effet consacré à traiter des problèmes relatifs au Comité et à répondre aux questions que les catholiques vietnamiens se posent à son sujet. Les PP. Phan Khac Tu, Vuong Dinh Bich et Truong Ba Cân ont, chacun à tour de rôle, parlé de la place des prêtres à l’intérieur du Comité, du rapport du prêtre avec la politique et de l’attitude l’Eglise du Vietnam et de l’Eglise universelle à l’égard du mouvement des prêtres patriotes.