Eglises d'Asie

Assam : des femmes participent à un grand rassemblement pour la paix dans le nord-est de l’Inde en proie souvent à des luttes inter-ethniques

Publié le 18/03/2010




Elles étaient 1 500 femmes à ce rassemblement organisé à Guwahati, dans l’Etat de l’Assam, à l’initiative de l’Eglise catholique. Elles se sont toutes engagées à travailler pour la paix dans cette région du nord-est indien où l’agitation ethnique et les troubles ont déjà causé des centaines de pertes de vies humaines.

Ces femmes qui représentaient plus d’une centaine d’ethnies ou de groupes ethniques ont discuté de tout ce qui trouble la paix dans les familles et dans la société. Durant l’Eucharistie, elles ont demandé pardon pour les crimes commis à l’encontre tant des individus que des communautés. “Je veux oublier mes craintes et mes préjugés“, a dit Nijira Basumatary, qui appartient au peuple bodo toujours en guerre avec les Santal (1), ajoutant qu’elle était convaincue que “seule une reconnaissance mutuelle et la tolérance pouvaient apporter la paixQuant à Magdalene, originaire de la région de Kokrajhar en Assam, elle a affirmé: Il appartient aux femmes de travailler pour la paix. Je veux travailler à bâtir une culture de paix“. Neetu et Babita, du diocèse de Tura, ont ajouté: “Cette rencontre a engendré l’enthousiasme et le désir de se consacrer à la cause de la paix et du progrès

Ce rassemblement des “Femmes pour la paix et le progrès” avait été décidé en septembre 1996, quand les évêques catholiques de la région et la Conférence des religieuses de l’Inde (CRI) s’étaient rencontrés pour discuter d’une possible initiative de paix conduite par des chrétiens. Le temps est venu pour les femmes de crier sur les toits ‘Arrêtez les tueries ! Les enfants ne sont pas mis au monde pour qu’ils soient torturés et massacrés’a déclaré l’archevêque salésien de Guwahati, Mgr Thomas Menamparampil à cette assemblée du 17-20 décembre. Il a aussi félicité les femmes pour leur “action dynamique” dans la lutte contre l’alcoolisme, la drogue, la corruption et le déboisement.

L’évêque luthérien, Nityananada Borguyari, a parlé de ses rencontres avec les Bodo et les Santal en lutte. Entre mai et juin 1996, les combats ont fait 300 morts et 300 000 sans-abri. La présidente de la CRI, Soeur Hazel D’Lima, a souligné le rôle des femmes dans le développement et a déploré l’augmentation des atrocités commises contre elles malgré les efforts de tous, tant au niveau national qu’international.

Le gouverneur de l’Etat d’Assam, S. K. Sinha, présent à l’ouverture de la session, a dit combien il espérait voir tous ces efforts couronnés de succès, parce que ce n’est que dans la paix que se réalise le progrèsQuant au premier ministre de l’Etat, Prafulla Kumar Mahanta, il a fourni une aide de 100 000 roupies (2 500 US$) et a demandé aux femmes de s’unir pour restaurer la paix dans la région en mobilisant l’opinion publique contre toute forme de violence.

Pour clore cette rencontre, les femmes, vêtues de leurs costumes traditionnels, ont chanté, dansé et défilé en portant des banderoles où on pouvait lire: “Nous croyons en la puissance d’action des femmes pour la paixLes sept soeurs ensemble“, et “Nous voulons la paix“.

Le christianisme n’a pas encore réussi à apporter la paix au Nagaland, au Mizoram ni au Meghalaya, les seuls Etats indiens dans lesquels les chrétiens sont majoritaires. Les observateurs disent que la violence provient des querelles inter-ethniques et des partisans de l’indépendance en lutte armée contre le gouvernement. Les groupes aborigènes, majoritaires dans les sept Etats de la région, représentent 3,55 % des 960 millions d’Indiens. Les rapports gouvernementaux mentionnent que les combats et le terrorisme ont fait 1 252 mort en 1996.