Eglises d'Asie – Corée du sud
Les catholiques coréens font face à leur manière à la crise économique
Publié le 18/03/2010
Il est arrivé que l’Eglise catholique s’engage à propos de décisions économiques mettant en cause la justice sociale. C’est ainsi que le 12 janvier dernier, le directeur du Fonds monétaire international, Michel Camdessus, a voulu rencontrer le cardinal Kim Sou-hwan pour s’entretenir avec lui de certaines conditions de l’aide accordée à la Corée pour sortir de la crise. Le prêt de 60 milliards de dollars proposé par l’institution internationale est, en effet, assorti d’un certain nombre de conditions, entre autres l’obligation de mettre en oeuvre un certain nombre de réformes. L’une d’entre elles consiste à faciliter les licenciements. Sachant que le cardinal était un ferme opposant de la légalisation des licenciements sans conditions, le directeur du FMI l’a assuré que l’institution dont il est responsable n’exigerait pas des licenciements mais une certaine flexibilité du marché du travail. Le cardinal a exprimé ses craintes de voir les pauvres supporter tout le poids de la crise. Le même jour, la commission “Justice et paix” de l’archidiocèse de Séoul et la commission pastorale pour le travail publiaient un communiqué commun soutenant une position analogue sur ce même sujet.
Beaucoup d’exhortations ecclésiales en ce temps de crise ont encouragé les catholiques à réduire leurs dépenses et à changer radicalement de comportement en matière de consommation. Le cardinal s’est adressé en ce sens à quelque 1 000 catholiques, le 20 janvier dernier, lors d’une eucharistie spéciale célébrée dans la cathédrale de Séoul pour soutenir une campagne catholique organisée sur le thème : “Surmonter la crise économiqueAprès la messe, Moses You Deok-hee, président du conseil de l’apostolat des laïcs a invité les catholiques coréens à s’engager dans la voie de l’économie. Il leur a conseillé de se contenter d’acheter des produits nationaux et de renoncer aux voyages à l’étranger. Les paroisses, elles aussi, devraient acheter sur place les vêtements liturgiques et les objets sacrés. Certaines habitudes développées dans les milieux catholiques sont aussi déconseillées tant que durera la crise, celle, par exemple, qui amenait les militants chrétiens à organiser, après une première réunion à l’Eglise, une seconde réunion au restaurant.
D’un point de vue plus pratique, les catholiques coréens ont aussi apporté une large contribution à la collecte lancée par la Banque du logement coréen et le réseau de radio-télévision, collecte destinée à recueillir des objets en or. Ceux-ci, échangés contre de l’argent coréen, sont fondus et transformés en lingots destinés à acheter des dollars, seuls capables de rembourser la dette nationale. La collecte a été soutenue par d’autres banques, des chaînes de télévision, et par plus de 40 associations civiles et religieuses. Dans le communiqué de presse destiné à lancer cette campagne, les organisateurs évoquent une collecte semblable organisée en 1907 pour rembourser la dette due au Japon. Dès le 13 janvier, plus de 800 000 familles dans tout le pays avaient apporté leur contribution. Le cardinal Kim lui-même est venu confier aux organisateurs de la collecte une clef et une tortue en or, objets reçus autrefois en cadeau. L’argent obtenu en remboursement sera reversé à un sanatorium catholique.
La plupart du temps, cependant, les interventions de l’Eglise se sont situées à un niveau plus pastoral et moral que social ou économique. Le jour de l’Epiphanie, Mgr Ignatius Pak Seok-hi, évêque d’Andong a, par exemple, appelé le peuple de Dieu à vivre cette crise en témoin de l’évangile, dans un esprit de pauvreté et en solidarité avec les plus nécessiteux. Il a appelé le clergé à pratiquer la pauvreté pratique et le détachement. Aux laïcs, il a demandé de rester un signe d’espérance pour leurs compatriotes touchés par la crise, et de témoigner de leur foi par leur honnêteté et leur sincérité.