Eglises d'Asie

Mindanao : les forces armées philippines assurent la sécurité de religieuses menacées d’enlèvement par des dissidents des forces du Front moro de libération islamique

Publié le 18/03/2010




Des lettres de menace rédigées par des bandits, dissidents des anciennes forces rebelles musulmanes, ont été envoyées à la trappe de Polomolok dans le Cotabato Sud, sur l’île de Mindanao. La première, reçue au mois de décembre 1997, réclamait une somme de trois millions de pesos (67 000 dollars), faute de quoi les religieuses étrangères résidant au couvent seraient enlevées. Une autre missive datée de la mi-janvier exigeait, elle aussi, une somme d’argent dont le montant n’a pas été spécifié. Actuellement dans ce monastère où ne réside qu’une soeur philippine, 9 religieuses étrangères sont hébergées : sept sont italiennes, une est portugaise, une autre est allemande. Elles font partie du groupe d’une douzaine de missionnaires étrangers travaillant actuellement dans la région du Mindanao, région habitée par une forte minorité musulmane.

Pendant un certain temps, il a été question de transférer le monastère dans l’île de Guimaras située au centre des Philippines. Ce projet a été abandonné depuis que l’armée des Philippines a accepté d’assurer la sécurité de la communauté religieuse. Le 23 janvier dernier, en effet, le colonel Delfin Lorenzana, interviewé par une radio locale, a annoncé que des soldats des forces spéciales des Philippines avaient reçu pour mission de veiller à la sécurité du monastère.

Selon des sources militaires, les lettres de menace auraient été signées par deux hommes, Tahir Alonto et un certain commandant Shotgun. Les deux sont des anciens rebelles musulmans qui, en 1994, ont rendu leurs armes aux forces gouvernementales dans l’espoir de recevoir la somme qui avaient été promise pour ce geste. La promesse n’ayant pas été tenue, les deux se sont tournés vers le grand banditisme. Ils ne sont pas les seuls. Un certain nombre de groupe d’anciens guérilleros originaires du Front Moro de libération islamique ou même du Front Moro de libération nationale, qui a signé un traité de paix avec le gouvernement en 1996, se sont reconvertis dans l’industrie du “kidnapping”, s’en prenant surtout aux commerçants chinois et aux étrangers vivant au Mindanao. En octobre dernier, un irlandais, l’administrateur apostolique de Marawi, Mgr Desmond Hartford avait été enlevé (3). Le mois suivant, c’était le tour d’un prêtre belge, Bernard Maes (4). Les deux avaient été libérés après négociations.

Le 22 janvier dernier, le secrétaire à la défense, Fortunato Abat, a demandé aux missionnaires chrétiens étrangers travaillant dans le sud des Philippines de contribuer à leur propre sauvegarde en évitant le plus possible de prendre des risques.