Eglises d'Asie

Manifestation pacifique pour le premier anniversaire de l’assassinat de l’évêque de Jolo

Publié le 18/03/2010




Plus de 6 000 chrétiens et musulmans ont manifesté pacifiquement sur la place de la ville de Jolo, le 4 février dernier, jour anniversaire de la mort de Mgr Benjamin de Jésus, assassiné devant sa cathédrale, l’église N.D. du Mont-Carmel, il y a un an (9). Devant les manifestants, le gouverneur de la province de Sulu, Abdukasur Tan, a inauguré une plaque portant cette inscription : “En ce lieu, l’évêque Benjamin de Jésus est tombé sous les balles de ses assassinsCe même jour qui coïncidait avec la fin du jeûne du Ramadan, une cérémonie interreligieuse à la mémoire de l’évêque a rassemblé des adeptes de toutes les religions. Par ailleurs, les chrétiens se sont réunis entre eux dans le cadre d’un service oecuménique pour le repos de l’âme de Mgr de Jésus. Des fleurs ont aussi été déposées sur sa tombe.

Selon un prêtre du diocèse, le P. Federico Labaglay, bien que la peur continue de régner dans le diocèse, les cérémonies d’anniversaire qui se sont déroulées dans le calme et la paix ont apporté un certain encouragement chez les catholiques de Jolo. D’autant plus que, selon les dires du prêtre, des éléments nouveaux sont venus contribuer à une meilleure intelligence du drame qui a eu lieu l’an dernier. Parmi eux, il y a le récit d’un témoin oculaire qui a noté la présence du neveu et des gardes du corps du maire de Jolo parmi les assaillants de l’évêque, le jour du crime. D’autres habitants de la ville suggèrent en privé l’implication du maire dans l’assassinat, mais personne ne veut en témoigner officiellement. Cependant le témoignage tardif rapporté plus haut a conduit à l’ajournement de la mise en accusation de Amman Hayudini et de son fils qui, en août dernier, avaient été désignés comme les assassins de l’évêque par le procureur, malgré les doutes publics exprimés par certains dirigeants d’Eglise à ce sujet.

Le vicariat apostolique de Jolo qui comprend l’archipel de Sulu et les 457 îles Tawi-Tawi est peuplé d’environ 600 000 habitants en grande majorité de religion musulmane. La minorité catholique ne représente que 2 % de la population. Une dizaine de prêtres est à son service. Selon les déclarations d’un chef de prières musulman, dans toute cette région, la prolifération d’armes détenues illégalement et l’augmentation du nombre d’extorsions et de vols créent un climat de violence particulièrement nuisible.