Eglises d'Asie

Réponse de l’épiscopat vietnamien en préparation du synode des évêques d’Asie

Publié le 18/03/2010




Les réponses de l’épiscopat vietnamien aux questions des “lineamenta”, destinées à préparer le synode des évêques d’Asie qui se tiendra à Rome en avril et mai 1998, auront été les plus tardivement connues (12). Elles sont pourtant loin d’être sans intérêt. Elles témoignent d’un réflexion théologique dont les évêques, eux mêmes, ont souligné le caractère anthropologique et existentiel. Elle s’est, en effet, appuyée à la fois sur l’enracinement de l’Eglise du Vietnam dans la culture et la tradition religieuse asiatiques en même temps que sur une situation actuelle profondément marquée par les événements historiques récents.

Concernant la situation de l’Eglise locale, les évêques expliquent que depuis que le communisme a étendu son pouvoir à l’ensemble du Vietnam en 1975, des limites ont été imposées aux actiovités des paroisses et des associations, à l’instruction religieuse et même à l’activité pastorale à tous les niveaux de la hiérarchieDans le domaine de l’évangélisation, l’Eglise a été privée de ses moyens matériels de travail, à savoir de ses écoles, de ses hôpitaux, autant d’institutions , soulignent les évêques qui lui appartenaient en propre. Aujourd’hui, les moyens de communications sont devenus le monopole de l’Etat. Dans ce contexte, continuent les évêques, les grandes entreprises telles que la création d’institutions ou encore l’organisation d’activités impliquant de grands rassemblements de foule deviennent suspects et sont considérées comme des manifestations de puissance

La contrepartie de cet état de fait est qu’une Eglise sans pouvoir s’approche plus aisément de tant d’hommes et de femmes qui ne demandent simplement que le droit de vivre, de quoi manger et de quoi se vêtir, la possibilité d’étudier et de trouver un emploi“. Les évêques vietnamiens désirent que l’Eglise adopte désormais une attitude humble et effacée, emploie les moyens les plus simples et les plus humbles, plus aisément acceptables par tous. Le mystère de Dieu fait homme, vivant au milieu de tous, partageant en toutes choses la condition humaineest le plus adapté à la terre asiatique, ont-ils conclu.

La réflexion de l’épiscopat vietnamien s’est aussi développée – c’est le deuxième volet de leur réponse – dans la ligne des traditions culturelles et religieuses de leur pays et de l’Asie. L’Eglise doit repenser l’évangélisation en fonction des anciennes traditions religieuses. Depuis un temps immémorial, trois grandes religions, le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, se sont épanouies dans notre pays, associées à des croyances populaires profondément enracinées en terre vietnamienne“. Les évêques ont souligné les valeurs traditionnelles en particulière harmonie avec l’esprit chrétien: Fidélité à l’égard de Dieu, piété vis à vis des parents et des ancêtres et amour pour tous. Cependant, la valeur de la cellule familiale, particulièrement menacée aujourd’hui par d’innombrables facteurs, est la plus précieuse. Le concept familial, tel qu’il est vécu au Vietnam est particulièrement à même d’inspirer une Eglise qui devrait se comporter comme la famille des enfants de Dieuplus que comme une hiérarchie. Sous l’éclairage familial, l’image de Jésus doux et humble de coeur, Jésus le fils, reflet de la pitié du Père, est une expression du “Hiêu” (piété filiale), beaucoup plus apte à toucher l’Asie que les images féodales du royaume.

Dans des remarques additionnelles, les évêques vietnamiens notent aussi que le document des “lineamenta” ne tient pas assez compte du travail de la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie) au cours des 25 dernières années, que sa présentation de l’Eglise est quelquefois paternaliste et qu’il manifeste une crainte exagérée de l’hérésie.