Eglises d'Asie

L’Eglise catholique a fait pression sur le président élu pour libérer les prisonniers de conscience

Publié le 18/03/2010




Dès avant que le président élu Kim Dae-jung n’assume officiellement ses fonctions, le 25 février, divers groupes de pression sont intervenus pour qu’il mette en application les promesses faites par lui dans le domaine des droits de l’homme (6). C’est ainsi que cinq membres de la Conférence des organisations pour les droits de l’homme en Corée du Sud, reçus par le président le 2 février dernier, l’ont entretenu de divers problèmes relatifs au système judiciaire et aux droits de l’homme. Ils lui ont demandé l’abolition de la peine capitale et l’abandon du projet de carte d’identité informatisée.

Parmi les membres de la délégation, se trouvait le P. Matthias Kim Seung-hoon, représentant permanent des catholiques au sein de cette Conférence. Il a remis au président une liste de 529 prisonniers politiques et lui a demandé d’accorder une considération spéciale aux étudiants recherchés par la police. Son interlocuteur lui a promis d’étudier très sérieusement cette question dès qu’il recevrait l’investiture présidentielle.

A cette occasion, le P. Kim a transmis au président une lettre personnelle du cardinal Stephen Kim Shou-hwan, archevêque de Séoul, insistant sur la nécessité de prendre des mesures progressives d’amnistie en faveur des prisonniers de conscience. Le cardinal a attiré l’attention du président sur les prisonniers dont la libération a été proposée par le Comité catholique des droits de l’homme, spécialement 12 personnes dont il a cité les noms. Parmi elles, se trouve le poète Kasbar Park No-hae, ancien juriste et président du Mouvement des cultivateurs catholiques, et les Pakistanais, Mohamad Ajaz et Amir Jamil, tous deux condamnés à mort pour un meurtre qu’ils ont nié avoir commis lors d’un procès controversé. Dans sa lettre, le cardinal a évoqué l’expérience personnelle du président qui, lui aussi, a séjourné dans les prisons coréennes. En conclusion, le cardinal Kim a fait valoir au futur chef de l’Etat que la libération des prisonniers de conscience annoncerait le début d’une ère nouvelle tant désirée par le peuple coréen.

Le 9 février, à l’issue d’une réunion de prière, l’Association des prêtres pour la justice a exprimé ses inquiétudes concernant les conditions qui seraient associées à une éventuelle amnistie décrétée à l’occasion de la prise de pouvoir du nouveau président. Selon certains rapports, ils serait demandé aux prisonniers de conscience, accusés de communisme ou de pro-communisme, de renoncer publiquement à leurs convictions pour être libérés, même s’ils ont achevé leur peine. Cette exigence a été condamnée par l’association comme une violation de la liberté personnelle.

D’ores et déjà, ces interventions ont porté du fruit puisque l’équipe de transition assurant actuellement la présidence du pays a fait connaître, le 21 février dernier, que l’on envisageait la libération de tous les prisonniers incarcérés depuis plus de trente ans sous l’inculpation de communisme et de connivence avec la Corée du Nord (7). Cependant, a-t-on fait remarquer, la décision finale appartiendra au ministre de la Justice du gouvernement mis en place après la prise de fonction de Kim Dae-jung.