Eglises d'Asie

Les catholiques indiens accompagnent de leurs prières le vote de leurs compatriotes, alors qu’en certains Etats la violence se déchaîne

Publié le 18/03/2010




Le 16 février, la plus grande démocratie du monde a vécu le premier jour de ses élections nationales: 55 % des 250 millions d’électeurs du pays, dans 222 des 544 circonscriptions électorales, sont allés déposer leurs bulletins dans les urnes. Ce même jour, les chrétiens de New Delhi, du Kerala et de beaucoup d’autres lieux en Inde, ont tenu à soutenir leurs compatriotes de leurs prières pour que leur pays traverse sans trop de mal cette période génératrice de troubles et de violences. Dans les 38 paroisses de l’archidiocèse de Delhi, les catholiques ont participé à l’adoration du Saint sacrement exposé dans les églises à partir de cinq heures du matin; ils ont suivi très nombreux les réunions de prières organisées par le “Renouveau charismatique”. Des messes ont été célébrées dans la banlieue de Delhi, qui ont attiré plus d’affluence que les messes dominicales. Ce même jour, à Potta, un centre de renouveau charismatique du Kerala, au sein d’une assemblée biblique, quelque 300 000 personnes priaient ensemble pour le succès des élections.

S’exprimant dans la cathédrale du Sacré Coeur de Delhi, où il était venu participer à la prière, l’archevêque, Mgr Alan de Lastic, a dit l’inquiétude de l’Eglise devant les nombreux heurts violents qui s’étaient déjà produits. Il a demandé aux partis politiques d’abandonner les haines et de travailler dans l’harmonie.

Les prières des chrétiens étaient d’autant plus ferventes que durant toute la période préélectorale et même le premier jour des élections, la violence s’est donné libre cours en un certain nombre d’Etats, particulièrement dans le nord-est de l’Inde. Elle s’est plus particulièrement déchaînée dans l’Etat de Tripura, frontalier du Bangladesh et de la Birmanie. Dans cet Etat gouverné par les communistes et où habitent près de 150 000 chrétiens, appartenant pour la plupart à des minorités ethniques, les mouvements autonomistes se sont opposés aux élections. De nombreux heurts et exactions ont eu lieu dans la semaine précédant les élections. On a dénombré 36 morts. Dans le Manipur où existe une situation assez semblable avec 1,8 millions de personnes appartenant à des minorités ethniques et 34 % de chrétiens au sein de la population, le Conseil socialiste national avait appelé au boycott des élections. Des militants ont brûlé les registres électoraux dans le district de Senapati. Dans une circonscription électorale de l’Assam où les partis des minorités ethniques avaient aussi demandé le boycott, l’assassinat du candidat communiste a obligé à annuler les élections. Les élections ont été plus pacifiques dans l’Arunachal Pradesh et quelques autres Etats.

Les 14 et 15 février, à la veille des élections, dans une autre partie de l’Inde, et pour des raisons autres, Coimbatore, dans le Tamil Nadu, avait été le théâtre de 15 explosions successives en 15 lieux différents, tous des endroits très fréquentés. On a dénombré 46 morts et plus de 200 blessés. Ces actes terroristes visaient peut-être le président du BJP (Bharatiya Janata Party) qui devait s’adresser au public dans un des lieux où ont eu lieu les explosions.