Eglises d'Asie

Une lettre émanant des milieux du bouddhisme unifié met en cause la nature et le rôle du Bureau des Affaires religieuses

Publié le 18/03/2010




Une lettre ouverte (12) vient d’être envoyée au premier ministre, Phan Van Khai, par le vénérable Thich Thiên Khai, au nom de l'”Association monastique pour la protection du Dharma au Vietnam”, organisation qui s’est donné pour objectif la défense du bouddhisme unifié (13). Elle met en cause la politique religieuse poursuivie aujourd’hui par le Bureau des Affaires religieuses, particulièrement celle qu’il a ouvertement exposée lors du dernier congrès annuel de l’Eglise bouddhiste officielle, le 22 novembre dernier à Hanoi (14).

La lettre commence par dénier au Bureau des Affaires religieuses, une organisation dirigée par des communistes qui s’affirment athées et opposés à toute religion, la compétence nécessaire pour comprendre et diriger les divers mouvements religieux. Le Bureau des Affaires religieuses, pour cette raison, n’a, depuis vingt ans, jamais réglé un seul problème religieux mais au contraire creusé un abîme entre les religions et le gouvernement, affirme la lettre. Lors du congrès de novembre à Hanoi, le nouveau directeur des Affaires religieuses M. Lê Quang Vinh, avait déclaré: “… Il n’y a qu’une organisation légale reconnue par l’Etat, l’Eglise bouddhiste vietnamienne. Tous les individus, les organisations de nom bouddhiste menant leurs activités en dehors de l’Eglise bouddhiste du Vietnam ou contrairement à la constitution et au règlement de cette Eglise sont dans l’illégalité et doivent être résolument éliminés“. L’auteur de la lettre s’élève contre cette déclaration dont le langage est tout simplement terroriste. Mais il ne s’agit pas seulement d’une menace verbale puisque selon le vénérable Thich Thiên Khai, 3 000 policiers auraient pris l’habit monastique et se seraient introduits dans les rangs des religieux bouddhistes pour mieux les détruire de l’intérieur.

La lettre ouverte au premier ministre attaque également une décision prise par l’Eglise bouddhiste de Hô Chi Minh Ville et confirmée par le gouvernement, interdisant aux moines la mendicité, pourtant traditionnelle dans le bouddhisme. Les raisons alléguées sont l’élimination du fléau de la mendicité illégale et la préparation du 300ème anniversaire de la fondation de Hô Chi Minh-Ville. Selon le vénérable Thich Thiên Khai, interdire aux moines de demander l’aumône, c’est vouloir effacer l’image publique de la “compassion” bouddhique. Cette interdiction grossière est une preuve d’inculture. L’image du moine mendiant fait partie intégrante des pays de culture bouddhiste et n’a pas à être effacée sous prétexte de propreté de la ville.

Pour terminer, la lettre rappelle les paroles critiques prononcées par celui qui est pourtant le patriarche de l’Eglise officielle, lorsque des dirigeants communistes sont venus lui apporter leurs voeux à l’occasion de la nouvelle année lunaire: Les cadres, a-t-il dit, n’ont pas encore compris le mode de vie religieux dans certaines provinces, subsistent pour cela des difficultés. Les cadres chargés de l’action religieuse ne savent pas ce qu’est la religion, ce qui les conduit à confondre bouddhisme et superstition. En certains endroits, les cadres sont autoritaires et arrogants avec les religieux“.