Eglises d'Asie

Après avoir reçu l’accord du gouvernement, Mgr Jean-Baptiste Pham Minh Mân est nommé archevêque de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Le 9 mars 1998, le bureau de presse du Vatican a annoncé officiellement la nomination

de Mgr Jean Baptiste Pham Minh Mân au poste d’archevêque de Hô Chi Minh-Ville. Une semaine plus tôt, dans la matinée du 1er mars, on avait appris qu’un accord sur cette nomination avait été conclu au cours de négociations entre les autorités vietnamiennes et une délégation du Saint-Siège en mission au Vietnam du 22 avril, date de son départ de Rome, au 1er mars, date de son retour (8). Le surlendemain 3 mars, le gouvernement vietnamien avait confirmé cet accord: “Le gouvernement vietnamien ne voit pas d’obstacle à cette nomination“, avait indiqué un porte-parole du bureau des Affaires religieuses.

Un très court laps de temps se sera donc écoulé entre cet accord et la nomination officielle de Mgr Jean Baptiste Pham Minh Mân, candidat du Saint-Siège à ce poste depuis plus d’un an. Le nouvel archevêque de Saigon était jusqu’aujourd’hui évêque coadjuteur de My Tho. Originaire de Ca Mau, ordonné prêtre en 1965, il a fait des études universitaires aux Etats-Unis avant 1975. Longtemps enseignant et supérieur du séminaire de Can Tho, il a été nommé évêque coadjuteur de My Tho au mois d’août 1993. Il est aujourd’hui âgé de 64 ans.

Cette nomination met un terme à une très longue vacance du siège, accompagnée tout au long de ces dernières années, de très fortes tensions entre le Saint-Siège et le gouvernement vietnamien. Celles-ci avaient commencé en 1975, au moment du changement de régime, avec la nomination par Rome de Mgr Nguyên Van Thuân au poste d’archevêque coadjuteur de Saigon, nomination refusée par les autorités de l’époque qui avaient non seulement renvoyé l’archevêque nommé hors de la ville mais lui avaient infligé treize ans de prison, rééducation et résidence surveillée. Le conflit a repris, lorsqu’en août 1993, la nouvelle d’une aggravation de la maladie de Mgr Nguyên Van Binh, força le Saint-Siège à nommer un administrateur apostolique pour le diocèse de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Huynh Van Nghi, évêque de Phan Thiêt. Celui-ci n’a jamais été accepté par le gouvernement vietnamien qui, dès le début, a dénoncé dans sa nomination une manoeuvre du Vatican pour imposer Mgr Nguyên Van Thuân à Hô Chi Minh-Ville. Le refus du gouvernement s’est exprimé avec beaucoup de violence et quelquefois d’injustice pour les personnes. En novembre 1994, Mgr Nguyên Van Thuân fut nommé à la Commission “Justice et paix”, à Rome, ce qui laissait le champ libre à la négociation. Plusieurs candidats du Saint-Siège ont été refusés au cours de ces dernières années. Mgr Mân, lui-même, que le Saint-Siège avait déjà proposé l’an dernier, n’avait pas reçu l’approbation des autorités, qui ont fait savoir à Rome, il y a quelques semaines, qu’elles étaient revenues sur leur refus.

Au cours des derniers entretiens, les deux parties sont tombées d’accord sur deux autres points. Le gouvernement a accepté la nomination de Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, jusqu’ici administrateur apostolique, au titre d’archevêque du diocèse de Huê, nomination confirmée officiellement par le SaintSiège le 9 mars 1998. Le bureau des Affaires religieuses n’a pas opposé d’objection à ce que la charge du diocèse de Lang Son soit confiée au cardinal Paul Pham Dinh Phung, de Hanoi, qui en devient administrateur apostolique. Ce diocèse situé à la frontière chinoise ne comptait, en 1996, que 5 000 fidèles, un évêque affaibli par la maladie et un prêtre âgé de 94 ans.

Selon des sources vietnamiennes, les responsables des Affaires religieuses ont promis d’étudier deux autres propositions, l’une pour le poste de coadjuteur du diocèse de Hanoi, l’autre au poste d’évêque de Phu Cuong. Ils ont, par contre, refusé deux candidats proposés par le Saint-Siège : l’un devait être évêque coadjuteur du diocèse de Bui Chu, l’autre, coadjuteur du diocèse de Da Nang. C’est la deuxième fois que ces propositions se heurtent au refus du gouvernement. Mgr Migliori, sous-secrétaire pour les relations avec les Etats, chef de la récente délégation au Vietnam, a déclaré à Radio Vatican, que les récents entretiens avec les autorités vietnamiennes avaient été couronnés de succès, bien que dans le passé, les relations entre les deux parties aient été difficiles. Si les autorités ont changé d’attitude, a ajouté Mgr Migliore, c’est peut-être parce qu’il s’est rendu compte de la contribution matérielle et spirituelle apportée par l’Eglise à la société vietnamienne.