Eglises d'Asie

Bien que reconnus coupables d’avoir violé la loi, le P. Sumardi et son frère sont acquittés

Publié le 18/03/2010




Bien que déclarés coupables d’avoir donné asile à trois militants recherchés par la police, le P. Ignatius Sandyawan Sumardi et son frère, Benito Sumardi, ont été acquittés le 21 mars 1998 par le tribunal du district de Bekasi. Avant l’acquittement, les juges avaient déclaré qu’il était indéniable que les deux frères avaient accueilli des militants soupçonnés d’être les instigateurs des émeutes sanglantes du 27 juillet 1996 à Jakarta, et qu’ils avaient omis de signaler leur présence chez eux aux agents de la sécurité. Cependant, les juges ont tenu compte du fait que les inculpés avaient agi pour des motifs humanitaires et dans une situation d’urgence. Les trois militants accueillis étaient pourchassés par la police qui avait l’ordre de les abattre sans sommation (11). Les juges ont fait remarquer que, en tant que prêtre, le P. Sumardi est soumis au devoir moral de se porter au secours des personnes en danger. Il jouit, de ce fait, d’une espèce d’immunité professionnelle.

Le jour où a été prononcé l’acquittement du P. Sumardi, une foule d’un millier de personnes, composée d’avocats et de militants sociaux, s’était massée devant le tribunal de Bekasi. Elle a accueilli le jugement avec des applaudissements nourris et des cris de joie. On a entendu : Vive Sandyawan Une petite fille musulmane est allée porter une couronne de fleurs au P. Sumardi. Interrogé sur ce verdict, le juge principal, Den Sjarfuni, a déclaré que lui et ses trois autres confrères avaient prononcé cet acquittement en accord avec leur conscience et avec les dispositions de la loi. Il a ajouté: Si ce verdict devait avoir des conséquences pour nous dans l’avenir, nous sommes disposés à les assumer“.

Le P. Sumardi, au sortir du procès, a révélé à la presse qu’il se préparait à aller en prison et que l’acquittement avait été une surprise complète pour lui et son frère. Ce jugement, a-t-il déclaré, donne de l’espoir aux militants qui luttent pour la démocratie et pour une justice honnête en ce pays. Nous avons pu constater qu’il existe des juges qui osent se prononcer en fonction de leur conscience et des dispositions de la loi“.

Les trois militants accueillis par le P. Sumardi dans la maison de son frère et aujourd’hui en prison étaient soupçonnés d’être les organisateurs des violentes émeutes qui avaient éclaté à Jakarta, le 26 juillet 1996. Celles-ci avaient été provoquées par les manoeuvres gouvernementales visant à diviser le parti d’opposition PDI (Partai Demokratik Indonesia), dirigé jusque là par Megawati Sukarnoputri. Notamment, quelque temps auparavant, la police avait appuyé un coup de force de la tendance pro-gouvernementale du parti, qui s’était emparée des locaux du parti et avait imposé un président illégalement élu.