Eglises d'Asie

La Malaisie et Singapour prennent des mesures draconiennes pour empêcher d’éventuels réfugiés indonésiens de débarquer sur leurs côtes

Publié le 18/03/2010




La Malaisie et Singapour ont décidé depuis quelques semaines de renforcer notablement les contrôles sur leurs frontières maritimes, ainsi que sur les chantiers et les lieux de rassemblement habituels des travailleurs immigrés, par crainte d’une vague d’immigration illégale en provenance d’Indonésie. Les deux gouvernements ont solennellement rappelé que les sanctions à l’encontre des immigrants illégaux, de ceux qui leur donnent asile, et des passeurs sont très sévères dans les deux pays.

Le problème des immigrants illégaux en provenance de l’Indonésie inquiète notre gouvernement depuis plusieurs années, a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur singapourien au début du mois de mars 1998. Il a ajouté que la situation va devenir encore plus sérieuse dans la mesure l’économie indonésienne continue de se détériorer, et de plus en plus d’immigrants indonésiens essaieront de pénétrer illégalement à SingapourL’Indonésie, qui compte 200 millions d’habitants, connaît en effet une crise économique et financière d’une ampleur inégalée depuis trente ans. Certaines régions du pays sont frappées par la famine et, dans les mois qui viennent, des millions d’Indonésiens vont se retrouver au chômage.

Les autorités de Jakarta ont noté que des milliers d’Indonésiens tentent de partir vers la Malaisie depuis quelques semaines. Beaucoup d’entre eux ont été interceptés et renvoyés chez eux. Elles font remarquer aussi que le voyage en bateau entre l’Indonésie et la Malaisie ou Singapour est plutôt dangereux et que, selon des sources non confirmées, plusieurs bateaux auraient coulé récemment en tentant la traversée. Par ailleurs les fonctionnaires stationnés aux points de départ éventuels sur la côte de l’île de Sumatra ont déclaré qu’ils n’avaient aucun moyen légal d’empêcher des bateaux de quitter les ports.

Les chiffres officiels ne sont pas disponibles, mais on estime habituellement que des milliers d’Indonésiens travaillent déjà légalement à Singapour comme employées de maison ou dans la construction. En Malaisie, 600 000 Indonésiens possèdent un permis de séjour et de travail. 11 000 environ se trouvent dans des camps de détention parce qu’ils sont entrés illégalement dans le pays.

Au cours de la première semaine de mars 1998, les autorités malaisiennes se sont inquiétées de la brusque augmentation des arrestations pour entrée illégale : sur une période de deux semaines, 3 036 personnes ont été arrêtées, alors que pour toute l’année 1997, 8 833 seulement l’avaient été. Selon Yusof Mohamad Said, directeur-adjoint du département de la sécurité au ministère de l’Intérieur malaisien, environ 70% de ceux qui ont été arrêtés au cours de ces deux semaines sont Indonésiens.

A Singapour, les sanctions à l’encontre des immigrants illégaux sont particulièrement sévères puisque ceux-ci peuvent être condamnés à six mois d’emprisonnement et trois coups de canne avant d’être expulsés du pays. De son côté, la police malaisienne a demandé que l’on utilise l’Acte de sécurité interne, qui permet la détention sans jugement, à l’encontre des passeurs et des faussaires qui vendent des cartes d’identité. Les autorités policières malaisiennes voudraient aussi que les sanctions prévues contre les immigrants illégaux soient rendues plus sévères.

Singapour craint aussi, officiellement, une augmentation de la criminalité en 1998 à cause des étrangers qui viennent dans la cité-Etat en raison des difficultés économiques de leurs pays respectifs. Un des scénarios possibles, selon Khoo Boo Hui, patron de la police singapourienne, est que le chômage dans les pays voisins force beaucoup de citoyens de ces pays à venir à Singapour, et que quelquesuns d’entre eux s’adonnent à la délinquanceSelon le porte-parole de la police, les Indonésiens forment le deuxième groupe d’étrangers le plus important parmi ceux qui ont été condamnés pour divers délits à Singapour en 1997.

D’autres voisins de l’Indonésie se montrent moins inquiets. Nous observons la situation attentivement, mais rien n’indique à ce stade qu’un exode de réfugiés indonésiens vers l’Australie soit en préparationa déclaré un porte-parole du département australien de l’immigration. En Thaïlande, les autorités indiquent que leur problème est surtout celui des entrées illégales de citoyens birmans. Quant aux autorités philippines, elles n’ont pas eu connaissance d’arrestations sur le territoire national d’immigrants illégaux en provenance d’Indonésie.