Eglises d'Asie

Le vice-premier ministre affirme le rôle positif de la religion pour combattre les fléaux sociaux

Publié le 18/03/2010




L’agence de presse officielle du Vietnam (18) vient de donner un retentissement, sans doute voulu, aux propos tenus, le 17 mars 1998, lors d’une conférence nationale du Bureau des Affaires religieuses, par le plus jeune membre du Bureau politique, Nguyên Tân Dung, qui est aussi vice-premier ministre chargé de l’économie. Il a en particulier mis en garde le Parti et l’Etat contre les injustices commises par eux à l’égard des adeptes des diverses religions, ajoutant aussi que les préjugés défavorables aux croyances sont générateurs de divisions dans le pays.

Nguyên Tân Dung a souligné le rôle social que peut jouer la religion au Vietnam en affirmant que la mise en pratique de l’enseignement religieux pouvait contribuer à l’élimination de divers fléaux qui sévissent aujourd’hui dans le pays. Contrairement à ce qu’avancent certaines agences de presse, cette mise en relief du caractère positif du sentiment religieux n’est pas nouvelle. Déjà, en novembre 1990, alors que la première délégation du Saint-Siège, venue négocier avec le gouvernement vietnamien, était en visite dans le centre du pays, le Bureau des Affaires religieuses faisait savoir à un groupe d’évêques (19) que La religion n’est pas un épiphénomène, mais une réalité qui doit être prise en compte20), et que le Parti et l’Etat reconnaissent le rôle des religions pour le maintien et le progrès de la vie morale des citoyens dans la société(21). Repris dans le rapport politique du 7ème congrès qui avait affirmé : la morale religieuse comprend de nombreux éléments particulièrement accordés à l’oeuvre d’édification d’une société nouvelle(22), ce point de vue avait été pratiquement abandonné ces temps derniers.

Dans sa déclaration, Nguyên Tân Dung, laisse entendre que les croyants ont été les victimes de graves injustices et que celles-ci contribuent à creuser un écart entre le Parti et le gouvernement, d’un côté, et la population, de l’autre. Par contre, le communiqué de l’agence Vietnam Presse affirme que, dans les régions où la politique religieuse a été appliquée correctement, où les intérêts des croyants ont été respectés, la population s’est soumise aux directives du gouvernement, a travaillé au renforcement de l’unité et a aidé les autorités en dénonçant les tentatives des ennemis utilisant la religion pour diviser le peuple et saboter la Révolution(23). Le vice-premier ministre a même affirmé que dans certaines zones du pays, les adeptes des religions ont contribué de façon significative au maintien de la stabilité sociale. Il est difficile de penser que ces observations sont sans rapport avec les manifestations survenues dans la paroisse de Tra Cô en novembre 1997.

Nguyên Tân Dung, âgé de 49 ans, originaire de la Cochinchine, est le premier vice-premier ministre, chargé de l’économie et des Affaires intérieures. Il a longtemps été considéré comme l’étoile montante du Parti, représentant d’une nouvelle génération de technocrates plus compétents et faisant preuve d’une relative ouverture d’esprit. Lors du Congrès de 1996, il est entré au Bureau politique où il a pris place au Comité permanent, organe suprême de décision qui comprend seulement cinq membres. Il y a été chargé des questions économiques et sociales. Il a aussi reçu la responsabilité de la commission économique du Comité central. Cependant, lors des remaniements qui ont accompagné la nomination de Lê Kha Phiêu au poste de secrétaire général, au début du mois de janvier 1998, il a été écarté du Comité permanent du Bureau politique sans que soit fournie une quelconque explication.